Mickelson s'offre un triplé

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Laurent DUYCK , modifié à
GOLF - Phil Mickelson a remporté pour la troisième fois le Masters d'Augusta.

GOLF - Phil Mickelson a remporté pour la troisième fois le Masters d'Augusta. Non, Tiger Woods n'aura pas réussi l'incroyable pari de gagner le Masters 2010 pour son retour à la compétition après cinq mois d'abstinence destinés à remettre de l'ordre dans sa vie privée. Qu'importe, le peuple américain, qui a accompagné pendant quatre jours le long chemin de croix de son gendre idéal, aujourd'hui en quête d'une virginité toute neuve, a de quoi broder une autre belle histoire autour de ce premier Majeur de l'année. Celle de l'autre enfant chéri des Etats-Unis, Phil Mickelson, ce gaucher un peu grassouillet, Américain moyen par excellence, amateur de poker qui a longtemps porté l'étiquette de perdant magnifique, vainqueur dimanche de son troisième Masters, un an après avoir fait pleurer dans les chaumières en révélant les cancers des deux femmes de sa vie, son épouse et sa mère. Opérée au coeur de l'été 2009 mais toujours fragile, Amy, cette jolie blonde à filer des complexes aux ménagères américaines, était bien là, au bord du green du 18 pour recevoir le bisou du vainqueur de la part de son champion de mari ému aux larmes. Si l'US Open, où il a échoué l'année dernière pour la cinquième fois de sa carrière à la deuxième place, continue de se refuser à lui, le Masters reste pour « Lefty » un jardin d'Eden, un temple dans lequel il a gagné son premier Majeur en 2004 avant de récidiver en 2006, gagnant entre temps l'USPGA. Avec une troisième veste verte dans son placard, Mickelson rejoint Jimmy Demaret (1940, 1947, 1950), Sam Snead (1949, 1952, 1954), Gary Player (1961, 1974, 1978) et Nick Faldo (1989, 1990, 1996) parmi les triples vainqueurs du tournoi. Woods, du bon et du moins bon Idéalement placé en embuscade à un coup de Lee Westwood à la veille du quatrième et dernier tour, le n°3 mondial a fait preuve de patience dimanche, ne signant son premier birdie qu'au 8 après sept pars de rang, avant de gagner au prix d'un panache héroïque son paradis sur l'Amen Corner, cet enchaînement de trois trous du 11 au 13, et plus précisément sur cette troisième épreuve, un par 5 exigeant sur lequel il a sorti de son sac un coup de fer depuis les arbres comme on bluffe au poker. Si l'eagle pourtant promis n'était pas au rendez-vous, l'ascendant psychologique sur Lee Westwood, auteur de deux birdies pour trois bogeys à l'aller, était pris. Epoustouflant de justesse, à 50 ans passés, sur les neuf premiers trous, Fred Couples avait lui déjà disparu de la liste des prétendants à la victoire finale, la faute à une balle abandonnée dans l'eau au 12, pour un vilain double-bogey à la sortie qui faisait suite à un bogey au trou précédant. La belle mécanique de K.J. Choi s'est elle enrayée sur les trous 13 et 14, quittés avec un bogey dans chaque poche. Parti de trop loin en dépit d'une charge homérique, rythmée d'un eagle et de six birdies pour un seul bogey, Anthony Kim ne jouait lui plus que sa place sur le podium. Quant à Woods, dont l'Amérique s'était prise à croire à un retour triomphal après deux premiers tours plein de maîtrise, il a alterné le pire et le meilleur lors de cette dernière ronde, effaçant trois bogeys en cinq trous par un eagle et deux birdies aux 7, 8 et 9, puis un horrible trois putts à 1m50 du trou au 15 par deux autres birdies et un nouvel eagle, son quatrième de la semaine, un record, sur ses neuf derniers trous de la semaine. Au final, une carte de 69 de toutes les couleurs qui ne lui aura pas permis de jouer la gagne, échouant au quatrième rang en compagnie de K.J. Choi avec lequel il aura passé ces quatre jours de rédemption, mais la satisfaction d'avoir expié en partie ses péchés. Pas assez consistant lors de ce dernier tour, conclu en 71, Westwood entretenait l'espoir d'une première victoire dans un Majeur jusqu'au dernier trou à la faveur d'un dernier birdie au 17. Mais Mickelson, d'un par au 17, puis d'un birdie au 18, ne craquait pas au moment de conclure, se réservant pour les bras de son épouse. L'épilogue d'un Masters 2010 chargé d'histoire.