Mermoz: "On est en progression"

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Propos recueillis par Thomas SINIECKI , modifié à
Lancé comme ses coéquipiers dans une période d'intense préparation physique en vue du Mondial, Maxime Mermoz est en stage avec le XV de France au Chambon-sur-Lignon, depuis le 8 juillet. En pleine possession de ses moyens, après avoir été ménagé par précaution mercredi et jeudi, le centre perpignanais croque à pleines dents ces moments privilégiés où les Bleus sont aussi en train de se forger un mental.

Lancé comme ses coéquipiers dans une période d'intense préparation physique en vue du Mondial, Maxime Mermoz est en stage avec le XV de France au Chambon-sur-Lignon, depuis le 8 juillet. En pleine possession de ses moyens, après avoir été ménagé par précaution mercredi et jeudi, le centre perpignanais croque à pleines dents ces moments privilégiés où les Bleus sont aussi en train de se forger un mental. Maxime, avant toute chose, prenons des nouvelles de votre santé et de cette tension musculaire à une jambe qui a conduit à vous ménager à l'entraînement mercredi et jeudi. Où en êtes-vous ? Ça va, j'ai repris. A la fin de l'entraînement mardi soir, ça me tirait un peu derrière le psoas, en haut, mais rien de grave du tout. C'était une légère contracture, et vu qu'on est sur la corde tous les jours et qu'il faut calmer au moindre pépin, j'étais au repos mercredi. Jeudi, je ne sentais plus rien mais on a préféré ne pas forcer dessus, vu qu'on s'entraîne dur tous les jours. J'ai repris normalement vendredi. J'ai pris un petit coup dimanche dans un regroupement, Millo-Chluski plaque et me fauche en tournant autour d'un joueur. Il me tape en plein dans la cuisse, ça fait un peu mal mais c'est ce qu'on a tout le temps. N'est-ce pas trop handicapant de manquer des séances, même quelques-unes, alors que le programme concocté par Marc Lièvremont a l'air savamment dosé ? Non, parce qu'on va au maximum de ce qu'on est capable de faire tous les jours. Avoir un jour, un jour et demi de récupération, ça permet de se régénérer et d'être un peu plus en forme deux jours après. Surtout que jeudi, j'ai quand même travaillé différemment, sur le haut et le bas du corps, même si c'était sans forcer. Avec la charge de trois semaines de travail, manquer un jour ou deux, ce n'est pas du tout un handicap. Vu ce qu'on s'envoie tout le temps, tous les jours, on n'a pas le temps de perdre quoi que ce soit. Justement, où en est l'équipe ? Ce stage au Chambon a-t-il permis de diminuer un peu le travail physique ? Au contraire, on nous a organisé un raid en arrivant et c'était encore pire. Après, le cadre était différent, on s'est retrouvé entre nous le soir, autour d'un feu. On était au refuge, on dormait dans des tentes. C'est agréable, parce qu'on souffre, on sait qu'on y va pour ça mais c'est toujours sympa de découvrir une nouvelle région. A notre hôtel, c'est super, il y a de l'activité aussi. On ne peut que prendre du plaisir. Avec cette transition, on fait exactement la même chose qu'à Marcoussis au niveau terrain et physique, mais on a peut-être un peu mieux digéré déjà. On arrive à augmenter les poids, la musculation, et on arrive à raccourcir les temps de récupération. On voit et on sent qu'on est en progression. Comment sentez-vous le groupe depuis le début du stage ? Et vous, comment vous sentez-vous ? Les rôles de chacun se sont mis en place naturellement, les leaders sur le terrain et en dehors. Après, le plus important, c'est de trouver sa place au sein du groupe, se sentir bien, et pour l'instant c'est le cas. On est bien avec la plupart des mecs, on a une ouverture d'esprit et on sait qu'on a un gros programme, qu'on va passer du temps ensemble. Il y a beaucoup d'échanges entre nous. Pourvu que ça dure, parce que c'est ce qui nous permettra d'être plus à l'aise sur le terrain pour travailler. S'il y a des activités ludiques, c'est très ponctuel et je trouve que c'est bien vu de la part de Jo Maso. Contrairement à ce qu'on peut croire de l'extérieur, on n'est pas en colonie de vacances. Parfois, c'est bien de s'aérer l'esprit en jouant aux cartes, on n'est pas des machines. On peut avoir des journées qui commencent à 7 heures, avec deux entraînements le matin puis deux ou trois autres l'après-midi. Comme en club, il y a ensuite des périodes un peu plus libres. Ça permet à chacun de souffler, mais on n'est pas là pour faire du tourisme et visiter. On est content qu'il y ait du contact avec le public, mais on est vraiment là pour préparer un gros événement. "Une aventure humaine exceptionnelle" Vous parliez des affinités entre les joueurs. Avec Nicolas Mas, Guilhem Guirado et David Marty, vous êtes quatre Perpignanais dans le groupe. C'est important d'avoir des coéquipiers de club avec soi, dans une préparation aussi longue ? Sûrement. Mais pour la plupart, on s'est côtoyé soit en club avec les Toulousains, soit en équipes de jeunes. Ça fait aussi trois, quatre ans qu'on est ensemble en équipe de France. Evidemment, c'est toujours un plus d'avoir des gars du club, mais au final, c'est peut-être avec eux que je suis le moins. Les Toulousains ne restent pas dans leur coin, par exemple. Sur la première semaine ou les premiers jours, naturellement, on se rapproche de ses coéquipiers de club. Mais très vite, le club, c'est nous qui le créons, et on fait tous partie du même pour un moment. Bien sûr, on prend des nouvelles de nos clubs respectifs, on échange, mais on ne ressent pas trop le fait que chacun vienne d'horizons différents. Comme on a beaucoup de temps, ça se libère vite. Vous parliez aussi tout à l'heure du public, qui est venu en masse au Chambon. Avez-vous besoin de cet engouement populaire ? Le soutien, je ne sais pas si on en a besoin. Ça fait toujours plaisir, mais on a été habitué pendant les deux premières semaines à s'entraîner dur à Marcoussis, où les spectateurs étaient des intendants. Il y a eu peut-être un ou deux entraînements ouverts, mais plutôt avec des journalistes. Après, c'est vrai que le public, c'est peut-être un facteur de motivation supplémentaire, au moins sur le moment. Quoi qu'on en dise, quand on a 2 000 ou 3 000 personnes pour un entraînement, ça donne envie d'être le plus appliqué possible. Il y a beaucoup de physique, c'était notre deuxième vraie opposition seulement dimanche, donc tu n'as qu'une envie, c'est d'avoir de bonnes sensations. Et la présence du public amène ce petit quelque chose en plus, qui donne envie à tout le monde d'être propre sur le terrain. Deux mois de préparation, n'est-ce pas trop long ? N'y a-t-il pas le risque de faire la compétition avant, dans la tête ? Non, ça passe super vite. Dans deux jours, on se donne déjà rendez-vous pour la fin juillet. Comme on travaille en trois blocs de travail, sur trois semaines puis deux fois deux semaines, on ne pense même pas aux deux mois. Dans moins d'un mois, il y a déjà le premier match amical. En plus, on dépense beaucoup d'énergie à s'user physiquement, à se rentrer dedans... Donc au contraire, c'est l'excitation qui monte. On se plaint à juste titre qu'on n'a jamais de temps pour se préparer, en tout cas pour le championnat. L'an dernier, on a eu même pas 15 jours, ça ne rimait à rien. Dans l'hémisphère Sud, avant de démarrer le Super 15, ils ont plus d'un mois de préparation. Je pense que c'est une chance que le championnat ait fini aussi tôt, début juin, alors que le Super 15 a fini il y a peu de temps. Et en plus, ils ont le Tri-Nations derrière... On ne peut pas comparer nos fonctionnements. En tout cas, je ne vois pas comment ça peut être négatif. On travaille sur un gros bloc de trois semaines, on sait qu'après on aura une période pour bien digérer toute cette charge et mettre en place notre jeu. En termes de planning, ça paraît cohérent. Vous allez disputer le premier Mondial de votre carrière, ça vous inspire quoi, maintenant que l'événement se rapproche ? J'y pense, forcément. Mais quand on est dedans, quand on est acteur, il ne faut pas tirer de bilans avant que la compétition ait démarré. C'est de l'excitation, de l'angoisse, un peu tout ça qui se mélange, tous les sentiments. C'est quelque chose de nouveau, mais on a qu'une envie, c'est de prendre du plaisir. Toute cette préparation, déjà, c'est énorme et ce n'est pas pareil de le vivre avec des copains qu'avec l'équipe de France, le groupe, le staff... C'est une aventure humaine exceptionnelle et on en profite au maximum.