Marconnet: "Problème de bourgeois"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
A 35 ans, Sylvain Marconnet espère disputer en Nouvelle-Zélande sa deuxième Coupe du monde après une première participation en 2003. Un espoir qui, déçu en 2007 suite à un cruel forfait sur blessure, pourrait de nouveau s'envoler avec le passage à trente éléments du groupe tricolore. Une perspective loin d'alarmer le pilier biarrot, soucieux surtout de dépasser une préparation éreintante pour s'évaluer face à l'Irlande.

A 35 ans, Sylvain Marconnet espère disputer en Nouvelle-Zélande sa deuxième Coupe du monde après une première participation en 2003. Un espoir qui, déçu en 2007 suite à un cruel forfait sur blessure, pourrait de nouveau s'envoler avec le passage à trente éléments du groupe tricolore. Une perspective loin d'alarmer le pilier biarrot, soucieux surtout de dépasser une préparation éreintante pour s'évaluer face à l'Irlande. Sylvain, une cohabitation à six piliers (Barcella, Domingo, Ducalcon, Mas, Coux) au cours de cette préparation de Coupe du monde, n'est-ce pas une situation délicate à gérer ? On avait plus tendance à partir en Coupe du monde à quatre (sourires). C'est la caractéristique de ce groupe, Marc a fait appel à un groupe élargi parce qu'il y avait des incertitudes, mais les incertitudes se lèvent petit à petit. Et voilà, ce sera à Marc de choisir, mais ce sera un problème de bourgeois qu'il aura... C'est dommage qu'il y ait un choix à faire parce qu'on se sent tous très bien ensemble. Il y a des plus jeunes que d'autres, mais il n'y a pas de clans, il n'y a pas d'adversité, on travaille tous pour donner le meilleur de nous-mêmes, il n'y a que des coéquipiers. La mêlée, on l'a travaillée une fois la semaine dernière, à Falgos. On essaye de tous se respecter, d'avoir, c'est un peu comme les élections, le même temps de jeu en mêlée ; Didier Retière a le chrono (sourires). Non, comme je l'ai dit, c'est une émulation saine, en oppositions, on n'essaye pas de dévaster son coéquipier pour prendre l'ascendant. Ça ne se passe pas comme ça, c'est constructif avant tout pour le groupe. Est-il plus dur de vivre une préparation dans l'incertitude d'un possible forfait, comme ce fut votre cas en 2007, ou dans l'incertitude d'être écarté ?v Vous faites un peu office de mémoire, les médias, mais personnellement, une fois que c'est passé, c'est effacé du disque dur. Je suis pleinement dans celle-là et je ne me pose pas de questions, à chercher à faire des comparatifs avec les précédentes ou à me poser mille questions à la seconde. Je donne tout ce que j'ai à donner et je ne fais pas de calculs. Moi, en 2007, j'ai su très tôt, vers le 15 juillet, que je ne pourrai pas participer à l'évènement. Chaque blessure est unique, chaque corps réagit différemment à la blessure et c'est dur d'échanger à ce niveau-là. Ça se vit d'une manière solitaire, comme une course contre la montre, nous, on essaye d'être là comme des points de réconfort et d'encouragement. "Le soir, on entend les mouches voler..." Vous qui avez l'expérience d'une première Coupe du monde, dans quel état d'esprit est le groupe après un mois de préparation physique ? Surtout on a hâte d'attaquer ces matches de préparation parce que moi, ce que j'aime dans le rugby, ce n'est pas soulever des barres, ce n'est pas courir après des temps qui sont toujours plus durs à atteindre, c'est jouer, c'est partager avec mes coéquipiers un match de rugby. Mais on a tous conscience que pour hisser notre niveau de jeu, on a besoin d'être prêts. Personnellement, je réagis bien, j'ai progressé en musculation, au niveau cardio, j'encaisse bien les séances, c'est que le travail porte ses fruits. Cette préparation de cinq semaines tire à sa fin et j'ai en tout cas vraiment hâte qu'elle soit derrière nous pour attaquer sur le rythme des matches, même si on va continuer à préparer l'évènement. On sait que vous savez soigner l'ambiance dans un groupe. Comment la qualifier ? L'ambiance est bonne dans la mesure où tout le monde encaisse bien les charges de travail et tout le monde donne son maximum. Alors il n'y a pas beaucoup de moments de vie au dehors parce que la fatigue est là. On arrive dans la dernière semaine de préparation et il y a une forme, non pas de lassitude, mais de fatigue psychologique et physique. C'est clair qu'on a des journées denses, intenses, le soir, on entend les mouches voler très tôt dans les couloirs. Le groupe vit bien dans les moments qui nous sont impartis, mais il y en a tellement peu. L'heure des matches de préparation arrivent ? Supposent-ils une obligation de résultat qui serait moindre ? (catégorique) Je n'y crois pas, je n'y crois pas du tout. J'en ai fait des matches de préparation, on avait pris l'Angleterre, on a joué contre le Pays de Galles... Du moment qu'on revêt le maillot de l'équipe de France, on a l'obligation au moins de bien faire et d'être à la hauteur de l'évènement. Ce sera tout sauf un match d'entraînement. Et tous nos adversaires auront un oeil sur ces matches. On ne sait pas s'il y aura des indices à prendre pour la future compétition, mais au moins un état de forme à voir. Ça fera six semaines qu'on travaille dur et on a envie de montrer que le travail paye pour que la France se montre dans les meilleures dispositions possibles. A la vue des entraînements, le rythme est vraiment intense... Oui, enfin, je me doute qu'en face aussi, ça se prépare dur, que ce soit en Italie, en Angleterre ou en Nouvelle-Zélande, tout le monde se prépare à cet évènement. On a envie de gagner, de prendre du plaisir, de communier avec notre public parce que ce sera notre unique match en France et puis montrer qu'on peut être prétendant à gagner cette compétition.