Mahinmi: "Je commence à réaliser"

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Propos recueillis par Thomas PISSELET , modifié à
De retour en France, deux semaines après avoir remporté le titre de champion NBA avec les Mavericks, Ian Mahinmi est à peine redescendu de son nuage. "A Dallas, c'était la folie, raconte l'intérieur français. La parade était l'un des plus beaux moments de ma vie, c'est gravé dans mon coeur."

De retour en France, deux semaines après avoir remporté le titre de champion NBA avec les Mavericks, Ian Mahinmi est à peine redescendu de son nuage. "A Dallas, c'était la folie, raconte l'intérieur français. La parade était l'un des plus beaux moments de ma vie, c'est gravé dans mon coeur." Ian, êtes-vous redescendu de votre nuage depuis le titre NBA des Dallas Mavericks ? Ça fait déjà deux semaines qu'on fête bien ça, on a commencé à Miami et continué à Dallas donc oui, je redescends petit à petit de mon nuage. Je me rends compte ce que c'est d'être champion NBA. Il y a eu quelques étapes. L'arrivée à Dallas, quand on est sorti du jet, avec le nombre de spectateurs qui nous attendaient, c'était la folie. J'ai mis deux heures pour rentrer chez moi. Ensuite il y a eu la parade, l'un des plus beaux moments de ma vie. Il devait y avoir entre 300 000 et 500 000 personnes dans les rues. C'était vraiment des jours de bonheur, c'est gravé dans mon coeur. Et depuis que je suis rentré à Paris, je ressens un vrai engouement autour de moi. Ça me fait plaisir de rentrer à la maison et d'avoir ce genre de réception. Je suis passé au Quai 54 hier (dimanche), je ne m'attendais pas à cet accueil. Le public était chaleureux avec moi, mes anciens coéquipiers m'ont serré dans leurs bras, ils m'ont félicité. C'est vraiment une belle surprise pour moi. Réalisez-vous que vous êtes champion NBA ? Oui, je commence à réaliser. Juste après la victoire, je n'arrivais pas à m'en rendre compte. Ça a commencé le lendemain et la semaine que j'ai passée avant de rentrer en France, c'était la folie. On ne pouvait aller nulle part. En discutant avec les coaches, les amis, en voyant la joie dans les yeux de Dirk (Nowitzki) ces derniers jours, tu réalises vite que c'est quelque chose de magnifique. Votre nouveau statut peut-il vous ouvrir de nouvelles portes en NBA, aux Mavericks ou ailleurs ? Je n'ai jamais eu trop de problèmes avec ça. Mais le fait d'avoir joué lors des finales, ça a mis mon nom tout là-haut. Et ça peut changer des choses pour mon avenir. J'aimerais rester à Dallas le plus longtemps possible. Normalement, je suis encore sous contrat là-bas l'année prochaine. Après, on verra. Le fait de pouvoir évoluer dans une équipe comme celle-là, ça me donne un gros capital confiance. Avec Rick (Carlisle), on n'a pas trop discuté de la saison prochaine, on était plus dans la célébration. On a encore le temps. Comment avez-vous vécu le fait que Rick Carlisle ait choisi de vous mettre en troisième pivot dans la rotation ? C'est une décision de coach, et elle a du sens. En playoffs, l'expérience compte beaucoup. Tu ne peux pas faire jouer tout le monde et il a resserré un peu les rotations. Brendan Haywood et Tyson Chandler sont des pivots plus vieux que moi, plus expérimentés. Mais Rick m'a toujours énormément sollicité à l'entraînement et en match. Dès qu'il y a eu des problèmes de fautes, par exemple contre Oklahoma City (en finale de conférence, ndlr), il n'a pas hésité à me mettre. Il m'a toujours dit de me tenir prêt. La blessure de Brendan Haywood a-t-elle modifié votre approche ? Un peu. Je savais que j'allais avoir des minutes de jeu garanties. Je me suis super bien préparé. D'ailleurs, le lendemain de la blessure de Brendan, j'ai passé six heures dans la salle avec les coaches pour être sûr que je sois au point. La journée d'après, j'ai encore beaucoup travaillé. Mon premier match, c'est le troisième, un dimanche je crois, et je rentre en pleine confiance parce que j'ai tous les principes défensifs dans la tête. "J'espère avoir un rôle plus majeur dans l'équipe" Lors des finales, que vous êtes-vous dit, dans le vestiaire, après le match 5 alors que vous meniez la série 3-2 ? Il n'y a pas eu de discours particulier. Deux de nos leaders, Dirk Nowitzki et Jason Terry, ont pris la parole après le match. Ils nous ont dit: "On a déjà été dans cette situation une fois, on ne veut plus y être. On ne veut pas aller au match 7, alors tout le monde prend un slip, une paire de chaussettes et on y va. On gagne le match 6 et on rentre à la maison." Il y a tout de suite eu cette détermination. Ça nous a surmotivés et dans nos têtes, il n'y avait pas de doute. Dallas n'était pas favori au début des playoffs. Le sweep face aux Los Angeles Lakers a-t-il été un déclic ? Quand on a commencé les playoffs, tout le monde nous voyait perdre contre Portland. Beaucoup de choses ont été dites dans la presse. Mais on a une équipe avec pas mal de revanchards, qui ont beaucoup d'amour propre. Nous, on a toujours cru en nous durant la saison, on a quand même gagné 57 matches. On a toujours eu confiance en nous. Portland nous a opposé de la résistance mais on savait qu'on allait les battre. Et les Lakers, c'est le genre de rendez-vous qu'on attendait. Le fait de les balayer, ça nous a donné énormément de confiance. Cette série, c'est un peu un tournant dans nos playoffs. Quelle est votre relation avec Dirk Nowitzki, qui vous avait recommandé auprès de Mark Cuban ? Dirk, c'est le franchise player comme on dit. Il m'a tout de suite pris sous son aile et ça fait plaisir quand un joueur de ce calibre vous apprécie. Au moment où on a gagné le titre, j'étais à la limite plus content pour des gars comme lui ou Jason Kidd que pour moi. Et Mark Cuban, quel propriétaire est-il ? C'est la première fois que je suis avec un proprio de club qui était aussi investi dans son équipe. Après la victoire, on est parti directement en boîte de nuit. Il avait un car à disposition de ceux qui voulaient sortir. On est sorti avec le trophée et la première chose qu'il a fait quand on est arrivé, c'est prendre le micro et crier: "We are the champs !" Et il a commandé pour 100 00 dollars de champagne ! Il a énormément fêté ce titre mais il a couru longtemps après. Je suis content pour lui. Son comportement durant les playoffs a été exemplaire. Je suis persuadé qu'aujourd'hui encore, il dort avec le tropgée. Si vous le voyez conduire dans Dallas, le trophée doit être sur le siège passager avec la ceinture ! (Rires) Ne serait-ce pas frustrant pour vous de commencer la prochaine saison en troisième ou quatrième choix ? Si, forcément. J'attends beaucoup plus de moi, j'ai mis la barre plus haut. Le fait que je ne sois pas en équipe de France va me donner une opportunité de travailler énormément sur moi pour débuter la saison prochaine très affuté. J'espère avoir un rôle plus majeur dans l'équipe. Je crois vraiment au travail parce qu'à un moment, ça finit par payer. Justement, comment avez-vous vécu votre non sélection chez les Bleus ? C'est une surprise sans en être une parce que j'ai réfléchi un peu à la question et je me suis dit que si Jo (Noah) et Ronny (Turiaf) y allaient, ça n'allait pas laisser beaucoup de place derrière. Les deux sont quand même des cadres. Il y avait donc une possibilité que je n'y sois pas. Mais ce n'est pas un problème. Ça aurait peut-être été différent si je n'avais pas été champion NBA mais j'ai une bague, je suis bien. Je ne ferme pas les portes de l'équipe de France. On est amené à se retrouver plus tard. Si ce n'est pas aux JO de Londres, ça sera aux prochains. Je suis encore jeune et des années de basket devant moi.