Magnussen, nouveau maillot jaune

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LAURENT DUYCK , modifié à
La victoire de Cadel Evans sur le Tour de France avait éclipsé en Australie sa performance avec le relais 4x100m dimanche. En décrochant à nouveau l'or, tout seul comme un grand à seulement 20 ans, sur 100 mètres nage libre, James Magnussen s'impose comme la future nouvelle star de la natation australienne et l'homme à battre dans un an aux Jeux Olympiques de Londres.

La victoire de Cadel Evans sur le Tour de France avait éclipsé en Australie sa performance avec le relais 4x100m dimanche. En décrochant à nouveau l'or, tout seul comme un grand à seulement 20 ans, sur 100 mètres nage libre, James Magnussen s'impose comme la future nouvelle star de la natation australienne et l'homme à battre dans un an aux Jeux Olympiques de Londres. "C'est un Australien, et ils ne doutent pas de grand-chose." Michel Rousseau, en argent sur 100 mètres nage libre lors des premiers Mondiaux à Belgrade en 1973, avait anticipé à sa manière la finale du jour, "sans doute l'une des finales les plus ouvertes que l'on ait vue depuis longtemps" sur la distance reine, selon Denis Auguin. Ouverte et pourtant promise dès dimanche à un jeune homme de 19 ans, inconnu du grand public avant les Mondiaux de Shanghai et encore confondu avec son coéquipier et "jumeau", James Roberts, à la veille de la grande bagarre, malgré son coup de force au départ du relais australien, sacré sur 4x100 mètres nage libre au nez et à la barbe de l'équipe de France. 47"49, c'était pour beaucoup trop beau pour être vrai, une "course parfaite" selon les mots de Pieter Van den Hoogenband, que James Magnussen aurait du mal à reproduire. "Il s'est passé beaucoup de choses dans ma tête depuis le relais", reconnaissait en conférence de presse le champion national australien. Mais pas suffisamment pour faire mentir l'adage de Michel Rousseau. "Si je n'ai pas nagé aussi vite que dimanche, je suis évidemment content et fier de la façon dont j'ai nagé." Et comment ! Pour la troisième fois de la semaine, celui qui avait pourtant perdu trois semaines de préparation sur la route de Shanghai, cloué par une pneumonie, est passé sous la barre des 48 secondes, signant un nouveau chrono exceptionnel en finale (47"63) à la faveur d'un retour (24"69), dont lui seul a le secret (seul William Meynard a réussi à passer lui aussi sous la barre des 25 secondes au retour, ndlr). Dans la roue d'Evans... Ou comment, celui qui jusqu'à présent n'avait que pour seuls faits d'armes d'avoir gagné les Jeux du Commonwealth avec le relais australien et d'avoir éjecté Eamon Sullivan de la sélection sur 100 mètres pour ces Mondiaux, est devenu en l'espace de quatre jours la nouvelle terreur du sprint, prenant le relais d'un Cesar Cielo peut-être affaibli par "l'affaire", mais surtout incapable de tenir la distance d'un 100 mètres depuis la disparition des combinaisons, comme l'avait déjà prouvé l'Américain Nathan Adrian lors des Panpacifiques l'été dernier (passé en tête au virage en 22"63, le Brésilien a cédé dans le final, perdant le bénéfice de sa 3e place pour un centième, ndlr). "J'ai sans aucun doute mis mon nom sous les projecteurs dans la perspective de Londres avec mon temps sur le relais et cette victoire, prend conscience Magnussen. Il y aura plus d'attention sur moi, c'est sûr. Mais j'aime la pression, j'aime la foule et l'atmosphère des grands événements. Je suis impatient d'être à l'année prochaine." Vu la maturité affichée par le garçon, qui dit avoir autant appris de son entraîneur en dehors des bassins que dans l'eau, pas de raison que le plus jeune des huit finalistes du jour ne confirme pas. D'autant qu'il n'a pas l'habitude de parler en l'air, lui qui déclarant déjà à la sortie de ses championnats nationaux début avril être capable de nager en 47"5. A quand le record du monde ? "Si quelqu'un avait parlé du record du monde à l'approche de la compétition, je pense qu'on aurait bien ri, mais après ce que j'ai fait dans le relais l'autre soir, le record me paraît beaucoup plus humain", répond-il dit. L'Australien aux grands yeux bleus n'aura pas besoin de ça pour devenir une star au pays, peut-être un jour l'égal de la légende Ian Thorpe, dont il a regardé les exploits gamin et qu'il se réjouit de voir revenir à la compétition. En attendant, il s'attaque à un autre héros australien, Cadel Evans, vainqueur dimanche du Tour de France, avec l'espoir de lui voler la vedette en cette fin de semaine. "On n'y est pas parvenu l'autre jour avec le relais, on a été relégué en page 8. J'espère qu'il n'y a aura pas d'événements importants aujourd'hui dans le monde qui m'enverront en dernière page."