Lièvremont muscle son je

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LAURENT DUYCK , modifié à
Droit dans ses bottes. Marc Lièvremont, qui a pris désormais l'habitude de se présenter seul face à la presse, une manière selon lui de recentrer son discours depuis la défaite contre l'Australie, a gagné en solidité à la veille du Tournoi des VI Nations. Une attitude qui transparaîtra face à ses joueurs, avec lesquels le sélectionneur du XV de France entend afficher une certaine fermeté.

Droit dans ses bottes. Marc Lièvremont, qui a pris désormais l'habitude de se présenter seul face à la presse, une manière selon lui de recentrer son discours depuis la défaite contre l'Australie, a gagné en solidité à la veille du Tournoi des VI Nations. Une attitude qui transparaîtra face à ses joueurs, avec lesquels le sélectionneur du XV de France entend afficher une certaine fermeté. "A vos yeux peut-être..." C'est déjà un signe. Marc Lièvremont ne le dira pas ouvertement, par souci peut-être de ne pas froisser les susceptibilités de ses deux adjoints, Didier Retière et Emile Ntamack, qu'il juge indissociables de son action, mais le sélectionneur du XV de France a pris de l'épaisseur depuis qu'il se présente seul face à la presse. "Pour diriger, il faut être un nombre impair, et trois c'est déjà trop", rigolait-il en citant Georges Clemenceau la semaine dernière. Il assure ne pas souscrire à cette citation. Ou du moins feint-il de ne pas y croire. Reste que, depuis qu'il est débarrassé de ses deux acolytes, Lièvremont délivre un discours plus précis, plus concis, bref plus compréhensible, but avoué de cette nouvelle mise en scène. Confirmation samedi matin au lendemain du rassemblement des joueurs à Marcoussis. Bronzé (le résultat de 15 jours au ski en famille) derrière sa petite table un peu perdue sur la scène de l'amphithéâtre, Lièvremont, buste droit dans son survêtement, martèle son discours avec l'assurance d'un homme conforté dans ses certitudes. Et ce, même si "la tournée de juin, additionnée à cette grosse défaite contre l'Australie, a fait voler en éclats toutes les certitudes nées du Tournoi". Paradoxal ? Non. La "crise majeure", terme employé par l'intéressé pour évoquer l'après Australie, a assis l'autorité du sélectionneur. Confirmé par Pierre Camou, le président de la Fédération française de rugby (FFR), avec lequel il dit entretenir une "relation forte", Lièvremont semble enfin à l'aise dans son costume de patron. "J'en ai marre qu'on me prenne pour un gars sympathique, mais en même temps jeune et inexpérimenté, et donc en filigrane incompétent", disait-il en décembre. Alors, au risque de se répéter, il insiste. "Je me suis toujours senti capable, jamais démobilisé, toujours réactif quels que soient les résultats des matches. Au-delà de 2011, je m'en fous. Je n'ai aucune pression au-delà de mon envie de réussir. Mais, c'est vrai depuis le début. D'une certaine manière, je ne suis pas là pour me construire un avenir au-delà de cette année. C'est aussi ce qui me rend aussi fort et déterminé, et aussi peu perméable aux coups et aux critiques." Une main ferme dans un gant de velours Il jure que les critiques, les unes "légitimes et constructives", les autres "ridicules, disproportionnées, excessives, inintelligentes, injustes, bêtes, fausses", ne l'ont pas atteint. Droit dans ses bottes. Mais toujours ouvert au dialogue, fidèle à son honnêteté intellectuelle. "Les gens que je respecte, je peux les appeler pour leur faire part de mon incompréhension. Ceux qui m'indiffèrent, ils m'indiffèrent jusqu'au bout et je ne leur réponds pas. Ce que je ne veux surtout pas, c'est tomber dans l'aigreur. Ceux qui sont constructifs, même dans la critique, je continue à discuter et échanger avec eux." Secoué dans la tempête, Lièvremont offre aujourd'hui l'image d'un capitaine prêt à tenir le cap. Une posture qu'il a tenue face à ses joueurs vendredi, à l'heure des retrouvailles. Après le traditionnel accueil de Jo Maso, le sélectionneur a pris la parole. Pour se projeter sur les objectifs de cette année 2011. Mais aussi pour rappeler certains fonctionnements propres au XV de France. Comment ont réagi les joueurs ? "Mettez-vous à leur place... Il y a des retours, et puis il y a des gars qui arrivent dans leurs petits souliers...", avoue-t-il. "Il y a eu de l'attention. On les sent concentrés, à l'écoute", ajoute-t-il. L'occasion de reprendre la main. "Je vais alterner de la fermeté et de l'accompagnement pour qu'ils retrouvent cette confiance en eux-mêmes, dans le groupe, dans le staff." La fessée face à l'Australie a généré des doutes, des incompréhensions. Pour les lever, les joueurs disposeront d'un "livre de jeu", un condensé des "déplacements, coups d'envoi, principes de relances de jeu, des lancements de jeu, placements défensifs et offensifs" qu'ils pourront potasser. Et amender ? "Non", répond avec fermeté Lièvremont. "Je vais mettre entre parenthèses, pour relancer la machine, cette forme de management participatif", précise-t-il. "Il y a des leaders de jeu, évidemment qu'on échange sur certaines combinaisons, sur certains placements, mais les lancements sont arrêtés. Ça va aussi dans le sens de ce je disais: de la fermeté. Pour l'instant, ils vont appliquer ce que je vais leur demander." Un discours de fermeté repris à son compte par Thierry Dusautoir, réaffirmé dans son rôle de capitaine, "rassuré par ma confiance mais aussi celle de ses coéquipiers", note le sélectionneur. A la veille du Tournoi des VI Nations, et à bientôt sept mois de la Coupe du monde, il n'est plus question de tâtonner. Marc Lièvremont résume: "Il s'agit de retrouver un collectif, de la cohésion, du sérieux, de la précision." Des objectifs qui passent aussi par un discours recentré.