Lièvremont: "Un bonheur simple"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE, envoyé spécial , modifié à
C'est sans bouder son plaisir, mais sans effusion non plus que Marc Lièvremont a accueilli le superbe sursaut d'orgueil du XV de France, vainqueur sans appel (19-12) de l'Angleterre samedi, à l'Eden Park. Le sélectionneur tricolore, s'il savoure ce succès, met déjà en garde sur l'excès d'euphorie, qui guette tout exploit des Bleus. Et avoue, preuve de la confiance qui l'habite, avoir déjà planché sur ses futurs adversaires gallois.

C'est sans bouder son plaisir, mais sans effusion non plus que Marc Lièvremont a accueilli le superbe sursaut d'orgueil du XV de France, vainqueur sans appel (19-12) de l'Angleterre samedi, à l'Eden Park. Le sélectionneur tricolore, s'il savoure ce succès, met déjà en garde sur l'excès d'euphorie, qui guette tout exploit des Bleus. Et avoue, preuve de la confiance qui l'habite, avoir déjà planché sur ses futurs adversaires gallois. Marc, le coq gaulois est arrivé dans ce quart de finale les pieds dans la merde, il repart la tête au soleil. Pouvez-vous nous dire la façon dont vous avez vécu ça ? Avec passion et émotion (il esquisse un sourire) Ne le prenez pas mal, pensez-vous toujours pouvoir être champions du monde (à cette question après le match contre les All Blacks, 17-37, il s'était emporté contre le même journaliste, ndlr) ? (soupir) Je ne sais pas. J'ai l'impression que ce soir d'une certaine manière les joueurs ont honoré leur part du contrat. Ils ont fait aussi bien que certaines générations passées, mais on a souvent vu justement dans le passé des équipes de France se sublimer dans l'adversité, réussir le meilleur, et on les a vus derrière se planter. Reste à savoir si ce groupe a simplement envie d'imiter les illustres générations précédentes ou écrire sa propre histoire. Vous souhaitiez une réaction de vos joueurs. Vous devez être fiers de ce qu'ils ont démontré ? C'est vrai. J'éprouve beaucoup de fierté, de plaisir. La semaine se termine bien, mais encore une fois elle a été très belle. On se sent vivant pendant ces semaines. Il y a beaucoup de belles choses qui se passent. C'est le pied ! "C'est difficile de sortir un joueur du lot" Après avoir vécu une telle semaine, subi autant de controverses, y a-t-il chez vous un sentiment de vengeance ? Absolument pas. Je me suis toujours promis de ne pas tomber dans une certaine forme d'aigreur. Donc c'est un bonheur et un plaisir simple. Qu'avez vous pensé de la performance de Dimitri Yachvili et plus globalement de la discipline montrée par vos joueurs ? C'est difficile de sortir un joueur du lot. J'ai été évidemment très heureux de cette première période très aboutie en termes de jeu, en termes de combativité et de discipline. La seconde a été évidemment plus heurtée. Mais peut-être que la victoire finale n'aurait pas eu la même saveur si la seconde période avait été de la qualité de la première, avec des Anglais qui nous ont poussés dans nos retranchements. Je suis fier que les joueurs se soient battus, accrochés jusqu'au bout, même si ça a été compliqué. On a fait preuve de beaucoup de maîtrise. Avec un début de match compliqué à l'avantage des Anglais. On a plié sans jamais rompre. On ne s'est pas désunis, on a réussi à leur remettre la pression sur un très bon jeu au pied. Dès le moment, où on a su mettre la main sur le ballon, on a su imposer notre jeu, avec talent certaines fois. J'aurais préféré que ce soit aussi le cas en seconde période, où l'on s'est montrés un peu plus fébriles. Mais bon, l'essentiel est là. Un mot sur la performance de votre troisième ligne ? Elle a été magnifique. Pourquoi Imanol Harinordoquy n'a t-il pas été aligné à chaque match depuis le début de la compétition ? Parce que je crois que je connais bien Imanol. Peut-être mieux que quiconque. Son début de compétition n'était pas aussi abouti que je l'espérais. Imanol est un formidable compétiteur. Quelque part, le laisser se morfondre sur le banc, où il a eu un comportement très positif, et le lâcher pour ce quart de finale contre ses adversaires préférés, ce n'était peut-être pas une mauvaise stratégie. "J'ai été toujours là, et mon staff avec moi, pour les accompagner " Vous souhaitiez que les joueurs prennent leurs responsabilités. Vous êtes-vous effacé dans les vestiaires ? Non, pas tant que ça. Je prône cette responsabilisation du groupe parce ce que sont eux qui sont sur le terrain, depuis toujours. J'ai apprécié en tout cas qu'ils s'impliquent comme jamais, qu'ils se prennent en charge, mais j'ai été toujours là, et mon staff avec moi, pour les accompagner. Les Gallois vous feront face en demi-finales. Est-ce une surprise pour vous de les retrouver à ce stade de la compétition ? J'étais somme toute assez confiant. J'avais commencé à travailler, à regarder tous les matches de nos futurs adversaires, à savoir l'Irlande et le Pays de Galles. Si j'avais dû parier, j'aurais plutôt parié sur l'Irlande qui me semblait plus compacte, notamment devant. Mais j'ai trouvé au cours de cette compétition, une très belle équipe galloise, extrêmement courageuse devant et avec beaucoup de talent derrière, qui maîtrise bien son rugby. Ce ne sera pas simple. C'est vrai que j'ai envie d'y penser dès ce soir. Et d'encourager les joueurs à fêter malgré tout ce match parce qu'ils l'ont mérité, mais en même temps de se tourner très vite vers cette demi-finale.