Lièvremont: "On a été suffisant"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE, envoyé spécial , modifié à
Quatre ans après le camouflet argentin au Stade de France, les Bleus de Lièvremont ont su ouvrir leur Coupe du monde par un large succès bonifié (47-21) sur le Japon. Un score illusoire, qui ne suffit pas à masquer les insuffisances d'une bien piètre copie. Partagé entre soulagement et colère, Marc Lièvremont évoquera l'insuffisance de ses troupes, avant de se raviser...

Quatre ans après le camouflet argentin au Stade de France, les Bleus de Lièvremont ont su ouvrir leur Coupe du monde par un large succès bonifié (47-21) sur le Japon. Un score illusoire, qui ne suffit pas à masquer les insuffisances d'une bien piètre copie. Partagé entre soulagement et colère, Marc Lièvremont évoquera l'insuffisance de ses troupes, avant de se raviser... Marc, quel sentiment vous habite à l'issue de cette première victoire dans cette Coupe du monde ? Je vais retenir la victoire. C'est le plus important pour moi et pour démarrer la compétition. Sinon je souhaitais de la constance dans la performance. Evidemment sur ce point, je ne suis pas satisfait. Quelles ont été vos consignes à la mi-temps ? Et comment expliquez-vous ce passage à vide autour de l'heure de jeu ? Je n'étais déjà pas très satisfait à la mi-temps. J'ai trouvé dès le début du match qu'on avait manqué d'ambition, je crois que sur nos quatre premiers lancers en touche, on commande des mauls improductifs sur lesquels souvent un seul joueur s'échappe, et puis, on est très vite contrés. Donc assez peu d'ambition. On a vu dès le début qu'on avait une mêlée extrêmement forte sur laquelle on doit gagner sur des situations de surnombre assez évidentes qu'on vendange. Malgré tout, on a le mérite d'ouvrir le score, de mener deux essais à zéro, et là, on ne produit plus, on ne joue pas ensemble. Il y avait déjà ce constat à la mi-temps, de revenir à un peu plus d'alternance et d'être un peu plus ambitieux dans notre rugby. Vous espériez marquer les esprits. Où vous situez-vous par rapport à cette ambition ? (regard noir) A votre avis... " Ce n'est pas inquiétant parce qu'on a gagné " C'est donc inquiétant, ou pas ? Ce n'est pas inquiétant parce qu'on a gagné, ce n'est pas inquiétant parce qu'à mon sens, on a été suffisant et approximatif, et qu'on doit et qu'on peut donc mieux faire. C'est peut-être un avertissement sans frais, qui va nous permettre de remettre les choses dans l'axe. Maintenant, on a aussi des mauvaises nouvelles comme une blessure assez conséquente pour David Skrela (épaule gauche), peut-être également pour Fabrice Estebanez (bas du dos). Ce match est-il une mauvaise surprise pour vous ? (agacé) Je crois qu'il n'y a pas besoin de développer, non, je pense que je l'ai assez exprimé. Evidemment qu'on n'est pas content... On n'est pas content. C'est une déception, bien sûr. Bon, ceci dit, on a gagné. A l'heure de jeu, où on sentait les joueurs complètement démobilisés face à des Japonais complètement décomplexés, qui avaient bien raison de l'être, l'équipe a eu le mérite de remettre les choses en place, de jouer avec beaucoup plus de conviction sur quelques coups simples sur le dernier quart d'heure. On va s'en tenir à ça. Vous avez évoqué la suffisance de vos joueurs ? Je me suis peut-être mal exprimé... Je ne sais pas, peut-être qu'on s'est vus certainement trop beaux ou trop faciles après ces deux essais, qu'on n'a pas fait ce qu'il fallait. N'est-ce pas un reproche que vous avez déjà eu l'occasion de faire à votre équipe ? (crispé) A mon équipe, à d'autres équipes. Ce sont des reproches que beaucoup d'entraîneurs font à leurs joueurs après des matches comme ça, où on joue face à des équipes supposées plus faibles avec une entame de match qui va dans ce sens-là, à savoir que l'on marque deux essais assez rapidement, qu'on les emporte en mêlée, qu'en plus, on se crée trois ou quatre occasions dans le premier quart d'heure. A moindre frais, sans faire le petit effort nécessaire, sans aller converger ou aider le petit copain dans un ruck, on pense que l'on va passer une bonne soirée. C'est une chose qui est arrivée à pas mal de rugbymen français ou d'autres nations d'ailleurs. Sauf que c'était un premier match de Coupe du monde. Et que ce type de comportement aurait pu nous coûter très cher à l'heure de jeu.