Les Peyron visent l'Amérique

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LAURENT DUYCK , modifié à
La 34e Coupe de l'America, qui se disputera en 2013 sur des catamarans de 22 mètres, ne pouvait pas les laisser insensibles. Bruno et Loïck Peyron, deux des plus beaux palmarès de la voile en multicoque, ont décidé de se rapprocher pour tenter de présenter un défi. Les deux hommes, qui annoncent avoir entamé des discussions avec All4One, se donnent trois mois pour réunir les forces vives de la voile française.

La 34e Coupe de l'America, qui se disputera en 2013 sur des catamarans de 22 mètres, ne pouvait pas les laisser insensibles. Bruno et Loïck Peyron, deux des plus beaux palmarès de la voile en multicoque, ont décidé de se rapprocher pour tenter de présenter un défi. Les deux hommes, qui annoncent avoir entamé des discussions avec All4One, se donnent trois mois pour réunir les forces vives de la voile française. Loin d'avoir été dégoûté par son expérience à la barre du catamaran d'Alinghi, sèchement battu lors de la 33e Coupe de l'America par BMW Oracle, Loïck Peyron nous avouait fin mai être prêt à y replonger. "Pourquoi pas, si les supports s'adaptent, disait-il. Si c'est du multi bien sûr..." Quatre mois plus tard, le Defender américain officialisait la tenue de la prochaine Coupe de l'America, en 2013, sur un nouveau support : les AC72, catamarans de 72 pieds (quasiment 22 mètres). De quoi faire réfléchir le cadet des Peyron. "On entend depuis toujours et à juste titre que la Coupe de l'America est une affaire de spécialistes... Cela tombe bien ! Du Formule 18 à la Route du Rhum en passant par le Trophée Jules-Verne, les Français sont les spécialistes du multicoque, alors allons-y... ensemble", déclare-t-il aujourd'hui. Comme une évidence, le touche-à-tout de la voile française, triple vainqueur de la Transat Anglaise (1992, 1996, 2008) mais aussi double vainqueur du Championnat D 35 et du Bol d'Or, preuve parmi d'autres de son éclectisme, a donc décidé de se lancer dans l'aventure, lui qui avait déjà essayé, sans réussite, de présenter un projet, en compagnie de Bertrand Pacé, en 2007. Cette fois-ci, le Baulois s'est rapproché d'un homme qu'il connaît mieux que quiconque, son frère Bruno, pour tenter de réunir sous un même drapeau l'essentiel des forces vives du multicoque français. Un rapprochement avec Kandler ? Une ambition résumée par l'aîné des Peyron. "La Coupe de l'America pour la première fois en multicoque nous lance un défi qui a le mérite d'être simple : La France, leader mondial du multicoque depuis 30 ans sera-t-elle capable de capitaliser sur ses atouts ou laissera-t-elle les autres nations rattraper en 3 ans, 30 ans d'expérience ? Nous avons 3 mois pour répondre à cette question et 3 ans pour le démontrer", explique le fondateur de The Race. "Au-delà des individualismes, au-delà des protectionnismes, je suis convaincu que nous devons nous rassembler pour pouvoir gagner. Cette première étape symbolique doit bâtir le socle autour duquel les compétences, d'où quelles viennent doivent pouvoir se fédérer. Cela se fera au rythme de l'évolution des disponibilités de chacun mais la philosophie d'ouverture doit constituer la force majeure de cette ambition." Les deux frères se donnent trois mois, soit jusqu'à fin janvier 2011, à deux mois de la clôture des inscriptions fixée par le Protocole, pour tenter de réunir l'ensemble des équipes et ressources, sportives, technologiques et économiques nécessaires à cette ambition, désir déjà partagé par Philippe Ligot, directeur général d'Aleph Team France, et... Bertrand Pacé, en charge de la partie sportive et technique de ce défi qui a déjà reçu la caution, pour l'instant de principe, de la Fédération française de voile. Mais c'est vers un autre challenger français, Stéphane Kandler, que Bruno et Loïck Peyron ont commencé à entamer des discussions pour se rapprocher d'All4One, équipe passée sous pavillon franco-allemand depuis l'arrivée de Jochen Schümann (double vainqueur de l'America's Cup). Une équipe déjà présente en 2007 qui a les reins solides, clé de la réussite selon Kandler : "Aujourd'hui, on ne peut plus confier la clé à un marin, on se rend compte que les équipes les plus performantes sont celles qui ont un vécu commun, ont déjà traversé des phases difficiles, ce vécu, l'argent ne pourra jamais l'acheter. Et ça reste une course anglo-saxonne avec une grosse partie politique en coulisses qu'il faut maîtriser. On n'y arrive pas comme ça du jour au lendemain, il faut avoir tout ce vécu. La clé de la réussite, c'est d'avoir un bon groupe." Une mission que se sont fixée les frères Peyron. Impossible ? "Nous avons déjà prouvé que l'impossible ne l'était pas toujours", répond Bruno, conscient qu'ils peuvent, son frère et lui, catalyser sur leur seul nom.