Lemaitre trop court

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LAURENT DUYCK , modifié à
Star de l'athlétisme tricolore depuis les Championnats d'Europe de Barcelone l'été dernier, Christophe Lemaitre n'a pris dimanche que la troisième place du 60 mètres à Bercy. Compétiteur dans l'âme, le sprinteur français ne s'en contente pas. Mais cette performance reflète son bilan hivernal et son niveau sur une distance trop courte pour lui.

Star de l'athlétisme tricolore depuis les Championnats d'Europe de Barcelone l'été dernier, Christophe Lemaitre n'a pris dimanche que la troisième place du 60 mètres à Bercy. Compétiteur dans l'âme, le sprinteur français ne s'en contente pas. Mais cette performance reflète son bilan hivernal et son niveau sur une distance trop courte pour lui. Il le disait déjà samedi. Il l'a répété dimanche. "J'aurais préféré enchaîner demie et finale." Question de rythme. Propulsé dans le grand bain de Bercy, déjà chauffé à blanc par le record du monde au triple-saut de Teddy Tamgho, Christophe Lemaitre n'a pas réussi à survoler le tartan parisien. Question de temps. Celui qui lui a peut-être manqué pour digérer une longue préparation hivernale. "La préparation à Miami a vraiment été dure", consent-il même s'il n'aime pas se chercher d'excuse. Devancé sur la ligne par Francis Obikwelu (6"53, record du Portugal) et Dwain Chambers (6"54). Question de distance. "Le 60 mètres, ce n'est pas mon truc", souffle-t-il, lui qui n'aime rien tant qu'avaler ses adversaires sur les 30 ou 40 derniers mètres. Difficile donc de faire mieux (6"58). Même pour le triple champion d'Europe de Barcelone l'été dernier. Surtout avec ces mises en action toujours aussi poussives. "C'est encore un problème au départ, pour changer, sourit-il. J'étais un peu rentré par rapport aux autres, comme d'habitude. Je n'ai pas réussi à revenir comme j'ai l'habitude de le faire." Des signes avant-coureurs ? Même pas. "A l'échauffement, j'étais mieux qu'hier. Mais en finale, je n'ai pas réussi à reproduire ce que j'ai pu montrer à l'entraînement. J'avais hâte d'y être, de courir cette finale, j'étais concentré là-dessus." Rendez-vous sur 100 mètres Troisième derrière les deux anciens du sprint européen. Pas de quoi rougir. "Ça reflète le niveau que j'avais lors de cette saison hivernale", admet-il avec lucidité. La preuve qu'il doit encore apprendre, notamment des anciens, comme le confesse l'un des plus illustres d'entre eux, Maurice Green, le coach de Martial MBandjock, cinquième de cette finale en 6"61. "Ils ont plus d'expérience, ce sont de meilleurs partants. C'est ce qui a payé pour eux", explique le protégé de Pierre Carraz qui apprend vite. "Martial avait raison, ils ont bien caché leur jeu. J'aurais peut-être dû faire pareil." Déçu ? "Elle est jolie parce que c'est une médaille à Paris. Mais elle ne brille pas comme une médaille d'or. Je suis quand même content de l'avoir, je n'ai pas à être triste de cette médaille de bronze sur 60 mètres. Mais je sais que j'aurais pu faire mieux", avance-t-il. Ce à quoi il a habitué ses supporteurs. L'intéressé lui-même découvre cette sensation : "C'est la première fois que j'ai une médaille de bronze, je n'ai pas l'habitude. Mais il faut bien avoir toute sorte de médaille." "Sincèrement, une médaille de bronze à cette période de l'année, c'est pas mal, c'est même encourageant. Ce qui est pris est pris. Mais c'est normal qu'il soit déçu. C'est un athlète de haut niveau", lui répond Ghani Yalouz, DTN aux anges d'une équipe de France enthousiaste. "Il n'a que 20 ans. Il a l'avenir devant lui, rappelle de son côté Bernard Amsalem, le président de la Fédération française d'athlétisme. A 20 ans, on continue à apprendre. Il ne faut pas lui jeter la pierre, bien au contraire. C'est déjà bien qu'il soit là. C'est déjà bien qu'il soit sur un podium. On aura avec Christophe beaucoup d'autres satisfactions à venir." "Je ne suis pas déçu d'être venu, d'avoir couru à Paris et d'avoir fait ces Championnats d'Europe. J'en garde quand même un bon souvenir, conclut Lemaitre. Et puis, j'ai respiré l'air de Bercy. Et ça va me servir pour cet été." A Daegu lors des Mondiaux. Et sur 100 mètres. Où il se contenterait bien cette fois-ci d'une médaille de bronze.