Lemaitre chez les grands

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Alexandre SARKISSIAN , modifié à
Christophe Lemaitre, 3e samedi de la finale du 200m des Mondiaux de Daegu, est entré dans la cour des grands en descendant sous les 20 secondes (19"80), pulvérisant au passage le record de France. Usain Bolt a logiquement survolé la course en 19"40, devant l'Américain Walter Dix (19"70). L'équipe de France engrange ainsi une troisième médaille en Corée du Sud, après les déceptions de Diniz et Baala.

Christophe Lemaitre, 3e samedi de la finale du 200m des Mondiaux de Daegu, est entré dans la cour des grands en descendant sous les 20 secondes (19"80), pulvérisant au passage le record de France. Usain Bolt a logiquement survolé la course en 19"40, devant l'Américain Walter Dix (19"70). L'équipe de France engrange ainsi une troisième médaille en Corée du Sud, après les déceptions de Diniz et Baala. Lemaitre a bien retenu la leçon. Invité samedi sur 200m à effacer la grosse déception du 100m, où il ne termina que 4e dans une finale sans Usain Bolt, le sprinteur français ne s'est pas loupé, bien au contraire. Derrière l'intouchable Jamaïquain et Walter Dix, l'élève de Pierre Carraz a décroché la première médaille de sa jeune carrière dans un championnat du monde senior, avec un chrono qui le fait basculer un peu plus dans le monde des grands de la discipline. Co-détenteur du record de France avec Gilles Quénéhervé jusqu'à ce 3 septembre, Christophe Lemaitre est désormais seul dans l'Hexagone. Et certainement pour longtemps, avec au compteur un 19"80 du plus bel effet. Le natif d'Annecy est le premier Tricolore a monter sur un podium mondial en sprint pur (en dehors des haies) depuis... Gilles Quénéhervé en 1987. A Rome, celui qui termine sa formation à l'ENA avait pris l'argent derrière Calvin Smith (pour un millième), battant lui aussi le record de France (20"16) Le triple champion d'Europe savait qu'il possédait les jambes pour descendre sous les 20 secondes, ce qui aurait pu se produire à Stockholm cette année lors de la Coupe d'Europe par équipes sans un vent défavorable trop violent (20"28, à -2,8 m/s). Tout de même, il n'avait certainement pas imaginé réaliser un tel temps à Daegu, à huit centièmes seulement de la performance mythique en Europe de l'Italien Pietro Mennea, établie en altitude, à Mexico, le 12 septembre 1979 (19"72). "Je savais que j'avais mes chances, a déclaré Lemaitre devant les caméras de France 2. J'ai perdu du temps dans le virage mais quand j'ai vu que le Norvégien (ndlr, Jaysuma Saidy Ndure) revenait, je me suis dit: "C'est pas possible, c'est mon jour", et j'ai tout donné." Dix aime l'argent Et pour mesurer un peu mieux ce qu'a réalisé le Français, il s'approche à 21 ans du record de la légende Carl Lewis (19"75 en juin 1983). Usain Bolt, lui, est entré depuis trois ans - et les JO de Pékin - dans l'histoire de l'athlétisme, et le Jamaïquain a également remis les pendules à l'heure après un 100m cauchemardesque, marqué par son faux départ. L'impression laissée en demi-finales par l'homme le plus rapide de tous les temps s'est confirmée samedi. Bolt n'a pas forcé pour distancer de très loin la concurrence, en coupant la ligne en 19"40, le 4e chrono de tous les temps derrière Michael Johnson (19"32) et lui-même à deux reprises, il y a trois ans à Pékin (19"30) puis en 2009 à Berlin (19"19). On a donc retrouvé le Jamaïcain, écrasant ses adversaires du moment, à commencer par Walter Dix. Après les demi-finales, l'Américain avait joué la "provoc" en affirmant qu'il visait tout simplement l'or, désireux de mettre fin au règne de Bolt. Une autre fois peut-être. En attendant, Dix récolte une deuxième médaille d'argent (19"70) à Daegu, après celle du 100m.