Le triomphe d'Audi

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Guillaume BARDOU , modifié à
24H DU MANS - Audi a signé un triplé lors de l'édition 2010.

24H DU MANS - Audi a signé un triplé lors de l'édition 2010.Etre le plus rapide en piste ne suffit pas en endurance, surtout au Mans. A la vitesse moyenne et aux performances des pilotes, il faut aussi savoir passer le moins de temps possible dans le box, afin d'aligner les rondes et les passages dans la mythique ligne droite des Hunaudières. Ce paramètre fait le charme de cette épreuve, sa cruauté aussi parfois. Car le circuit de la Sarthe, long de 13,629 km, est un tracé spécial, unique dans sa façon de martyriser les mécaniques les plus éprouvées. Comment expliquer sinon un tel camouflet chez Peugeot après des heures de simulations, d'essais et de course, qui plus est depuis quatre ans, date du lancement du programme 908 ? Audi, fort de son expérience jalonnée jusque-là de huit victoires sur les dix dernières années, a su saisir l'opportunité, sans démériter. Car face aux avions Peugeot aux ailes bien fragiles, la firme d'Ingolstadt a opposé une R15 dont l'adjectif « Plus » n'est pas usurpé. Plus de maitrise, plus de confort de pilotage par rapport à l'an passé, plus de fiabilité surtout. Les métronomes AudiEn un an, le profil du nouveau prototype Audi a en effet radicalement changé. Battu l'an passé par les 908, les ingénieurs de la marque aux quatre anneaux n'ont pas chômé. Avec comme point d'orgue ce fabuleux triplé, construit sur l'extrême robustesse de leur mécanique. En 24 heures, les R15 ne seront entrées au stand que pour les ravitaillements et les passages de relais entre pilotes. A l'exception de deux réparations, cantonnées à de la carrosserie suite aux sorties de piste de Kristensen (samedi à 19h) et de Lotterer (dimanche midi). Aucune alerte mécanique et un tableau de marche bien établi qui visait à user le lièvre Peugeot. Aux incroyables chronos des pilotes 908, Audi a répondu par un rythme défini et adopté d'emblée. Les neufs pilotes R15 se sont transformés en métronome. Ne pouvant aller chercher les 908 à la régulière sur la piste, ils ont attendu leur heure. Un long cauchemar pour PeugeotCelle-ci est sûrement arrivée plus vite que ne pouvait le pressentir les techniciens de la marque aux anneaux. 2 heures 30 et la numéro 3 de Bourdais-Lamy-Pagenaud rendait l'âme, rétablissant l'équilibre numérique entre les deux équipes. La suite ne fut qu'une succession d'embûches pour la marque française. Le bilan technique est édifiant. Une attache de suspension à la coque rompue (causant donc l'abandon immédiat de la n°3), un alternateur capricieux à l'origine de court-circuits (dix minutes d'arrêt pour la n°1, dès le soir), un arbre de transmission touché requérant un changement d'un demi-train arrière (à 3h du matin pour la n°4, confiée au team Oreca), puis enfin trois pannes sur le moteur (à 7 heures du matin dimanche pour la n°2 alors en tête, et dans les dernières heures pour la n°1 et la n°4). L'énumération des problèmes rencontrés est presque trop longue et les réunions techniques des prochaines semaines s'annoncent musclées du côté de Vélizy.Des relais époustouflants en cache misèreCruel pour ses équipages irréprochables, d'un Franck Montagny une nouvelle fois impeccable à un Marc Gené impressionnant au cours de son relais nocturne. Lancés parfois dans des remontées vertigineuses, avant d'être encore trahis par leurs prototypes, les pilotes 908 auront écrit des moments marquants de cette édition. A défaut d'être historique en raison d'un dénouement bien amer à digérer. Peugeot avait les armes, les guerriers pour devancer Audi. Pas la fiabilité si importante pour l'emporter. Les Lions pourront se consoler en notant qu'ils ne sont pas les seuls « géants » à avoir trébuché. Pour sa première apparition en GT2, Corvette a craqué, ne menant pas à l'arrivée ses deux C6 ZR officielle. Les « jaunes américains » n'avaient pourtant pas habitué les observateurs à un tel résultat, trustant les podiums lors de ses apparitions précédentes en GT1. Mais ces 24 Heures 2010 se seront avérées bien difficiles pour nombre de concurrents. De Nigel Mansell et ses fils, dès le cinquième tour, à Jean Alesi et sa Ferrari le dimanche matin, ils sont presque 30 équipages à ne pas avoir vu le drapeau à damier. Sur 55 concurrents au départ samedi. Le Mans plus que jamais se mérite. Et Audi, dans l'esprit de l'endurance, fait un beau vainqueur.Voici le palmarès des 24 Heures du Mans 2010:1) Audi R15 n°9 (Bernhard-Dumas-Rockenfeller)2) Audi R15 n°8 (Lotterer-Fassler-Tréluyer)3) Audi R15 n°7 (Capello-Kristensen-McNish)...LMP2: HPD n°42 (Leventis-Watts-Kane)LMGT1: Saleen S7R n°50 (Gardel-Berville-Canal)LMGT2: Porsche 997 n°77 (Lieb-Lietz-Henzler)