"Le point de départ du Vendée Globe"

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Europe1 Sport , modifié à
Pendant toute la Route du Rhum 2010, Yann Eliès nous a livré ses analyses sur la météo et la stratégie des skippers engagés dans les cinq classes. Pour cette dernière, le Briochin dresse le bilan de cette neuvième édition record, il évoque également sa situation personnelle avec un avenir qui se dessine autour du monde, sur le prochain Vendée Globe.

Pendant toute la Route du Rhum 2010, Yann Eliès nous a livré ses analyses sur la météo et la stratégie des skippers engagés dans les cinq classes. Pour cette dernière, le Briochin dresse le bilan de cette neuvième édition record, il évoque également sa situation personnelle avec un avenir qui se dessine autour du monde, sur le prochain Vendée Globe. Ultime: "Quel avenir ?" "Grâce à cette Route du Rhum, on a pu voir que pour les sponsors qui investissent dans ces bateaux pour des records, une course comme la Route du Rhum, ou l'année prochaine la Transat Jacques-Vabre, offre de nouveaux débouchés, c'est bien. Après, ils ont eu 80% des retombées médiatiques, c'est un peu dur pour les autres classes, je pense qu'à l'avenir, il faudra trouver des solutions pour que ce soit plus équilibré. Car d'un point de vue sportif, l'intérêt n'a pas forcément été aussi fort que dans les autres classes, on a vite vu que la victoire se jouerait entre trois-quatre bateaux, et encore... Je prêche certes pour ma paroisse, mais je pense que l'Imoca méritait une meilleure exposition avec neuf bateaux au départ et quasiment autant de vainqueurs potentiels, ce serait bien qu'à l'avenir, le partage du gâteau médiatique soit plus équilibré. En plus, on peut se poser la question de l'avenir de cette classe Ultime, car le nombre de bateaux reste limité, et il n'y a pas vraiment de projets en cours. Là, c'était plus l'occasion qui faisait le larron." Imoca: "Le point de départ du Vendée Globe" "La vraie satisfaction de la course en Imoca, c'est de voir que la flotte, malgré l'arrivée de trois nouveaux bateaux, a conservé toute son homogénéité. On aurait pu craindre que le fossé se creuse entre anciens et nouveaux bateaux, ça n'a pas été le cas. Certes, dans certaines conditions de reaching et de travers, les nouveaux bateaux semblent légèrement plus puissants, mais les performances restent assez similaires. Bilou a confirmé qu'un bateau d'ancienne génération pouvait encore rivaliser avec les nouveaux, la Barcelona World Race en fin d'année sera un nouvel indicateur à l'échelle d'un tour du monde. C'est très encourageant en vue du futur Vendée Globe qui restera une très belle régate dans laquelle ce seront les marins qui feront la différence. Et c'est la preuve que les choix qui ont été faits par la classe après le dernier Vendée Globe de limiter les innovations techniques et donc les coûts ont été les bons, on arrive à ce qui avait été souhaité. Le bilan global est super satisfaisant, je pense que cette Route du Rhum est le point de départ du prochain Vendée Globe, on va sans doute voir se concrétiser dans les mois qui viennent des projets qui tentaient de se lancer; en milieu d'année, on aura une première idée des forces en présence pour le prochain Vendée, on peut à mon avis compter sur 20-25 bateaux, on peut même espérer 30." Multi 50: "Des questions à résoudre" "Même si on a vécu une très très belle histoire avec la victoire de Lionel Lemonchois, la classe des Multi 50 est en plein doute avec la casse qui a frappé Crêpes Whaou! et Actual. Elle va devoir prendre des décisions rapidement pour essayer de résoudre ces problèmes de casse, ce sont des moments difficiles pour cette jeune classe qui est en train de se structurer. Rendez-vous pour les Multi 50 à la Jacques-Vabre 2011 !" Class 40: "L'arrivée d'une étoile montante" "On retrouve aux deux premières places deux grands marins, Thomas Ruyant et Nicolas Troussel. Mais cette Route du Rhum est surtout la confirmation au grand jour d'un grand skipper, Thomas Ruyant, on a vraiment assisté à l'arrivée d'une nouvelle étoile montante. J'espère qu'il va rapidement trouver de l'argent pour venir titiller les concurrents du prochain Vendée Globe, même chose pour Nicolas Troussel qui a amplement mérité son passage dans la classe supérieure. Cette Route du Rhum est aussi le succès d'une Class 40 qui a su trouver pour l'instant les moyens de limiter les budgets, il y a une homogénéité au niveau des architectes, ça permet aux amateurs de côtoyer en compétition des professionnels. C'est un peu comme en Figaro sur des bateaux plus petits." Mon avenir: "Le Vendée Globe" "Pour achever ces chroniques, un petit point sur mon avenir qui se dessine autour du monde: j'ai réuni une bonne partie de mon budget pour participer au prochain Vendée Globe, je dois prendre une décision en décembre sur la stratégie à suivre, sachant qu'une chose est sûre, compte tenu des délais, je ne construirai pas un nouveau bateau. Donc soit je tente de compléter ce budget, ce qui me permettrait de monter un projet vraiment gagnant, soit j'accepte de partir avec ce budget, ce qui implique pas de développement technologique sur le bateau d'ici le départ, juste de l'entretien et une petite équipe. C'est un peu ce qu'a fait Bilou cette année, mais en contrepartie, il a beaucoup navigué, ça a payé. Sa victoire me rassure sur la capacité des anciens bateaux à rester bien placés. Là, je fais la transat retour en convoyage sur Veolia Environnement, c'est un des trois bateaux qui m'intéressent dans cette optique, avec deux autres plans Farr, l'ancien Foncia de Michel Desjoyeaux, qui fait la Barcelona World Race, et l'ancien Delta Dore de Jérémie Beyou. Cette traversée va me permettre de voir les différences avec mon ancien bateau, c'est intéressant. Voilà pour cette belle Route du Rhum, je reprends la mer, à bientôt !" Yann