Le cauchemar d'Evans

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François TESSON , modifié à
TOUR DE FRANCE - Malgré une fracture du coude, l'Australien a tout de même fini l'étape.

TOUR DE FRANCE - Malgré une fracture du coude, l'Australien a tout de même fini l'étape. Il n'y a pas que Lance Armstrong qui a perdu le Tour, il y a deux jours. Cadel Evans, lui aussi, a vu ses rêves se briser lors d'une chute. Mais lui-même ne le savait encore. Car le champion du monde, galvanisé par la perspective de revêtir le maillot jaune, s'était accroché, terminant sixième à Avoriaz dimanche, dans la roue d'Alberto Contador. Ce n'est simplement que lundi, lors de la journée de repos, que Cadel Evans prendra la mesure de sa blessure. Les radios passées après un entraînement écourté révèleront un trait de fracture au coude gauche. Blessé, le tout frais maillot jaune va alors décider de cacher ses faiblesses à ses adversaires. Ce n'est qu'après l'arrivée, à Saint-Jean-de-Maurienne ce mardi, que le directeur de la formation BMC, John lelangue, fera part à la presse de ce dont souffrait réellement son leader. Le mal était déjà fait. Evans venait de perdre huit minutes sur ses rivaux. Et toutes ses chances de bien figurer au classement général. Au départ de Morzine, l'Australien savait sa position de leader fragile. Il se doutait bien que ses adversaires, Andy Schleck en tête, allait tenter de déstabiliser un champion du monde à la limite de la rupture de l'ascension vers Avoriaz. "On a joué un poker menteur toute la journée, il était hors de question d'abandonner le maillot jaune", concédait Lelangue à l'arrivée. Evans : "Le Tour est fini pour cette année" "Ça a tenu, même si dans les descentes il avait plus de mal. Mais la Madeleine (25.5 kilomètres d'ascension à 6.2% de moyenne) est un col qui ne pardonne pas", concède le directeur sportif de la formation américaine. Dès les premières accélérations, Cadel Evans a commencé à se porter à l'arrière d'un groupe d'une trentaine de coureurs, avant de céder, irrémédiablement, à un peu moins de dix kilomètres du sommet. Le champion du monde en titre n'avait alors plus que son courage pour lutter. Bien loin de l'impression laissée par Schleck et Contador, c'est un Evans prostré sur sa machine qui tentait de limiter la casse sur les rampes les plus abruptes de ce col classé hors-catégorie, mais en vain. Pointé à plus de sept minutes vingt au moment de basculer vers Saint-Jean-de-Maurienne, Evans a coupé la ligne d'arrivée avec huit minutes et sept secondes de retard sur le nouveau leader de cette Grande Boucle, Andy Schleck. A peine arrêté, le champion du monde, accablé par une douleur tant physique que morale, fondait en larmes dans les bras de son coéquipier, Mauro Santambrogio, qui l'a accompagné sur la fin. "Je paye les conséquences de ma chute depuis 48 heures", a simplement expliqué le leader de la BMC devant le bus de son équipe, après une nouvelle accolade avec Santambrogio. "Je ne suis pas à mon niveau habituel. Le Tour est fini pour cette année." S'il a refusé d'abandonné, Cadel Evans parviendra-t-il à atteindre les Champs-Elysées.