Le Stade Français en plein psychodrame

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avec agences , modifié à
RUGBY - Le repreneur canadien n'a pas apporté d’argent. Guazzini et Laporte ont porté plainte.

Le Stade Français, menacé de rétrogradation administrative par la Direction nationale d'aide et de contrôle de gestion (DNACG), avait cru sauver sa peau le 3 juin dernier. L'organisation canadienne Facem (pour Fondation pour l'amélioration des conditions de l'enfance dans le monde) s'était engagée à effacer le déficit cumulé de 5 millions d'euros et à apporter l'argent nécessaire au maintien du club dans le Top 14, soit un apport de 12 millions d'euros au total. Problème : le club a annoncé mardi avoir découvert "ce week-end (...) que les documents et garanties fournis par la Facem Corporation, à l'enseigne d'une grande banque internationale, étaient des faux." Plus de repreneur, pas d'argent, pas de sauvetage. Et l'état d’urgence de nouveau déclaré.

Laporte et Guazzini portent plainte

Ex-entraîneur du Stade Français (1995-99), ex-entraîneur de l'équipe de France (2000-07) et ex-secrétaire d'Etat aux Sports (2007-09), Bernard Laporte ne manque pas d'expérience. Mais il n'a pas flairé le mauvais coup. L’ancien demi de mêlée, qui s'était associé à la Facem au sein de l’entité "Rugby développements", a déposé plainte pour escroquerie en début de semaine auprès de la sous-direction des affaires économiques de la direction de la police judiciaire parisienne. Le montant du préjudice estimé s'élève à 100.000 euros. L'ancien actionnaire majoriraire, Max Guazzini, qui devait détenir 25% des parts du nouveau montage financier, a lui aussi porté plainte.

Des joueurs dans l'incertitude

Recapitalisé, le club avait annoncé la signature d'une vingtaine de joueurs et un effectif chamboulé pour la saison prochaine. Mardi encore, on apprenait l’arrivée de deux nouveaux joueurs en provenance du Super 14, le championnat de l'hémisphère Sud. Le demi de mêlée néo-zélandais, Byron Kelleher, était attendu. Mais, recrutés ou approchés avec de l'argent fantôme, ces joueurs se retrouvent aujourd'hui dans une situation bien délicate. En revanche, ce contretemps fâcheux pourrait être salvateur pour Mathieu Bastareaud, qui fait le forcing pour quitter le Stade Français et rejoindre Toulon.

Boudjellal : "Laporte a été aveuglé"

Interrogé par L'Equipe TV, le président du RC Toulon, qui avait émis des réserves sur le repreneur du Stade Français, a fait part de son dépit. "On savait que l'on ne pouvait pas faire confiance à une organisation dont le fonds de commerce est l'enfance maltraitée. Bernard Laporte est un homme honnête. Il a été aveuglé par sa folie passionnelle. Il n'est pas mort. Il va rebondir." Quelques jours après l'annonce de la reprise du club, Mourad Boudjellal s'était étonné : "On a un groupe canadien avec cette espèce de société puante qui dit : venez chez moi, les bénéfices seront investis dans l'enfance maltraitée. Ça veut dire quoi ?". Les faits donnent aujourd’hui raison à l’homme fort du RCT.

Malgré l'enchaînement des événements, le Stade Français s'est montré confiant pour la suite mardi, annonçant que "d'ores et déjà, un nouveau tour de table ouvert se constitue afin d'assurer l'avenir et la pérennité du club". L'absence de recapitalisation pourrait entraîner un dépôt de bilan et la rétrogradation du club en Pro D2, voire en Fédérale 1, la 3e division du rugby français. La situation du club sera examinée par le Conseil supérieur de la DNACG lundi prochain.