Le Pechoux: "Ce serait incroyable..."

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Propos recueillis par MICHAEL BALCAEN , modifié à
Souvent brillant lors des épreuves de Coupe du monde, Erwann Le Pechoux court toujours après un premier grand titre en individuel. Au sortir d'une saison seulement moyenne, le fleurettiste se sent dans la peau d'un outsider pour ces championnats du monde. Mais la perspective d'évoluer au Grand Palais à Paris représente une énorme source de motivation dont il entend profiter pour s'offrir une médaille.

Souvent brillant lors des épreuves de Coupe du monde, Erwann Le Pechoux court toujours après un premier grand titre en individuel. Au sortir d'une saison seulement moyenne, le fleurettiste se sent dans la peau d'un outsider pour ces championnats du monde. Mais la perspective d'évoluer au Grand Palais à Paris représente une énorme source de motivation dont il entend profiter pour s'offrir une médaille. Comment avez-vous préparé ces championnats du monde ? La pression monte, on a envie d'y être, on sait pourquoi on s'entraîne et j'aime ça. Il y a davantage d'implication à l'entraînement, c'est même parfois un peu tendu car on veut tous gagner cette compétition pas comme les autres. Je compare ces Mondiaux à des Jeux Olympiques, il y aura la même effervescence, avec de vraies retombées en cas de réussite. Un titre mondial ne remplace pas un titre olympique mais sur le plan humain, la sensation d'un titre à Paris vaut le titre olympique à l'autre bout du monde. Que représente le Grand Palais ? Je ne me rendais pas vraiment compte jusqu'à ce que je vois la communication de la Fédération. C'est un très bel endroit et même si on ne peut se rendre compte de ce que ce sera (les escrimeurs l'ont vu avant l'installation), ça va en surprendre plus d'un. Ça va faire bizarre le premier jour. J'espère que l'appui du public va nous aider à nous transcender comme ce fut le cas à Nîmes en 2001. C'est exceptionnel, il faudra se dépasser et ne pas être écrasé par ce poids, ce cadre. J'espère que ça va plus aider que freiner. Comment abordez-vous l'épreuve individuelle ? Je suis dans les 16 mondiaux mais pas dans les premiers. C'était important d'être tête de série pour éviter d'aller à la Halle Carpentier 3 jours avant. Et puis, il y a toujours une possibilité de se faire piéger. Je considère que j'ai le potentiel pour une médaille. Aux championnats d'Europe, je perds 15-14 en quarts, là les quarts sont accessibles et même si j'ai souvent bloqué sur cette étape, c'est réalisable, je sais que les gens ont peur face à moi. Je pars pour une médaille et je serais déçu si je n'en avais pas. Sur un jour, je peux le faire. Une médaille aux « Monde » en France, ce serait incroyable... "Je fais peur" Pouvez-vous nous parler de votre saison ? J'ai été longuement blessé, j'ai préparé ma saison en janvier mais j'ai peut-être été un peu trop facile. Cela faisait 4 ou 5 ans que j'étais dans les 5 premiers, je me suis un peu endormi mais avec la pression des Mondiaux après une compétition manquée, puis une deuxième ça s'est tendu alors qu'avant la qualification était acquise dès la première... J'ai souvent été favori dans le passé, comme à Pékin, j'assumais mais c'était compliqué. Dans ma tête, je suis passé de "Je ne peux pas rater une médaille" à "Je peux faire une médaille", c'est différent. Avez-vous retenu la leçon des JO de Pékin ? Je pensais avoir digéré mais aux championnats d'Europe, ça s'est reproduit puisqu'en quart, je mène 14-12 et je perds 15-14. Sur les 5 dernières années, je suis un des plus réguliers dans les 5, si j'ai échoué en quarts, je fais peur car je m'incline à chaque fois 15-14. Il me reste un cap à franchir, j'espère que ce sera à Paris. Etes-vous stressé ou décontracté avant une compétition ? Je suis plutôt anxieux jusqu'à la première touche mais après je suis libéré. Le fait d'être à Paris ajoute du stress car il y a une attente. Ce seront mes seuls championnats du monde à la maison, donc il ne faut pas les rater. "Aux Europe, perdre face à la Biélorussie, c'est une honte" Les escrimeurs handisport vont «tirer » en même temps que vous, qu'est-ce que cela vous inspire ? C'est important même si ce n'est pas première fois puisque cela avait été le cas à Turin en 2006. C'est le même sport mais on ne se côtoie pas vraiment. Il faut une aire de jeu monumentale et c'est une chance pour eux comme pour nous d'être tous ensemble. Ils vont bien marcher, ça peut nous donner un coup de pouce. Comment expliquez-vous les difficultés de l'équipe de France de fleuret ? On a été trois fois champions du monde en dominant largement la concurrence et la discipline n'était pas présente aux Jeux Olympiques de 2008 et ensuite on a eu du mal à retrouver l'état d'esprit, il y a eu quelque chose de cassé. Aux Europe, perdre face à la Biélorussie, c'est une honte. Nous ne sommes plus les patrons mais les outsiders de la compétition. C'est un tableau difficile mais les équipes nous correspondent bien. Si on s'y met tous, on peut battre la Russie en quarts, si c'est comme aux « Europe », on peut battre Hong Kong mais on prendra une branlée. Il faut tirer dans le même sens. Comment expliquez-vous cette cassure ? Il y a plein de facteurs, c'est une nouvelle équipe, certains ont du mal à basculer après les individuels... C'est un problème d'état d'esprit, de compréhension des consignes collectives, de confiance. C'est dommage car on a fait de belles choses cette saison, on a battu l'Italie, la Russie, la Pologne mais ce n'est pas fait avec constance. Il y a beaucoup de problèmes à régler mais si on parvient à se transcender, qu'il y a la cohésion nécessaire, le groupe a les moyens de faire quelque chose.