Le Brésil perd un géant

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Par William-Alexandre PROUST , modifié à
L'un des joueurs les plus talentueux de l'histoire du Brésil est mort ce dimanche matin. Socrates, ancien milieu offensif et capitaine de la Seleçao, est décédé des suites d'une grave infection intestinale. La fin tragique de sérieux problèmes avec l'alcool, qui l'avait fait échouer à l'hôpital déjà deux fois cette année, en août puis en septembre.

L'un des joueurs les plus talentueux de l'histoire du Brésil est mort ce dimanche matin. Socrates, ancien milieu offensif et capitaine de la Seleçao, est décédé des suites d'une grave infection intestinale. La fin tragique de sérieux problèmes avec l'alcool, qui l'avait fait échouer à l'hôpital déjà deux fois cette année, en août puis en septembre. L'une des figures des années 1980 vient de s'échapper à jamais. Sampaio de Sousa Vieira de Oliveira dit "Socrates", 57 ans et grand frère de l'ex-Parisien Raï, est décédé dimanche matin à l'hôpital Albert Einstein de São Paulo, victime d'une grave infection intestinale pour laquelle il avait dû être hospitalisé depuis jeudi. L'issue tant redoutée de ses tristes problèmes avec l'alcool, qu'il avait fini par reconnaître en septembre après une deuxième hospitalisation en trois semaines, pour soigner une hémorragie digestive, conséquence d'une trop grande consommation. Mais plus que l'image d'un longiligne milieu de terrain offensif, symbole d'un football brésilien séduisant dont il était le capitaine à la Coupe du monde 1982, Socrates laisse derrière lui un vide dans la culture auriverde. Véritable "anomalie" parmi ses pairs, ce grand barbu avait réussi ce qu'il est devenu quasi impensable aujourd'hui, en décrochant un diplôme de médecine au cours de sa carrière professionnelle. Sa stature, son intelligence et surtout son élégance balle aux pieds faisait de lui un parfait ambassadeur de sa discipline au pays le plus vaste d'Amérique du Sud. Un rôle politique et social Un rôle qu'il a prolongé jusqu'à la scène sociale et politique, en s'engageant publiquement et à sa manière contre la dictature militaire qui sévissait à l'époque (1964-1985). Avec Wladimir, puis d'autres partenaires, il avait fondé la "démocratie corinthienne", qui voulait qu'une décision proposée au sein de son club des Corinthians soit adoptée après un vote de l'ensemble des joueurs. A l'époque où personne, au Brésil, ne souhaitait afficher un trop grand désir de liberté, ce changement de fonctionnement politique au sein d'une équipe phare du championnat auriverde, mais alors au fond du trou sportivement, fait partie de la mémoire footballistique collective au pays de Gilberto Gil, lequel a d'ailleurs écrit une chanson en hommage à cette démocratie atypique. "Democratia", un mot que l'on retrouva en 1982 sur le maillot des Paulistes lorsque la publicité fit son apparition sur un maillot que portait fièrement cet OVNI, qui fumait un paquet de cigarettes par jour et parfois une clope à la mi-temps. Une légende, on vous dit.