La référence Bernard

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Sylvain LABBE , modifié à
NATATION - Le champion olympique a signé un chrono canon sur 100 mètres (48"32).

NATATION - Le champion olympique a signé un chrono canon sur 100 mètres (48"32). Il se passe donc toujours quelque chose aux Championnats de France. Un an après la folie plastique des combinaisons, voilà qu'un début de polémique enfle autour d'une politique des minima, instaurée par la DTN, d'une extrême exigence, réputée parmi les plus sévères de la planète natation, et qui chaque jour laisse sur le carreau bien des prétendants à la qualification pour les championnats d'Europe de Budapest (9-15 août). La Fédération envisageait de s'envoler pour la Hongrie avec une cinquantaine de nageurs, ils sont après trois jours, à la moitié de la compétition varoise, 22 à avoir validé leur billet pour le rendez-vous continental. Dans les temps donc a priori... Mais quand ces minima, à réaliser dès les séries, puis en demi-finales, avant d'être contraint de se classer parmi les quatre premiers d'une finale, font des victimes du calibre de Frédérick Bousquet et Fabien Gilot, membres du relais tricolore, tombés jeudi dès les séries de l'épreuve reine du 100 mètres, forcément les questions affluent... "The rule is the rule (*)", tentait de plaisanter au micro d'Eurosport un Francis Luyce, président de la Fédération française (FFN), quelque peu gêné aux entournures à l'heure de commenter ces deux défections de choix. "On a été un peu surpris ce matin, c'est vrai... Il semblerait que se dessine une participation sur le 100 mètres (à Budapest) différente que celle que l'on n'avait souhaité... La règle est ainsi faite." Bernard: "Les championnats de France ne sont qu'une étape pour moi" Des séries matinales explosives donc, où Alain Bernard imposait lui en revanche d'emblée la marque du champion olympique de la distance, passant pour la première fois de la saison sous les 49 secondes et du même coup du 17e au 4e rang au bilan mondial, avec déjà le meilleur chrono du plateau en 48"92. Trois autres nageurs avec l'Antibois parvenaient alors encore à satisfaire aux premiers critères de sélection pour l'Euro, en réussissant le premier des deux minimas imposés (49"64). Amaury Leveaux (49"14), suivi de près par les 17 ans de Yannick Agnel (49"18), mais aussi Grégory Mallet (49"22) et le Marseillais William Meynard (49"23). Pas de trace en revanche des autres Phocéens, cadors des deux premières journées de compétition et favoris désignés sur cette distance. Impressionnant sur 50 mètres la veille dans le sillage de Bousquet, Fabien Gilot passait à côté, seulement sixième en 49"69 après avoir raté sa touche en fin de course. Mais que dire de Bousquet, rejeté à la dixième place (50"36)... "Je me suis relâché après mon titre sur 50 mètres libre, mercredi, et ma course ne me surprend pas, lâchait l'intéressé, détaché, sur le site de Ouest-France. Surtout que je ne travaille pas de manière spécifique le 100 mètres. La difficulté, c'est de me mettre dedans. J'y vais avec une certaine retenue." L'homme d'Auburn lâchait même dans un éclat de rire: "C'est cool, je vais pouvoir aller faire du shopping à Cannes..." Finalement ramené à ses obligations, Bousquet était finalement bien du rendez-vous des demi-finales. Et quel rendez-vous ! Non content d'avoir frappé un premier grand coup en séries, Bernard enfonçait le clou établissant ni plus ni moins que la meilleure performance mondiale de l'année en 48"32 ! Ils étaient cette fois trois nageurs à passer sous cette barre des 49 secondes et à satisfaire aux minima. William Meynard reprenait le flambeau marseillais en 48"79. Agnel lui aussi confirmait en fixant un nouveau record personnel (48"99). De quoi mériter pour le jeune Niçois, plus que jamais candidat au relais, de tomber dans les bras de l'aîné et patron, dont les paroles avaient presque valeur d'adoubement. "C'est un grand champion, n'hésitait pas à déclarer Bernard devant les caméras d'Eurosport. C'est une joie de nager à côté de lui et je suis content qu'il progresse et qu'il se fasse plaisir..." L'Antibois avait oublié d'un coup d'un seul les doutes du meeting d'Amsterdam, où il y a un mois, il nageait en plus de 50 secondes. "L'objectif, c'était les minimas. C'était important de ne pas rester sur le carreau dès le matin. Les championnats de France ne sont qu'une étape pour moi. Quant à mon temps, il est là et ce n'est pas un hasard." A proximité, son entraîneur, Denis Auguin avait eu raison de ne pas s'affoler: "Je suis très satisfait de la nage qu'il utilise, il y encore un petit déficit de force dû à son entraînement décalé de six mois et à notre grande stratégie de préparation des JO. Mais cela fait parie des courses qui me font le plus plaisir. Il y a dix jours, on le donnait pour mort et bien voilà, il n'est pas mort." Les Marseillais battus, mais... Mais le danger n'est pas écarté pour autant. Bernard, Meynard et Agnel: ces trois-là devront impérativement se classer parmi les quatre premiers en finale vendredi pour se qualifier pour l'Euro de Budapest. Un objectif perdu pour Amaury Leveaux, qui en 49"25 échouait à son tour sur les minima (49"10) imposés dans ces demi-finales. Déception pour Gilot, qui passait également sous les 49 secondes (48"62), mais trop tard... Le mal était fait depuis le matin. Tandis que Bousquet, à peine plus performant (49"41), se faufilait malgré tout en finale grâce à ce huitième chrono... Manager du CN Marseille, Romain Barnier, comblé par les premiers jours de compétition, avait toutes les raisons d'être amer après les déconvenues de ses deux sprinteurs vedettes. Et pourtant, pas question d'abdiquer. Perdu pour perdu, ses hommes peuvent encore décrocher le titre vendredi et, perversité du système de ces sacrés minima, empêcher du même coup Bernard, Meynard, leur coéquipier, ou Agnel, condamnés à se classer parmi les quatre premiers en finale, de valider leur billet pour Budapest. "Il n'y a pas de place pour les regrets, il y a quatre nageurs de Marseille dans cette finale A, des places dans le relais à prendre, il n'y aura des regrets, si regrets il doit y avoir, qu'à la fin de ces championnats..." Pourvu que les Bleus n'en aient pas trop tout de même...