La finale, ça vous gagne ?

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LAURENT DUYCK , modifié à
Est-ce le décalage horaire qui oblige les Français à se lever tôt ou la faible qualité du jeu proposé par les Bleus ? Toujours est-il que le parcours du XV de France en Nouvelle-Zélande peine à faire lever les foules depuis le début de la compétition. La montée en puissance d'un véritable engouement est attendue avec cette finale de rêve entre la France et les All Blacks dimanche à Auckland.

Est-ce le décalage horaire qui oblige les Français à se lever tôt ou la faible qualité du jeu proposé par les Bleus ? Toujours est-il que le parcours du XV de France en Nouvelle-Zélande peine à faire lever les foules depuis le début de la compétition. La montée en puissance d'un véritable engouement est attendue avec cette finale de rêve entre la France et les All Blacks dimanche à Auckland. Quelques pics d'attention et de grands vides. Depuis bientôt deux mois que la Coupe du monde a commencé, la France vit au rythme du parcours de son équipe nationale. Comme les Bleus, les Français ont peiné à entrer dans la danse, caressé (en vain) le rêve de faire tomber les All Blacks en phase de poules, déchanté après la défaite contre les Tonga, vibré face à l'Angleterre ou encore tremblé devant le pays de Galles. "Je pense que les Français (les joueurs, ndlr) ont fait souffler le chaud et le froid par rapport aux attentes placées en eux", résume Denis Masseglia, le président du CNOSF. Résultat, difficile d'identifier au sein de l'Hexagone un véritable engouement populaire que la victoire contre l'Angleterre avait semblé rallumer mais que le succès douloureux obtenu contre les Gallois a douché en partie. Un constat que bat en brèche François Pellissier, le patron des sports de TF1. "Quand j'entends qu'il n'y a pas d'engouement autour de cette Coupe du monde, ça me surprend. Cette Coupe du monde est un vrai succès populaire !", proteste-t-il, s'appuyant sur les audiences réalisées par la Une depuis le début de la compétition: 9,5 millions de téléspectateurs samedi dernier pour France-Pays de Galles avec un pic à plus de 11 millions en fin de match, près de 7 millions le lendemain pour Nouvelle-Zélande-Australie. "Des chiffres exceptionnels pour le matin", se félicite le patron des sports de la première chaîne qui a toutes les raisons de se frotter les mains. Mais, lui-même le reconnaît, TF1 touche là un public de "non-spécialistes", des hommes et des femmes regroupés derrière un pays, un drapeau, plus que derrière une équipe. Des téléspectateurs en somme et non des supporters. D'où une mobilisation qui s'essouffle une fois la télévision éteinte, cette sensation de creux étant amplifiée par une programmation qui offre plus ou moins une semaine de récupération entre chaque match, contre trois à quatre jours en football. Le Stade de France ouvre ses portes Pour prendre le relais et entretenir la flamme, personne ou presque. Les médias français, pas tendres avec une équipe de France qui ne fait pas grand-chose pour mériter un soutien sans faille, ont une part (plus ou moins grosse selon le point de vue...) de responsabilités. Mais la Fédération française de rugby (FFR), qui a beau se cacher derrière la distance, le décalage horaire et... la presse, sera aussi restée étrangement discrète, à l'image de son président, Pierre Camou, qui donne l'impression de couler des vacances paisibles en Nouvelle-Zélande... Jusqu'à mercredi, on en aurait presque oublié que la France était au rendez-vous de la finale de la Coupe du monde, seule la lecture du flot de critiques parvenant de Nouvelle-Zélande sur cette présence imméritée nous rappelant à cette heureuse réalité. Moment choisi par la FFR pour communiquer sur le premier dispositif exceptionnel mis en place depuis le début de la compétition: un village d'animations (ateliers d'initiation, matches exhibition de rugby à toucher...) de trois jours, de vendredi à dimanche, sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris où sera diffusée dimanche la finale sur écran géant. Un réveil tardif, la faute aux Bleus qui ont eu la bonne idée d'aller jusqu'en finale. A croire que la FFR n'avait pas envisagé cette hypothèse... "Cela aurait été beaucoup trop optimiste", nous a-t-on répondu à la direction de la communication. Résultat, un dispositif d'ordinaire utilisé pour le Beach Rugby Tour recyclé pour l'occasion qui entrera en concurrence avec l'initiative du consortium du Stade de France d'ouvrir ses portes dimanche matin. Et en province, rien ou presque, seul le Stade Toulousain parmi les places fortes du rugby organisant la retransmission du match sur écran géant à Ernest-Wallon même si, à la communication de TF1, on dit avoir reçu quelques appels de municipalités pour obtenir l'autorisation (accordée gracieusement) de diffuser le match sur écran géant. "C'est étrange, mais on n'a pas été sollicité", s'étonne-t-on à la FFR. Difficile de faire monter la sauce... Comme si les Français avaient du mal à imaginer une victoire française des Bleus dimanche à Auckland contre les All Blacks. Au cas où, promis, la Fédération a tout de même préparé quelque chose...