La BtoB fait le dos rond

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Par Axel Capron , modifié à
Partie le 5 décembre de Saint-Barthélémy, aux Antilles, la flotte des huit solitaires engagés sur la deuxième édition de la Transat BtoB s'apprête à vivre une fin de course musclée, plusieurs gros coups de vent étant prévus d'ici le week-end dans le Golfe de Gascogne. Du coup, l'organisation a imposé une porte obligatoire pour éviter un «atterrissage» trop violent sur Lorient. Côté course, François Gabart fait des étincelles.

Partie le 5 décembre de Saint-Barthélémy, aux Antilles, la flotte des huit solitaires engagés sur la deuxième édition de la Transat BtoB s'apprête à vivre une fin de course musclée, plusieurs gros coups de vent étant prévus d'ici le week-end dans le Golfe de Gascogne. Du coup, l'organisation a imposé une porte obligatoire pour éviter un «atterrissage» trop violent sur Lorient. Côté course, François Gabart fait des étincelles. Après une grosse semaine en mode course, la Transat BtoB devrait passer d'ici la fin de la semaine en mode "survie" en raison de la météo musclée qui attend la flotte d'ici dimanche (l'arrivée des premiers est prévue vendredi ou samedi). L'objectif clairement affiché par les huit skippers en lice sur cette transat en solitaire montée à la va-vite, qui fête cette année sa deuxième édition (la première a eu lieu en 2007 et a été remportée par Loïck Peyron), est en effet de préserver l'intégrité des bateaux, certains skippers jouant sur cette transat leur qualification pour le prochain Vendée Globe. C'est notamment le cas de ceux qui n'ont pas disputé la dernière Route du Rhum (également qualificative), comme François Gabart, Mike Golding, Alex Thomson et Louis Burton, mais également d'Armel Le Cléac'h, qui, s'il a terminé deuxième du Rhum en 2010, avait besoin de valider sa qualification sur son nouveau 60 pieds, Banque Populaire. Bref, pour la majorité des marins, cette Transat BtoB s'apparente plus à un entraînement grandeur nature en vue du tour du monde qu'à une pure régate, d'où la décision, presque unanimement prise lundi, d'en modifier le parcours final. Un train de dépressions est en effet attendu toute la semaine dans le Golfe de Gascogne et sur la Bretagne, rendant particulièrement périlleuses une route directe vers Lorient au milieu du Golfe et surtout une arrivée par trop gros temps dans le port morbihannais. Du coup, une porte de passage obligatoire d'une centaine de milles a été fixée au large du cap Finisterre, la pointe sud-ouest de l'Espagne, de façon à forcer les concurrents à suivre une route sud sous le gros des dépressions avant de remonter le Golfe de Gascogne au plus près des côtes françaises. Gabart devant, escalade pour Dick Une décision de bon sens, qui n'aurait cependant sans doute pas été prise sur une «vraie» course, type Vendée Globe ou Route du Rhum, d'autant qu'elle défavorise ceux qui avaient misé depuis quelques jours sur une route au nord de la flotte, à l'instar de Mike Golding. Joint lundi soir à la vacation, le skipper de Gamesa, cinquième au classement mardi, faisait ainsi contre mauvaise fortune bon coeur: "Je comprends tout à fait la décision de la direction de course et je l'approuve. Maintenant, il me faut bien avouer que sur le coup, j'étais un peu désemparé et démotivé de devoir revoir ma stratégie." Parmi les autres skippers, la décision du directeur de course, Jacques Caraës, était saluée, à l'image de Marc Guillemot, sixième sur Safran: "Je trouve que c'est une très bonne décision qu'a prise la direction de course pour la sécurité des bateaux et des personnes. Rentrer avec des rafales à quarante ou cinquante noeuds dans Lorient, c'est mettre en danger nos bateaux et ceux qui viennent nous aider. C'est une décision courageuse et j'y adhère complètement." Même satisfaction chez celui qui, quasiment depuis le départ, fait la course en tête, François Gabart, qui avait de toute façon prévu de ne pas (trop) se jeter dans la gueule du loup: Cette dépression, on la surveille depuis plusieurs jours et je commençais à réfléchir sur le fait de savoir s'il fallait y aller. Je faisais des routages avec interdiction de monter dans des zones à plus de cinquante noeuds et du coup, je me trouvais avec une route qui m'amenait devant La Corogne. Donc, je pense que c'est une bonne chose pour la sécurité. Si on est capable de faire des choses qui vont dans le sens de la sécurité, il n'y a pas à hésiter." Cette décision fait en outre plutôt les affaires du skipper de Macif, auteur d'une première semaine de course impressionnante, avec d'entrée un bon choix de trajectoire en sortant des Antilles (il avait pourtant tout juste eu le temps de prendre le départ, arrivé sur la ligne au dernier moment), et, depuis, un rythme soutenu qui lui permet, à l'approche de l'Espagne de posséder un bon matelas d'avance sur ses poursuivants, Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), deuxième mardi à environ 80 milles, Vincent Riou (PRB), à 120 milles, Alex Thomson (Hugo Boss) à 180 milles, les autres skippers étant relégués à plus de 200 milles. Parmi ces derniers, le vainqueur de la dernière Transat Jacques-Vabre, Jean-Pierre Dick, se débat depuis ce week-end avec un gennaker récalcitrant qui, bloqué, refuse de s'affaler ou de se rouler. Vu les conditions musclées qui l'attendent pour la fin de la semaine, le skipper de Virbac-Paprec 3 a pris la décision de monter dans son mât pour débloquer cette voile d'avant trop toiléee pour le gros temps, opération en cours mardi matin. Car une chose est sûre, même si le parcours va permettre aux marins d'éviter le gros des coups de vent de la fin de semaine, ils auront droit à une arrivée musclée, confirmée par Armel Le Cléac'h: "Ce n'est pas très drôle d'aller se confronter à ça. Mais une fois exposé, on se dira que c'est fait et qu'on aura cette expérience pour le prochain Vendée Globe. Il va falloir être vigilant, faire le gros dos et être très attentif sur la fin du parcours." Prudence, prudence...