L’œil de Delaigue: "Il est où le plan B ?"

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Les Bleus de Saint-André ont d’ores et déjà posé plus qu’un crampon en quarts de finale de la Coupe du monde. La victoire face au Canada, si elle a permis au XV de France de se libérer, ne suffira pas à faire dévier les Tricolores de leur credo d’un jeu minimaliste. Notre consultant Yann Delaigue s’inquiète de ne pas avoir vu les Bleus profiter de cette première phase pour travailler d’autres options.   

"On monte en puissance"

" On s’est plus régalés à voir jouer d’autres équipes que notre équipe de France. Mais elle entre dans sa Coupe du monde "

"Même si, mathématiquement, la qualification n’est pas acquise –le cas de figure est improbable…-, l’équipe de France est là où on l’attendait après trois matches sur le plan comptable : on est en quarts de finale. Pour ce qui est du bilan sur la manière, nos matches face à l’Italie et la Roumanie ont été plutôt décevants. Heureusement, contre le Canada, on a retrouvé une équipe avec plus d’engagement et plus d’ambition dans le jeu aussi. Et enfin quelques individualités qui ont réussi à sortir du lot (un Fofana à nouveau puncheur, un Dusautoir à son niveau…), là où nos joueurs avaient du mal à s’illustrer dernièrement. Un Fred Michalak par exemple a signé une superbe première mi-temps. L’inconstance demeure, mais on a enfin vu du mouvement, des passes, des prises d’intervalles... C’est positif et ça veut dire qu’on monte en puissance à l’approche de la vraie échéance de la poule contre l’Irlande. Globalement, ce n’est pas honteux de dire qu’on s’est plus régalés à voir jouer d’autres équipes évoluer, sur le plan du jeu, que notre équipe de France. Mais elle entre dans sa Coupe du monde."

"Prometteur pour Fred (Michalak)"

" Il sent bien que ses coéquipiers, comme ses coachs, attendent beaucoup de lui et lui font confiance. "

"Ce match face au Canada est prometteur pour Fred (Michalak) avec beaucoup plus d’inspiration et d’intuition que précédemment. Il sent bien que ses coéquipiers, comme ses coachs, attendent beaucoup de lui et lui font confiance. Le public français aussi. Ça le place dans une situation confortable et ça lui permet d’exprimer, en tout cas sur ce dernier match, toutes ses qualités de créativité et offensives.  Une grande confiance qu’il a su aussi s’exprimer à travers ce 100 % de réussite au pied. Ce qui est toujours un signe important."

"Epargnés par l’hécatombe"

" On n’est pas usés après trois matches et on va aborder l’Irlande avec une bonne fraîcheur. "

"L’autre point positif, c’est de voir nos Bleus plutôt épargnés dans cette Coupe du monde, qui tourne à l’hécatombe pour la plupart des équipes engagées, si l’on excepte bien sûr le forfait de (Yoann) Huget. Un constat à relativiser dans la poule sans doute la plus facile du tournoi, d’où moins d’engagement et donc moins de blessures. Là où on a vu dans d’autres poules des matches joués à une intensité maximale et totale. Je me demande dans quel état les Gallois vont arriver en quarts de finale… L’équipe de France, elle, n’a pas été obligée de se transcender pour gagner ses matches. Et, même si je fais confiance à nos préparateurs physiques, ça nous empêche de tirer de véritables enseignements sur notre dimension physique au cours de cette phase de poules. On n’est pas usés après trois matches et on va aborder l’Irlande avec une bonne fraîcheur."

"Sur nos bases face à l’Irlande"

" On ne va pas se mettre à jouer tous les ballons du jour au lendemain. "

"Face à l’Irlande, on ne va pas sortir de notre cadre, mais bien revenir à un schéma de jeu plus serré, du jeu à une passe, sur nos bases que sont la discipline, la conquête, l’agressivité, l’engagement et la puissance. On ne va pas se mettre à jouer tous les ballons du jour au lendemain. Simplement, j’avais espéré que sur ces premiers matches a priori plus faciles, on réussisse à mettre un peu de passes, un peu de jeu… Parce que si demain on est contrés sur ce jeu de puissance face à une grosse équipe ou si on a un buteur en faillite, il est où le plan B ? Il aurait fallu trouver une parade et faire autre chose. Ces premiers matches auraient dû nous permettre de travailler d’autres pistes, de produire plus de jeu, même si on n’a pas une équipe et les joueurs pour ça. Et même si ce ne sera pas, quoi qu'il arrive, notre option de jeu n°1".   

Europe 1 avec Sports.fr