L'incroyable Dirk

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Thomas PISSELET , modifié à
Depuis sa draft en 1998, Dirk Nowitzki est l'homme d'une seule franchise: les Mavericks. Une équipe qu'il a souvent portée sur ses épaules et guidée jusqu'aux sommets en décrochant le premier titre de champion de Dallas. Désigné MVP des NBA Finals face au Miami Heat (4-2), l'ailier allemand s'impose, à trente-deux ans, comme l'un des meilleurs joueurs européens de l'histoire de la ligue.

Depuis sa draft en 1998, Dirk Nowitzki est l'homme d'une seule franchise: les Mavericks. Une équipe qu'il a souvent portée sur ses épaules et guidée jusqu'aux sommets en décrochant le premier titre de champion de Dallas. Désigné MVP des NBA Finals face au Miami Heat (4-2), l'ailier allemand s'impose, à trente-deux ans, comme l'un des meilleurs joueurs européens de l'histoire de la ligue. Quelques années après, les drafts sont toujours un régal de surprises. Celle de 1998, qui a permis à Dirk Nowitzki d'intégrer la NBA après un début de carrière dans l'anonymat de Würzburg en Allemagne, ne déroge pas à cette règle. Choisi en neuvième position par Milwaukee avant d'être échangé à Dallas contre feu Robert Traylor, celui qui a décroché dimanche face à Miami sa toute première bague, à bientôt trente-trois ans, avait été pris derrière des joueurs comme Michael Olowokandi ou Raef LaFrentz. Treize ans plus tard, vu le parcours de chacun, difficile de ne pas s'en étonner. Quel visage auraient eu les Los Angeles Clippers si, cette année-là, ils avaient misé sur Dirk Nowitzki ? Seraient-ils arrivés au sommet, comme les Mavericks l'ont fait ? Auraient-ils eu la patience d'attendre aussi longtemps avant de remporter un titre ? Impossible à dire. Mais Dallas et son propriétaire Mark Cuban ont su accorder leur confiance à leur ailier européen envers et contre tout. Une fidélité aujourd'hui récompensée. "Je ne peux même pas vous dire à quel point les gens de cette ville ont été géniaux avec moi, assure-t-il sur ESPN. Pendant ces treize années, ils ont toujours été à mes côtés, même s'il y a eu des hauts et des bas." 2006, "la plus grosse déception" de sa vie Dans quelle catégorie ranger le souvenir des NBA Finals de 2006, perdues face au Heat alors que les Mavericks étaient tout proches de mener la série 3-0 ? "Je crois que c'était la plus grosse déception de ma vie, de ma carrière, avoue-t-il. Ça a été si long pour revenir, mais on s'est battu tous ensemble, en équipe. C'est juste exceptionnel, vraiment incroyable. C'est difficile de mettre des mots là-dessus... Il a fallu tellement d'heures, tellement de travail pour en arriver là." Tellement de sacrifices, aussi, comme ces étés passés à perfectionner une technique de tirs presque indéfendable, à soulager un physique précieux pour un ailier fort (2,13 m, 111 kg). Quitte à bouder, souvent à contrecoeur, une sélection allemande qui avait tant besoin de lui. "Tous les étés, depuis seize ans, je viens deux fois par jour à la salle pour bosser tous ces trucs de dingues. Je me rends compte maintenant que ça valait la peine. Vraiment, je n'arrive pas à y croire", ajoute-t-il. Le trophée du champion qu'il tenait dans ses bras à l'issue du match 6 (105-95) et celui de MVP des Finals sont pourtant bien réels. Et ils récompensent le parcours d'un joueur hors norme, élu meilleur joueur de la saison régulière en 2007, sélectionné à dix reprises au All-Star Game et qui entrera sans doute un jour au Hall of Fame de la ligue nord-américaine. "L'année où il a été désigné MVP n'est en rien comparable avec ce qu'il a réussi cette saison pendant les playoffs", assure son coéquipier Jason Terry. Le meilleur joueur européen de l'histoire ? Des playoffs qu'il a conclus avec des statistiques monstrueuses, à la hauteur de son talent (27,7 points, 8,1 rebonds, 2,5 passes de moyenne à 48,5% de réussite aux tirs, dont 46% à longue distance). "On s'est toujours battu, et c'est ce qui fait une équipe de vétérans comme la nôtre, préfère-t-il retenir. Quand on a commencé ensemble, ça n'a pas toujours été facile. Même pour moi aujourd'hui (dimanche), je n'arrivais pas à rentrer un shoot. C'était une soirée horrible. Mais l'équipe a fait du bon boulot, elle m'a soutenue. Ça s'est passé comme ça durant toute la saison. Dès qu'un gars était moins bien, d'autres faisaient son boulot. Je suis vraiment très fier d'eux." Sa réussite est en effet aussi celle de Mark Cuban et son staff, qui ont su bâtir une vraie équipe autour de lui. "Mark Cuban m'a aussi toujours soutenu dans les moments difficiles, explique-t-il. Il m'a toujours dit que j'étais l'homme de la situation, et qu'on allait y arriver ensemble. Il a su mettre autour de moi les bons joueurs. Quand je suis arrivé ici il y a treize ans, ils m'ont accueilli comme l'un des leurs. Ce titre, c'est pour eux et tous les fans des Mavs à travers le monde." Il récompense la persévérance d'un basketteur phénoménal, qui a déjà sa place parmi les meilleurs joueurs européens de l'histoire de la NBA. Il est même sans doute le meilleur d'entre tous, devant les Drazen Petrovic, Arvydas Sabonis, Toni Kukoc, Vlade Divac et Tony Parker. Un homme à prendre en exemple dont LeBron James devrait peut-être s'inspirer s'il veut, lui aussi, faire un jour l'unanimité.