L'heure irlandaise ?

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LAURENT DUYCK , modifié à
Tombeurs des Wallabies dans le groupe C, les Irlandais, de retour en quarts de finale de la Coupe du monde, se sont offert un tableau 100% européen en phase finale. Alors que la génération des Brian O'Driscoll and co avait donné l'impression d'avoir atteint son apogée à l'occasion du Grand Chelem 2009, le meilleur est peut-être à venir pour elle, si tant est qu'elle parvienne à écarter la fougue galloise samedi à Wellington.

Tombeurs des Wallabies dans le groupe C, les Irlandais, de retour en quarts de finale de la Coupe du monde, se sont offert un tableau 100% européen en phase finale. Alors que la génération des Brian O'Driscoll and co avait donné l'impression d'avoir atteint son apogée à l'occasion du Grand Chelem 2009, le meilleur est peut-être à venir pour elle, si tant est qu'elle parvienne à écarter la fougue galloise samedi à Wellington. Même Orlando Bloom n'est pas resté insensible. Il a beau être Anglais, marié à une top-modèle australienne et installé depuis plusieurs mois en Nouvelle-Zélande pour le tournage du Seigneur des Anneaux, l'acteur britannique, interrogé par une chaîne de télévision irlandaise, vote pour le XV du Trèfle : "J'ai du sang irlandais et je dois dire que je pense que l'Irlande mérite de gagner la Coupe du monde." Est-ce la victoire obtenue contre l'Australie, ce qui restera comme la sensation de la phase de poules, ou la vague verte de supporteurs qui a envahi la Nouvelle-Zélande depuis le début de la Coupe du monde ("Ah la mafia irlandaise... dont les 90 % sont bourrés à chaque match", en rigole encore Andrew Trimble), toujours est-il que la cote irlandaise, pourtant au plus bas cet été après quatre matches de préparation tous perdus (dont deux contre la France), est remontée en flèche à la veille des quarts de finale. Et il y a de quoi. Non contents d'avoir surpris les Wallabies (15-6), les hommes de Declan Kidney ont confirmé ce succès en dominant avec une maîtrise étonnante l'Italie le week-end dernier (36-6). De quoi s'offrir la première place du groupe C. Avec en prime un tableau dépourvu de nations du sud... Une occasion rêvée pour le XV du Trèfle, éliminé dès la phase de poules en 2007, de voir enfin plus loin que les quarts de finale en Coupe du monde. "On en veut plus", confirme Gordon d'Arcy. "Il y a assez d'expérience aujourd'hui dans cette équipe pour prendre conscience que, même si nous avons déjà accompli quelque chose de fantastique, ce n'est pas là où nous voulons finir." Et l'indissociable compère de Brian O'Driscoll au centre de l'attaque irlandaise d'insister : "Il reste deux matches pour être en finale de la Coupe du monde et si vous ne voulez pas y être, c'est que vous n'avez rien à faire là." O'Driscoll reste prudent Qu'importe que se présentent face à eux une équipe galloise tout aussi rafraîchissante depuis le début de la compétition, dont le symbole n'est autre que son capitaine méconnu mais exemplaire Sam Warburton, les Irlandais croient plus que jamais en leur bonne étoile. Et ils ne sont pas les seuls, à écouter un Jannie du Plessis, pilier des Springboks, attentif : "Le Pays de Galles a toujours eu un grand réservoir de talent mais aujourd'hui les Gallois semblent croire en eux-mêmes et ils ont mis en place une structure qui marche. J'aime leur façon de jouer mais si je devais mettre une pièce sur le futur finaliste, ce serait l'Irlande. Ils donnent l'impression d'être en grande forme." "Cette équipe n'a jamais été aussi forte", appuie Tommy Bowe avant d'envoyer un message à ceux qui pensaient que la génération des Brian O'Driscoll and co avait atteint son graal avec le Grand Chelem 2009 : "Nous avons certains joueurs de classe internationale dans cette équipe. Il y a quelques vieux dans l'équipe mais ils continuent à penser qu'ils ne sont pas finis. Certains d'entre eux sont plus alertes sur le terrain que certains de nos jeunes actuellement." Fringant aussi bien sur le terrain qu'en dehors, Keith Earls, le centre reconverti ailier, insiste, au cas où : "Le rugby irlandais est en pleine forme et je crois que beaucoup de gens ne nous ont pas respectés ou nous pensaient incapables d'aller aussi loin. Nous avons bien joué et sommes en bonne position. Si nous respectons notre plan de jeu, si c'est notre jour, nous pouvons être qui nous voulons." Et le meilleur marqueur d'essai des Irlandais sur cette Coupe du monde (4) d'avouer : "J'ai un étrange pressentiment, je sens que tout va bien dans le groupe, que tout le monde est heureux et je ne peux m'empêcher de nous imaginer en finale. Je ne fais qu'imaginer parce qu'il faut rester concentré sur le match mais c'est un étrange pressentiment." Que captain O'Driscoll serait prompt à combattre, échaudé par les désillusions du passé, du haut de ses 116 sélections : "La finale ? Il y a deux matches pour y accéder. Comment pouvez-vous imaginer que l'on pense à une demi-finale et encore plus loin, à une potentielle finale alors que l'on a un quart de finale en face de nous. On a trop de respect pour le Pays de Galles pour regarder au-delà." Et pourtant, tout un pays rêve déjà de finale...