"L’esprit de clocher" à Takapuna

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Guilhem Garrigues, à Takapuna, en Nouvelle-Zélande , modifié à
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Lors de mon footing sur la plage de Takapuna, station balnéaire où réside l’équipe de France, un Néo-zélandais m’interpelle : "vous êtes français ?". Je réponds "oui", pas très serein. L’homme est grand, musclés, ses  oreilles sont cabossées. Un physique de joueur de rugby. "Je m’appelle Paul Leonard, j’aime beaucoup la France", me dit-il avec une voix posée et toute calme, et un accent rugueux.

"Serge Simon, une vraie terreur"

"J’ai vécu huit ans en Europe, j’ai joué au rugby en France, à Nice. D’ailleurs à ce sujet, poursuit-il, les Français sont-ils toujours aussi violents ?" Je lui réponds en prenant un air naïf et surpris : "pas du tout, notre championnat est très strict. Toutes les rencontres sont filmées." "A mon époque, ils appelaient cela l’esprit de clocher", me dit-il. "Je me souviens de mon premier match avec Nice contre Clermont.  Mon capitaine, Jean François Tordo (ex-capitaine de l’équipe de France) avait demandé à l’ouvreur d’envoyer le ballon directement dans les tribunes au moment du coup d’envoi." Il poursuit, avec un petit sourire : "Première mêlée, et première bagarre générale au centre du terrain. Ça a duré cinq minutes, et ça a fini dans les tribunes, je n’avais jamais vu cela."

Je reste muet. Il continue : "le plus surprenant, c’est que ce sont les plus gentils dans la vie de tous les jours qui sont les plus méchants sur un terrain. Je me souviens de Serge Simon, pilier de Bègles. Une vraie terreur." Je l’interromps : "vous vous trompez. Il est médecin, il écrit des livres, et intervient souvent à la télévision." Il ajoute : "un vrai méchant, mais rassurez-vous, c’est aussi pour cela que nous adorons les Français." Et dire que je croyais qu’ils nous appréciaient avant tout pour la qualité de nos viennoiseries...