L'autre combat de Karaboué

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Régis AUMONT , modifié à
Gardien remplaçant de l'équipe de France, souvent dans l'ombre imposante de Thierry Omeyer, Daouda Karaboué n'en est pas moins un personnage qui compte chez les Bleus. Né à Abidjan, «Doudou», qui fait la promotion du handball auprès des jeunes Ivoiriens avec son association, est resté très proche de la Côte d'Ivoire où réside encore une grande partie de sa famille. Une situation compliquée à vivre quand on connait le contexte politique du pays.

Gardien remplaçant de l'équipe de France, souvent dans l'ombre imposante de Thierry Omeyer, Daouda Karaboué n'en est pas moins un personnage qui compte chez les Bleus. Né à Abidjan, «Doudou», qui fait la promotion du handball auprès des jeunes Ivoiriens avec son association, est resté très proche de la Côte d'Ivoire où réside encore une grande partie de sa famille. Une situation compliquée à vivre quand on connait le contexte politique du pays. Sa voix très posée ne dépareille pas de son allure nonchalante. Daouda Karaboué, à 35 ans, donne l'impression d'avoir déjà atteint l'âge de sagesse. Quand on aborde le sujet de la Côte d'Ivoire, où il est né en 1975, le ton, forcément, devient plus grave. De Suède, où se dispute le Championnat du monde, le gardien de but de l'équipe de France garde un oeil attentif sur ce qui se passe 5800 kilomètres plus au sud. "Je suis en contact régulier avec tout le reste de ma famille proche qui est à Abidjan, explique le néo-Toulousain. Une fois que je prends mon sac et que je vais au match j'arrive à faire la part des choses. Mais quand je rentre à l'hôtel, bien sûr j'appelle la famille restée au pays. Mon père et ma petite soeur sont à Abidjan. J'ai des cousins au sud du pays. J'ai de la famille un peu partout." Dans un pays plus que jamais divisé, où le président sortant battu lors du deuxième tour des élections refuse de céder le pouvoir à son rival politique, la crainte d'une guerre civile est bien réelle. "La situation est minimisée dans les médias, regrette Karaboué. J'ai appris récemment qu'il y avait eu des attaques dans l'ouest de la Côte d'Ivoire et ça personne n'en a parlé." Touché dans sa chair - "évidemment ça me fait mal" - «Doudou» doit pourtant s'en accommoder et se concentrer sur la compétition qu'il dispute avec son pays d'adoption. "Souvent, on me demande de choisir. Est-ce que tu es plus ivoirien que français ? Non, ces deux pays ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui. J'ai choisi de jouer pour la France certes, parce que la Côte d'Ivoire n'a pas voulu de moi pour jouer au hand, c'est tout. ""Nos actions se passent autant dans le nord que dans le sud du pays" L'ancien portier de Montpellier n'en a pas gardé de rancunes. Il y a quelques années, avec deux amis handballeurs, il a fondé l'association «DK coeur Afrique» pour notamment développer le handball sur le continent africain. "On organise chaque année des événements liés au handball mais pas seulement, raconte-t-il. On va aussi dans les villages avec des médicaments. On apporte du matériel médical dans les dispensaires. On agit dans plusieurs domaines. On amène aussi des jouets parce qu'on soutient un orphelinat, à Abidjan. Mais on souhaite réunir le pays, et nos actions se passent autant dans le nord que dans le sud." Cette année, l'objectif est déjà bien défini. "Notre projet en 2011 c'est de créer de l'emploi autour du handball, en proposant notamment à certains joueurs de l'équipe de Côte d'Ivoire d'intervenir dans les écoles. On aimerait, un an après, réunir ces écoles et en sélectionner trois pour les prendre en charge, au niveau du handball mais aussi sur le plan scolaire et médical. On espère donner des bases à un maximum d'enfants. Leur apprendre à travailler avec des bons joueurs. Mais on s'intéresse aussi au niveau scolaire." Karaboué, qui a tout gagné avec les Experts, mène actuellement à distance deux projets bien distincts. Les pieds en Suède, la tête en Côte d'Ivoire. * Retrouvez toutes les informations concernant l'association de Daouda Karaboué sur le site www.dk-coeur-afrique.com