Joubert: "Je ne suis pas un robot"

  • Copié
Propos recueillis par GUILLAUME BARDOU , modifié à
Brian Joubert est pressé d'en découdre. Pour enfin savoir, se situer, montrer qu'il est "toujours présent", neuf mois après des Jeux de Vancouver catastrophiques. Le Poitevin demande de la patience pour juger sa nouvelle organisation et ses deux nouveaux programmes. Le Trophée Bompard, ce week-end à Bercy, a tout du révélateur pour le numéro 1 français.

Brian Joubert est pressé d'en découdre. Pour enfin savoir, se situer, montrer qu'il est "toujours présent", neuf mois après des Jeux de Vancouver catastrophiques. Le Poitevin demande de la patience pour juger sa nouvelle organisation et ses deux nouveaux programmes. Le Trophée Bompard, ce week-end à Bercy, a tout du révélateur pour le numéro 1 français. Brian, cette saison s'ouvre avec comme premier grand rendez-vous ce Trophée Bompard. Est-ce important pour vous afin de rebondir ? Très important. Au niveau du patinage, ça reste un Grand Prix, donc une étape de Coupe du monde, forcément importante. Et ça se passe en France, devant mon public, ce qui rajoute une pression supplémentaire. J'ai souvent tendance à craquer à la maison, je ressens plus la pression et j'en suis à chaque fois très déçu. Mais j'ai eu la chance de gagner cette compétition une fois. C'est tellement fabuleux qu'il faut que je sois présent cette année. Le Trophée est cette fois bien placé au calendrier. A moi d'en profiter. Comment envisagez-vous cette saison 2010-11, est-ce qu'un sentiment de revanche vous habite par rapport à ceux qui vous ont critiqués après les Jeux ? C'est difficile, car je veux bien croire avoir pris la grosse tête après le titre de champion du monde (en 2007), mais pas après. Il y a toujours des mauvaises langues. C'est le jeu, je ne suis pas un robot, je ne peux pas être toujours à 100%. Il faut que les gens l'acceptent. Mais s'il y a contre-performance, c'est qu'il y a eu des erreurs. J'en ai pris conscience en me rendant compte que je n'étais plus à ma place. Je dirigeais tout. Là, j'ai envie de montrer que je suis toujours là, toujours présent, que les JO de 2010 sont derrière moi et de montrer un beau spectacle au public français. Je ne promets rien, mais je veux faire de bonnes compétitions, avant tout prendre du plaisir. J'ai tout pour réussir. Le but est de redevenir champion du monde. Ça passe par des étapes, des Grand Prix, il va falloir être présent partout. Un changement s'incarnant également par votre retour avec Véronique Guyon (l'entraîneur de ses débuts, ndlr) et un nouveau programme libre, sur un thème surprenant de votre part, Beethoven... Est-ce le symbole d'une rupture, d'un nouveau Brian Joubert ? J'avais un peu peur de ce programme libre car je n'avais jamais patiné sur de la musique classique. Je voulais changer, j'ai laissé le chorégraphe (David Wilson, avec qui il a travaillé tout l'été, ndlr) choisir. Au début, je n'aimais pas du tout. Mais j'ai décidé de travailler avec lui car c'est mon opposé. Si je veux progresser, il faut que j'aille vers des gens qui m'apportent quelque chose. Je me suis laissé guider, je ne voulais pas prendre les choses en main. Ça me remet à ma place d'élève. Et je n'ai entendu que des critiques positives. Ça m'a donné envie de travailler dessus. C'est toujours plus agréable d'avoir de bons échos sur ses programmes. "Dans le top 3 mondial" Comment décririez vous votre programme court, basé sur un flamenco et où vous enchaînez rapidement une combinaison quadruple-triple saut ? C'est un programme dans lequel j'avais moins de doute car le flamenco me correspond un peu plus. Le seul truc, c'était de savoir si j'étais capable de présenter un flamenco à 100%. Car c'est ce que je voulais faire. Suis-je capable de le faire ? Je pense que oui. Je ne voulais pas être ridicule. En termes de chorégraphie, de performance, je ne doutais pas là-dessus. C'est un programme très physique, c'est sûr qu'il y a une prise de risque mais c'est comme ça que je vois mon sport, donc ça ne me dérange pas. Cette vision du patinage correspond-elle au nouveau règlement, notamment en ce qui concerne les petits pas ? Je pense qu'il y a des bonnes choses, d'autres moins, mais désormais, dans le programme libre, il y a un pas imposé et le deuxième est libre. On retrouve donc un peu l'ancien système et ça, c'est bien. Ce système oblige à être complet en tant que patineur avec pirouettes, pas, sauts, glisse, c'est vraiment un point positif. Mais la prise de risque n'est pas prise en compte, c'est vraiment ça qui me déplaît. Ce Bompard 2010 peut-il être surtout une préparation pour les Mondiaux de Nice en 2012, notamment sur le fait de patiner devant le public français ? Toujours, car si j'ai du mal sur un Grand Prix en France, ce n'est même pas la peine d'espérer en championnat du monde ! Mais il y a déjà eu un test au Masters d'Orléans, une compétition très difficile, et ça s'est bien passé. Ça met en confiance. A moi de bosser tous les jours et de me sentir prêt. Si je me sens prêt, il y aura comme toujours du stress mais ça se maitrise. Où vous situez-vous, selon vous, sur l'échiquier international ? J'essaie de toujours me maintenir dans le top 3. Vu les entraînements, je pense que c'est le cas.