Jouanno remet Duchaussoy en place

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AXEL CAPRON , modifié à
C'est peu de dire que Chantal Jouanno n'a guère goûté les propos tenus dimanche dans L'Equipe par Fernand Duchaussoy, président de la FFF, dans lesquels ce dernier réagissait au souhait émis par la ministre des Sports de ne pas voir Patrice Evra et Franck Ribéry revenir en équipe de France. Dimanche dans l'émission Canal Football Club, la ministre a ainsi remis en place le patron de la «3F».

C'est peu de dire que Chantal Jouanno n'a guère goûté les propos tenus dimanche dans L'Equipe par Fernand Duchaussoy, président de la FFF, dans lesquels ce dernier réagissait au souhait émis par la ministre des Sports de ne pas voir Patrice Evra et Franck Ribéry revenir en équipe de France. Dimanche dans l'émission Canal Football Club, la ministre a ainsi remis en place le patron de la «3F». Les relations entre Secrétaire d'Etat ou ministre des Sports et présidents de la FFF sont décidément conflictuelles ces dernières années. Après le feuilleton des rapports tendus entre Rama Yade et Jean-Pierre Escalettes, en voilà un nouveau mettant en scène Chantal Jouanno et Fernand Duchaussoy. Tout est parti d'une interview accordée à L'Equipe datée de samedi par la ministre des Sports, dans laquelle cette dernière estimait "inadmissible" que Patrice Evra et Franck Ribéry, les joueurs les plus sanctionnés avec Nicolas Anelka suite à l'épisode de Knysna, reviennent en équipe de France: "On ne peut pas faire honte à la France et prétendre ensuite rejouer en équipe de France", indiquait la ministre qui reprochait en outre au président de la FFF de ne toujours pas avoir réglé le problème du renoncement aux primes. Réponse le lendemain, toujours dans les colonnes du quotidien sportif, d'un Fernand Duchaussoy visiblement agacé d'être l'objet de critiques de la part de son ministère de tutelle: "Des charges, j'en prends sans arrêt. Mais celle-là, je ne la mérite pas forcément", attaque-t-il, avant de défendre sa position quant au cas Evra-Rivéry: "Tout le monde a droit à une deuxième chance quand il a purgé sa peine (...) Je suis désolé mais je n'ai pas le pouvoir de décréter que quelqu'un est suspendu à vie et qu'on ne le reverra plus en équipe nationale." Et le président de la FFF de «tacler» plus sévèrement Chantal Jouanno à propos de l'histoire des primes: "Je reconnais que les choses ont un peu traîné mais je trouve blessant que l'on m'adresse ce reproche. Je m'insurge contre les déductions de la ministre. Je refuse complètement que l'on puisse dire que je ne me suis pas préoccupé de cette affaire." Jouanno: "Remettons les choses dans l'ordre" Un vrai acte de rébellion de la part de l'intéressé qui reçoit d'ailleurs, à propos des sanctions visant les joueurs, le soutien cinglant du syndicat des joueurs, l'UNFP: "Faut-il rappeler à Mme Jouanno qu'en France, une fois sa peine purgée, on a payé sa dette envers la société ? Madame la ministre des Sports ne semble pas être de cet avis. L'UNFP s'étonne, dès lors, qu'elle puisse siéger au Conseil des ministres à quelques pas d'Alain Juppé, par exemple, condamné à 14 mois de prison avec sursis et à un an d'inéligibilité en 2004 pour "prise illégale d'intérêt"... Comme le maire de Bordeaux, ministre de la Défense, Patrice Evra et Franck Ribéry ont été inéligibles. Ils ne le sont plus. Ce qui vaut pour l'un vaut, justement, pour les autres." Cette violente charge, la ministre n'y a dans un premier temps pas répondu, occupée dimanche par son déplacement en Suède pour assister au sacre mondial des Experts bleus de l'équipe de France de handball. Jointe par David Cozette dans l'émission Canal Football Club sur Canal+, Chantal Jouanno n'a cependant pas tardé à renvoyer Fernand Duchaussoy dans les cordes: "C'est juste une question de principe et de valeurs. La nouvelle fédération de football était là pour remettre les choses dans l'ordre, dans le droit chemin. Ils ont constaté qu'après le drame en Afrique du Sud, ils ont perdu plus de 8% de licenciés. C'est parce que justement, ils n'ont pas représenté ces valeurs. Remettons les choses dans l'ordre. Faire ce genre de déclarations, de la part du président de la Fédération Française de football, je trouve que c'est se tirer une balle dans le pied et surtout tirer une balle dans le pied du sport français et du football tout particulièrement. Nous avons de très beaux talents en France qui n'ont pas sali l'image de la France. Donnons-leur leur chance." Et pan sur le bec du président de la FFF ! Quant à l'UNFP, elle en prend aussi pour son grade, le parallèle établi avec Alain Juppé ou autres ministres, passant mal auprès de Chantal Jouanno: "Ces hommes-là n'ont jamais insulté la France. Ces hommes-là sont repassés devant les électeurs. Ces hommes-là ont eu des peines très longues. Nous ne sommes pas du tout dans la même situation", a répliqué la ministre. Cette sortie mettra-t-elle fin au débat ou aura-t-on le droit à un nouveau rebondissement ?