Jouanno passe la main à Douillet

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AXEL CAPRON , modifié à
Comme elle l'avait laissé entendre avant les élections, Chantal Jouanno, élue dimanche sénatrice de Paris, a décidé de démissionner lundi de son poste de ministre des Sports. Un poste qu'elle aura occupé moins d'un an, puisqu'elle avait remplacé Rama Yade le 14 novembre 2010, et qui échoit à David Douillet, nommé fin juin secrétaire d'Etat aux Français de l'étranger.

Comme elle l'avait laissé entendre avant les élections, Chantal Jouanno, élue dimanche sénatrice de Paris, a décidé de démissionner lundi de son poste de ministre des Sports. Un poste qu'elle aura occupé moins d'un an, puisqu'elle avait remplacé Rama Yade le 14 novembre 2010, et qui échoit à David Douillet, nommé fin juin secrétaire d'Etat aux Français de l'étranger. L'heure de David Douillet a enfin sonné ! Lui qui avait justement été sonné il y a un peu plus de dix mois en apprenant que Nicolas Sarkozy et François Fillon lui avaient préféré la plus politique Chantal Jouanno pour succéder à Rama Yade au poste de ministre des sports (cette dernière n'était que secrétaire d'Etat) a enfin hérité du strapontin qu'il briguait depuis son entrée en politique. Tout ça à la faveur d'un mini-remaniement gouvernemental rendu nécessaire par la démission de Chantal Jouanno, confirmée ce lundi par l'intéressée. Depuis qu'elle avait décidé de se lancer dans la course aux sénatoriales à Paris sous les couleurs du parti présidentiel, l'UMP, la karatéka avait clairement laissé entendre qu'en cas d'élection au Palais du Luxembourg, elle se consacrerait à ce nouveau mandat et abandonnerait par là-même ses fonctions ministérielles. Elle a tenu parole, annonçant sa décision sur RTL Midi: "J'ai choisi de siéger comme sénateur, parce que c'est plus légitime lorsqu'on se présente à une élection, surtout quand c'est la première fois, et parce qu'il est nécessaire de se consacrer à plein à un projet parisien, c'est cohérent." Une décision dont l'intéressée a tenu informé le président de la République, Nicolas Sarkozy - "Il n'y avait pas de raison que cela se passe dans la difficulté", commente-t-elle - qui s'explique en bonne partie par les ambitions politiques de Chantal Jouanno dans la capitale, avec en ligne de mire les élections municipales en 2014. La parenthèse ministérielle se referme donc au moins provisoirement - "J'ai été ministre avec énormément de bonheur, ministre des Sports, c'est un milieu formidable" -, avec un bilan que beaucoup jugeront peu concluant. Un bilan très contrasté... Car en dépit d'une forte présence médiatique, Chantal Jouanno a rarement vu ses préconisations suivies d'effet: elle a d'abord tenté de relancer la candidature d'Annecy à l'organisation des Jeux olympiques d'hiver 2018 au moment où certains estimaient qu'il était préférable de jeter l'éponge, à l'arrivée, cette candidature a «pris le bouillon»; elle a milité contre le retour en équipe de France des bannis de Knysna, Franck Ribéry et Patrice Evra en tête, aujourd'hui, les deux intéressés sont redevenus des cadres des Bleus; elle s'est insurgée contre les "sommes indécentes" demandées par Raymond Domenech à la Fédération française de football, l'ancien sélectionneur a en bonne partie obtenu gain de cause auprès de Noël Le Graët; elle a tenté d'intervenir dans le débat sur les «quotas», demandant des sanctions à l'encontre du DTN François Blaquart, ce dernier est encore en poste aujourd'hui... Au rayon des réussites, l'ancienne Secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie pourra mettre en avant l'attribution à la France de l'organisation de la Ryder Cup en 2018, la création d'un comité anti-discriminations dont l'efficacité reste à démontrer ou la relance de certains dossiers qui menaçaient de s'enliser, comme celui du Stade des Lumières de Lyon. Son successeur parviendra-t-il à faire mieux ? David Douillet obtient en tout cas le maroquin dont il rêvait, lui dont le journaliste Arnaud Ramsay, auteur d'une biographie non autorisée (*), nous disait fin juin après sa nomination au gouvernement: "Comme il est déjà passé à côté, il ne veut surtout pas dire qu'il veut le poste. D'ailleurs, dans ses réactions sur son blog après sa nomination, il parle de "servir la France", c'est malin. Et quand il m'avait reçu pour mon livre, il s'était attaché à me parler de tout sauf de sport, il ne veut pas qu'on le cantonne au sport. Donc il ne le dira jamais publiquement, mais oui, je pense que c'est son but ultime, c'est quand même son fonds de commerce, son podium olympique." Sur lequel il monte enfin, avec une petite année de retard sur le timing qu'il avait prévu... (*) "Ce si gentil David Douillet", aux éditions du Moment