Gourcuff pour quel profit ?

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LAURENT DUYCK , modifié à
Recrue phare de l'Olympique lyonnais cet été, Yoann Gourcuff peine à poser sa patte sur le jeu de sa nouvelle équipe depuis son arrivée. Si Claude Puel réclame du temps, le meneur de jeu international affiche un rendement faible, au vu de "l'investissement considérable" effectué par Jean-Michel Aulas. Mais pour le président de l'OL, il n'y a pas que le sportif qui compte...

Recrue phare de l'Olympique lyonnais cet été, Yoann Gourcuff peine à poser sa patte sur le jeu de sa nouvelle équipe depuis son arrivée. Si Claude Puel réclame du temps, le meneur de jeu international affiche un rendement faible, au vu de "l'investissement considérable" effectué par Jean-Michel Aulas. Mais pour le président de l'OL, il n'y a pas que le sportif qui compte... Un but et trois passes décisives en 936 minutes de Ligue 1, auquels s'ajoute une réalisation en quatre matches de Ligue des champions. Voilà le bilan comptable brut de Yoann Gourcuff depuis son arrivée fin août à Lyon. Des chiffres qui trahissent une réelle discrétion de l'ancien Bordelais sur le jeu de sa nouvelle équipe, loin des attentes que son statut de superstar naissante du ballon rond faisaient naître. Si sa disponibilité au milieu du terrain reste l'un des symboles de son volume de jeu, le meneur de jeu international affiche sous le maillot lyonnais un déchet technique qu'on ne lui connaissait guère, le rendant moins décisif qu'il ne l'était à Bordeaux. Un constat qui vaut aussi pour ses derniers passages en équipe de France, où Laurent Blanc continue de lui faire confiance comme mercredi à Wembley face à l'Angleterre. "Ce n'est pas une situation très sereine", reconnaissait dernièrement au micro de RMC Christian Gourcuff, toujours attentif aux prestations du fiston. "Mais dans chaque carrière, il y a des passages un peu difficiles. Yoann ne s'occupe que du football. Il rame car chaque match est sous pression. Il joue tous les trois jours en plus. Il faudrait qu'il retrouve un peu de sérénité pour souffler et mieux jouer." Son entraîneur à Lyon n'en fait pas un cas. "Yoann est comme l'équipe. Il y a des matches où il a été plus performant que d'autres. Ne l'oublions pas, c'est un nouveau joueur à l'OL. Je suis très patient dans ces conditions", expliquait Claude Puel en conférence de presse, confiant dans la capacité de son joueur à réagir: "A Rennes, j'ai apprécié qu'il soit plus souvent positionné plus haut, plus en soutien des attaquants pour les servir. Il est dans la bonne marche." Gourcuff, le Ronaldo à la française... Les supporteurs lyonnais sont pourtant en droit d'attendre plus d'un joueur recruté pour près de 22 millions d'euros, sans les bonus, "un investissement considérable" et un "gros effort financier" comme le reconnaissait à l'époque Jean-Michel Aulas. Un président de l'OL pas si courroucé par le rendement insuffisant de sa vedette, lui dont les yeux se transforment en euros quand il évoque l'un des plus beaux coups de sa carrière, si ce n'est le plus beau, persuadé du retour sur investissement à terme. Car Gourcuff n'est pas qu'un joueur. C'est aussi - voire avant tout, selon l'angle choisi - un produit marketing très fort. Ce dont ne se cachait pas JMA à l'heure de présenter, début octobre, les résultats annuels d'OL Groupe, dont dépend l'Olympique lyonnais. "On possède un accord avec les détenteurs de la marque Yoann Gourcuff pour permettre un développement simultané, pas uniquement en termes de merchandising, mais aussi de la marque elle-même, expliquait-il. On a engagé une équipe dédiée à ce projet de développement. On sait les ressources qui sont générées par les meilleurs joueurs, que ce soit dans le football ou le basket. C'est une première année, donc il faut qu'on s'organise, qu'on mette en oeuvre le dispositif nécessaire, mais ça se compte en millions d'euros, peut-être même en dizaine de millions d'euros d'ici quatre ou cinq ans." Et le patron de l'OL de justifier cette politique: "C'est un modèle nécessaire au moment où on assiste à une inflation importante sur les salaires ; face à ces coûts de transfert et de salaire que l'on a des difficultés à faire baisser, il faut trouver toutes les formes de ressources et de rentabilité associés à ces investissements. Et la gestion de ces droits de marque devient une nécessité. On va essayer de s'inspirer des exemples à succès comme ont pu le faire certains grands clubs. Madrid, qui a été critiqué à un moment pour son endettement et sa politique d'investissement, est en train de démontrer l'inverse de ce qu'on lui reprochait, à savoir le remboursement de la dette, performances financières intéressantes..." On n'attend plus que Gourcuff soit aussi décisif que Cristiano Ronaldo sur le terrain...