Garcia: "Beaucoup de fierté"

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Propos recueillis par Grégory HANGARD , modifié à
La couronne de champion de France officiellement acquise après le nul du Losc à Paris (2-2) lors de la 37e et avant-dernière journée de Ligue 1, Rudi Garcia a tenu à remercier son staff et ses joueurs avant tout. Le technicien lillois rentre dans la légende de son club.

La couronne de champion de France officiellement acquise après le nul du Losc à Paris (2-2) lors de la 37e et avant-dernière journée de Ligue 1, Rudi Garcia a tenu à remercier son staff et ses joueurs avant tout. Le technicien lillois rentre dans la légende de son club. Rudi, quelle histoire ! Oui, et quelle fin d'histoire fantastique ! Je crois qu'on ne réalise pas d'ailleurs. On rentre dans le cercle fermé. Je crois qu'on est la 16e équipe dans l'histoire du football français à faire le doublé, si je ne me trompe pas. Avant toute chose, et vous vous en doutez si je ne suis pas venu tout seul (ndlr, il est accompagné par tout son staff), je voulais aussi mettre la lumière sur tous ceux qui travaillent avec moi et qui ont permis aux joueurs de faire ce doublé. D'abord Fred Bompard, mon fidèle adjoint, Grégory Dupont, notre préparateur physique, Claude Fichaux, qui est aussi mon adjoint, Jean-Pierre Mottet et puis le "doc", Franck Le Gall, qui représente le staff médical. On est une vraie équipe, soudée, on s'entend très bien et on est au service des joueurs toute l'année. Et honnêtement, mon staff s'est vraiment bien débrouillé. Je voulais lui tirer un grand coup de chapeau. Un demi-siècle d'attente pour un grand club comme le Losc, ça paraît énorme. Que ressentez-vous réellement et quels sont les ingrédients de votre réussite ? Beaucoup de fierté. On s'est aperçu de ce qu'on a fait après la finale de la Coupe de France, ou je dirais même avant, juste avant, quand on a vu la moitié du stade de France rouge, aux couleurs du Losc, avec pratiquement 40 000 Lillois présents. On s'est rendu compte et on s'est dit qu'on avait peut-être gagné un public depuis un an et demi, deux ans. On s'en est aussi rendu compte en se rendant à la mairie, où une grande partie du peuple lillois nous attendait, avec qui on a communié après la finale. On a actuellement beaucoup de témoignages pour nous dire qu'à Lille, ça bouge ! Tout le monde disait qu'on avait un public un peu froid, etc. On a un public qui vient dans des conditions difficiles à Villeneuve-d'Ascq, au Stadium mais bon... On va encore y jouer un an. Il nous a plutôt porté chance. Ensuite, on va rentrer avec eux, tous ensemble, dans notre grand stade. Vous me demandez les ingrédients: d'abord beaucoup de travail de la part des joueurs qui ont compris que c'est une valeur essentielle pour figurer au mieux dans toutes les compétitions. On a quand même joué plus de 54 ou 55 matches cette saison. Ce n'est pas rien. On l'a fait avec un groupe. C'est la victoire d'un groupe. Derrière les joueurs, il y a des hommes. On a des bons mecs dans ce groupe, qui vivent bien collectivement. Je ne pense pas qu'ils se rendent compte que dans dix, quinze ans - quand ils auront arrêté leur carrière - ils pourront se revoir en pensant avoir réalisé quelque chose d'unique. Ce sont des joueurs qui vont devenir amis pour la vie. C'est fort quand même ! Et puisque vous parliez du jeu, oui, ce n'est pas à moi de vous en parler mais on a toujours souhaité aller de l'avant, avoir le ballon, jouer notre jeu. Les joueurs nous ont remerciés dans le vestiaire parce qu'ils ont passé une année formidable. Notre récompense, à nous le staff, c'est ça: le témoignage des joueurs. Que dire, si ce n'est nous-même, le staff, les remercier à notre tour. "Peu d'équipes ont été capables de faire ce doublé" Quels ont été les moments clés de cette saison ? Il y en a eu quelques-uns. La défaite à Monaco a été quelque chose de fédérateur. On s'est rendu compte de ce qu'il ne fallait pas faire. On a été très bon dans la gestion de l'après-Monaco. Après, il y a eu des tournants. On a été constant, régulier. C'est ce qu'on voulait dans ce championnat. On savait que l'équipe capable de faire ça aurait des chances d'aller au bout. La victoire contre l'OM, en plus sur ses terres, a montré qu'on était capable de battre un gros. On a été très, très régulier. On n'a que quatre défaites. On bat le record de points de l'histoire du Losc et on espère bien en ajouter trois, dès dimanche, contre Rennes. Je le dis à mes joueurs mais, pour l'instant, ils ne l'entendent pas du tout (sourire). On est vraiment satisfait et je ne suis pas sûr qu'on se rende vraiment compte. Le Losc est-il entré dans la cour des grands samedi soir ? Oui, on est la 16e équipe à faire ça. Il y a quand même des sacrées références dans toutes les équipes qui ont fait ça avant: c'est le Bordeaux d'Aimé Jacquet, le Marseille de "JPP" (ndlr, Jean-Pierre Papin), l'AJA de Guy Roux, l'OL de Perrin. Peu d'équipes ont été capables de faire ce doublé. Voilà, on l'a fait. Que retenez-vous de ce dernier acte contre le PSG ? Il y a eu de bonnes choses et de moins bonnes. On a eu la bonne idée d'ouvrir la marque. On a très bien abordé ce match et c'était très important. C'était quand même le cinquième match en 15 jours. Heureusement, on dira que Paris était sur le même niveau d'énergie que nous. On a très bien entamé le match puis, après, on a souffert face à une belle équipe du PSG capable d'avoir le ballon. Dans nos temps faibles, on a fait le dos rond. On pensait mener 1-0 à la pause, ce qui n'a pas été le cas... Justement, c'était d'autant plus fort en seconde période d'avoir su aller de l'avant, marquer un deuxième but. Certes, on a joué en supériorité numérique mais ce n'est pas toujours un gage de réussite totale. Parfois, les équipes à 10, comme le PSG, se transcendent et sont capables de faire de grandes choses. On a été puni en prenant ce deuxième but mais on a eu un match à l'image de notre saison avec une puissance offensive, une attaque de feu, un nouveau but de Moussa Sow, du coeur, de la solidité également. Même si on a pris deux buts, on a été capable aussi de conserver le ballon et de laisser le chronomètre tourner. C'est aussi un gage de maturité. "On ne se rend pas compte" Avez-vous prévu de dormir samedi soir ? On s'en fiche. Là n'est pas la question. Ce qu'on veut, c'est rentrer tous à Lille. Dimanche - j'en profite que vous soyez là - on donne rendez-vous à 11h30 place de la République à tous ceux qui aiment le Losc et le football. On veut voir une marée rouge. Mais je suis confiant, ils seront là. Le plus dur commence-t-il ? Laissez-nous le temps un petit peu, laissez-nous savourer. Cette question-là, on y répondra plus tard. Ce soir, on n'est que dans la joie et l'allégresse. Ce n'est pas une question qu'on se pose. C'est aussi une sacrée victoire personnelle ? On ne se rend pas compte. Je ne me rends pas compte. De voir la joie de nos joueurs devant notre public... Ils ont pris le temps, savouré chaque seconde. Ce sont des moments inoubliables, des images inoubliables. Ils l'ont bien mérité. Il n'y a pas que des moments faciles dans une saison, mais on a eu des moments de joie. C'est un métier où il y a beaucoup de difficultés au quotidien, plein de choses à gérer. On est un peu le service après-vente, sept jours sur sept, 24 heures sur 24, mais les minutes qu'on a vécues aujourd'hui, ça vaut tous les sacrifices du monde.