Galthié défie le maître

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LAURENT DUYCK , modifié à
Il a déjà eu à faire avec Pierre Berbizier, un autre personnage du rugby français, en demi-finale. Samedi, Fabien Galthié sera opposé à Guy Novès, considéré comme la référence en France pour son expérience et son palmarès. Entre respect et ironie, le manager du Stade Toulousain s'amuse de la popularité de son homologue de Montpellier. Lequel la joue profil bas à la veille du rendez-vous dionysien.

Il a déjà eu à faire avec Pierre Berbizier, un autre personnage du rugby français, en demi-finale. Samedi, Fabien Galthié sera opposé à Guy Novès, considéré comme la référence en France pour son expérience et son palmarès. Entre respect et ironie, le manager du Stade Toulousain s'amuse de la popularité de son homologue de Montpellier. Lequel la joue profil bas à la veille du rendez-vous dionysien. C'est ce que l'on appelle deux bons clients. Deux personnages du rugby français que s'arrachent les médias. Parce qu'ils sont respectés. Et parce que leur parole porte. Le premier a fait ses premiers pas de joueur à Colomiers un an avant que le second n'embrasse la carrière d'entraîneur, au Stade Toulousain déjà. Depuis Fabien Galthié a lui aussi remisé les crampons pour s'asseoir sur le banc. Avec succès. Finaliste et du Top 14 et de la H-Cup au terme de sa première année d'expérience au Stade Français, l'ancien demi de mêlée international (64 sélections, 49 points) a validé son examen de passage par un titre en 2007 avec le Stade Français. Après deux années de recul, qu'il a mises à profit en devenant conseiller technique de la sélection argentine, le voilà de retour en finale du championnat de France, pour sa première année là encore sur le banc de Montpellier. Une réussite qui force le respect. Et fait parler. Beaucoup. Trop ? A 56 ans, Guy Novès, à qui on n'apprend plus les ficelles du métier, s'amuse de ce cirque médiatique autour de l'ancien meilleur joueur du monde (2002), régulièrement cité comme le prochain sélectionneur du XV de France, un poste qui s'est toujours refusé à l'entraîneur toulousain. "Je commence à connaître un peu tout le monde dans le milieu. Mais j'avoue des absences sur la carrière de Fabien", confiait-il, caustique, lundi devant une presse prompte à monter en épingle leur rivalité. "Ça fait combien d'années qu'il entraîne ? A-t-il fait un parcours intéressant ? Il a gagné beaucoup de titres ?" Un seul, contre huit (1989, 1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2001, 2008) à l'emblématique manager des Rouge et Noir. Auxquels s'ajoutent quatre couronnes européennes (1996, 2003, 2005 et 2010). Soudain, il s'éclipse... De quoi se permettre de réduire ses compétences à son simple rôle de consultant pour France Télévisions: "Je pense qu'il fait du bon boulot à la télé et parle très bien avec lucidité et compétence. Il analyse bien les matches, donc c'est un technicien de grande qualité." Une pique savoureuse. Qui ne touche guère la victime. "Je ne joue pas, il faut laisser la place aux acteurs du match, alors je ne m'étendrai pas sur le sujet, a-t-il esquivé, rapporte La Dépêche du Midi. Je respecte beaucoup ce monsieur, pour ce qu'il a fait et qu'il fait encore. Vraiment, j'ai beaucoup de respect pour lui, il est plus âgé que moi. Je suis très heureux, la vie est belle. Et je souris." Une distance que Galthié avait déjà observée samedi dernier, gêné d'être ainsi mis sur le devant de la scène, troublé de priver ainsi une partie du mérite qui revient à ses joueurs, au point de s'éclipser dans le vestiaire dès le coup de sifflet final, celui de la délivrance. "C'est "too much" ! Moi, ça me dépasse, il faut que je me fasse petit, disait-il. C'est un club et c'est une équipe, un maillot. Ils étaient là avant moi et ils seront là après moi. Je suis gêné. Il faut respecter, je dois respecter, mais c'est "too much" !" Lui, l'ancien joueur dur et exigeant, intransigeant avec lui-même et ses joueurs au point de se prendre le bec plus d'une fois avec ses hommes lorsqu'il était encore au Stade Français, a pris du recul. Plus posé, plus dans l'introspection, au point d'apparaître parfois mystérieux pour ne pas dire incompris, Galthié a muri, nourri à la philosophie argentine pendant deux ans, une expérience qui a compté, aime-t-il rappeler. Autrefois omnipotent, le voilà prêt à déléguer, un bon point relevé par Guy Novès. "Je pense qu'il est un meneur d'hommes, dit-il. Mais sans Éric Béchu, il ne serait peut-être pas Fabien Galthié. Il a donc cette capacité à bien s'entourer. Moi aussi..." Le manager toulousain oublie Didier Bès, l'autre incontournable du staff montpelliérain. Un trio à l'origine du renouveau héraultais. Qui s'est parfois transformé en duo quand l'entraîneur en chef répondait à ses obligations de consultant pendant le Tournoi. Eric Béchu, loin de prendre ombrage de la notoriété de son acolyte, ne lui en tient pas rigueur. "Notre chance, c'est d'avoir quelqu'un comme Fabien Galthié avec nous, assure-t-il. Il possède un palmarès inégalable, en tant que joueur et qu'entraîneur. Galthié, c'est dix finales, quatre Coupes du monde, 64 sélections en équipe de France, dont 24 comme capitaine... En plus, il commente pas mal les matchs à la télé ! Fabien Gatlhié, c'est tout ça et heureusement qu'on l'a." Une réponse directe à Guy Novès. Lequel avait finalement trouvé une qualité à son cadet : "J'aimerais être aussi jeune que lui. À 56 ans, plus je joue de finales et plus je me rapproche de la dernière..." On serait prêt à parier que pour Galthié, 42 ans, ce n'est qu'un début...