Fessés les Bleus !

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ERIC DELTOUR , modifié à
Après deux succès face au Canada, l'équipe de France est revenue durement à la réalité mardi, à Almeria, où les Bleus, totalement dépassés, ont sombré (77-53) face aux Champions d'Europe en titre espagnols. A trois semaines du coup d'envoi de l'Euro et à mi-chemin de leur préparation, Parker et ses coéquipiers, très loin du compte, mesurent l'écart qui les sépare du très haut niveau.

Après deux succès face au Canada, l'équipe de France est revenue durement à la réalité mardi, à Almeria, où les Bleus, totalement dépassés, ont sombré (77-53) face aux Champions d'Europe en titre espagnols. A trois semaines du coup d'envoi de l'Euro et à mi-chemin de leur préparation, Parker et ses coéquipiers, très loin du compte, mesurent l'écart qui les sépare du très haut niveau. Tony Parker s'en souviendra. La centième sélection du meneur de jeu des Bleus a tourné à la correction mardi, à Almeria, où l'équipe de France espérait, sans trop y croire, mais tout de même, se montrer à la hauteur de la formidable armada espagnole. Au lieu de quoi T.P. et sa bande ont chuté très lourdement (53-77) face à un collectif, non seulement à la hauteur de sa réputation et de son statut de Champion d'Europe que l'Espagne s'apprête à défendre en Lituanie, mais plus encore avec la naturalisation et l'intégration d'un Serge Ibaka, dont l'apport a déjà de quoi faire peur dans la rotation de l'équipe de Sergio Scariolo. Pour Vincent Collet, les motifs de satisfaction sont nettement moins nombreux. Cette équipe de France, enfin capable de compter sur toutes ses forces vives, estampillées NBA -12 joueurs de la Ligue nord-américaine figuraient sur le parquet-, n'a non seulement pas su rivaliser avec les frères Gasol et leurs compères. Mais les Bleus n'ont surtout jamais existé dans cet Estadio Mediterraneo. Pour ne pas avoir su se mettre d'entrée dans le rouge, ce que ses qualités naturelles réclament, la France s'est retrouvée cantonnée à un jeu sur demi-terrain, sans courir, qui ne lui a jamais permis de jouer en rythme. Pire, Boris Diaw et ses coéquipiers en ont oublié leur agressivité défensive. A trois semaines de leur entrée en lice dans l'Euro, face à la Lettonie, l'équipe de Collet est au moins placée face à ses responsabilités. Gasol sur son nuage Si dans les premières minutes, les Bleus trouvent avec une belle aisance leurs intérieurs dans le combat annoncé de la raquette, on manque de patience, à l'image d'un Nicolas Batum en échec sur ses deux premières tentatives. Quand en face les Espagnols, déjà en place et parfaitement efficaces, infligent sans attendre un 10-0 aux visiteurs. L'adresse est ibère dans cette entame, à l'image de ce 3 sur 4 à 3 points, qui déjà crucifie les joueurs de Collet (13-4, 5e). L'adresse qui fait cruellement défaut à Parker et ses coéquipiers, que les échecs empêchent d'écarter la défense adverse. Tout réussit aux Champions d'Europe, à l'image d'un Pau Gasol qui s'offre deux tirs primés coup sur coup (5/11 en première période ; 0/3 pour la France) pour s'envoler (19-4, 8e). Gelabale et Noah sont convoqués. Chiffonné par ce mauvais film, qui fait tâche le jour de sa centième, T.P. enquille quatre lancers, auquel Noah ajoute sa première contribution: rebond et conclusion main gauche pour à peine desserrer l'étreinte (21-13, 10e). Le dernier venu dans la corrida espagnole, l'homme du Thunder, Serge Ibaka, se met au diapason et fait valoir sa capacité au contre aux dépens de Parker. A l'issue du premier quart temps (24-13), le constat s'impose: l'adresse espagnole n'explique pas tout, la défense française est en faillite. Ronny Turiaf et Diaw tentent bien de colmater les brèches, soutenus par la bonne entrée de Kévin Séraphin, et ramènent le navire à -11 (30-19, 12e), mais les Bleus pêchent tant et tant, à l'image de ces pertes de balles grossières (11 en première période), que le choc vire à la démonstration : Pau Gasol, inarrêtable, se régale sur la fin de ce premier acte. L'intérieur des Lakers, à lui tout seul, ou presque, relègue ses adversaires à... 24 longueurs (45-21). Au secours, la France prend l'eau ! Il faut tenter quelque chose avec le replacement de Diaw en poste 3 dans un cinq de départ en haute altitude. Une option payante dans un premier temps, la fixation du capitaine offrant, c'est un petit évènement, à Parker le premier tir primé côté français (45-26, 21e). A défaut de rythme sur un jeu placé, qui ne lui convient pas, cette équipe de France trouve des solutions à l'intérieur, sans parvenir à réduire l'écart (51-30, 23e). Le tableau est des plus sombres, que l'arbitrage parfois plus que discutable du... trio espagnol, notamment sur Parker, n'arrange en rien. +22 à la fin du troisième quart-temps (60-38): l'Espagne gère tranquillement son avance, sans que le léger sursaut tricolore, dans le sillage de son capitaine et de Flo Pietrus, n'y change rien. Et la reprise voit Ibaka s'enflammer à son tour : quel apport au secteur intérieur espagnol, qui n'en demandait pas tant (66-40, 34e). Un écart qui culmine à 27 longueurs d'avance (69-42) et la fin de match permet à peine à un bon Gelabale de donner au score une allure plus présentable. Les 24 points au buzzer sont pourtant bel et bien l'expression du fossé entre l'ogre espagnol et cette équipe de France.