Evtimov: "Un esprit de guerrier"

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Propos recueillis par PAUL ROUGET , modifié à
De retour en Pro A huit années après son départ de l'Asvel, Vasco Evtimov n'a pas raté ses retrouvailles avec le championnat de France où il s'apprête à croiser ces prochaines semaines quelques anciens coéquipiers en Bleu. Le nouvel intérieur du Paris-Levallois, tombeur de Roanne lors de la dernière journée, se déplace au Mans samedi soir avec ambition, lui qui avoue ne pas avoir "hésité une seconde" avant de s'engager avec le club francilien.

De retour en Pro A huit années après son départ de l'Asvel, Vasco Evtimov n'a pas raté ses retrouvailles avec le championnat de France où il s'apprête à croiser ces prochaines semaines quelques anciens coéquipiers en Bleu. Le nouvel intérieur du Paris-Levallois, tombeur de Roanne lors de la dernière journée, se déplace au Mans samedi soir avec ambition, lui qui avoue ne pas avoir "hésité une seconde" avant de s'engager avec le club francilien. Vasco, racontez-nous tout d'abord votre retour en Pro A, après avoir sillonné une bonne partie de l'Europe du basket... Depuis la crise économique et surtout depuis les deux, trois dernières années, j'ai vraiment eu du mal à recevoir mes salaires. Même quand j'étais en Espagne et que j'avais un contrat garanti, nous sommes descendus en deuxième division, et tout d'un coup mon contrat n'était plus valable ! Après je suis parti en Italie où j'ai longtemps été blessé, puis en Grèce et à Chypre où je n'ai vraiment pas été payé. Ça commençait vraiment à devenir embêtant, surtout à mon âge (33 ans). Je voulais donc jouer dans un pays où j'avais l'assurance d'être payé, comme la France, l'Allemagne ou la Belgique. C'est pour ça que lorsque j'ai eu une proposition en provenance d'Allemagne au mois d'octobre, j'ai tout de suite accepté, même pour un contrat de pigiste. Mais quand les trois mois se sont écoulés, ils voulaient me garder mais n'ont pas pu le faire pour des raisons financières. Je suis donc revenu en France, pour garder la forme, m'entraîner et être sur place, et non aux Etats-Unis, où j'habite, afin d'être disponible tout de suite si une équipe avait besoin de renfort. Ce qui a bien failli se faire avec Chalon, où évolue votre jeune frère Ilian... Il y a eu des contacts avec Chalon quand Joffrey Lauvergne s'est blessé au pied. Mais comme ce n'était pas très grave, ils n'ont pas pu me signer. Ils ont aussi gagné cinq matches de suite au cours de cette période, donc à leur place je n'aurais pas pris le risque de changer l'équipe... Après, à partir du moment où Paris s'est intéressé à moi, je n'ai pas hésité une seconde. J'ai dit : "Je veux venir tout de suite !" Ils se sont arrangés avec mon agent et me voilà ! Que vous a principalement demandé votre nouvel entraîneur Christophe Denis lors de votre arrivée ? D'apporter surtout au rebond mais aussi une certaine forme de leadership ? Quand j'ai signé, il a été très clair. Il voulait que j'apporte du rebond, ma présence en défense au poste bas ainsi que de bons écrans pour les shooteurs, comme Michel (Morandais) ou David (Noel). Mais aussi que je motive les jeunes et que j'apporte mon expérience. Je pense que c'est normal qu'il me demande ça car je suis le plus vieux de l'équipe. Après le leadership ça peut venir avec le temps, tu ne peux pas arriver en disant : "C'est moi le leader !" Ça ne marche nulle part comme ça. Moi je veux surtout que l'équipe gagne, le reste... Racontez-nous votre intégration au sein de cette équipe, une intégration certainement facilitée par votre victoire au tournoi de Salé, au Maroc... C'est clair qu'on a bien travaillé là-bas et on a pu s'intégrer Eric (Chatfield) et moi, ce qui était le but. Après je connaissais déjà quelques joueurs de l'équipe comme David Noel, qui est lui aussi passé par North Carolina même s'il est d'une autre génération, et on joue ensemble chaque été. Je connais également bien Michel Morandais, que j'ai croisé plusieurs fois en Espagne ou Italie. Sinon j'avais entendu parler d'Andrew Albicy mais aussi de Marcellus Sommerville, mon frère m'avait dit que c'était un excellent joueur. Au Maroc, on a fait quatre matches et c'était du basket dur, physique. Et même si c'était un petit tournoi, c'est toujours bien de gagner quelque chose. Ça amène de la confiance. Personnellement, j'ai pu travailler les systèmes et c'était beaucoup mieux que si j'avais dû débuter tout de suite par Roanne. "Quand je vais jouer contre mon frère, il n'y aura pas de cadeau" Un match face à Roanne lors duquel vous n'avez pas raté vos débuts (84-68). Vous attendiez-vous à une telle entame face au leader de Pro A ? Je les avais vus jouer contre Chalon. J'étais parti voir le match avec mon père, le jour où j'ai commencé à avoir des contacts, et je savais qu'ils allaient affronter Paris deux semaines plus tard. Débuter comme ça, par une victoire contre les premiers, c'est toujours bon à prendre. On s'est bien amusés mais tout ça, c'est du passé maintenant. Il faut oublier ce match et se concentrer sur celui du Mans. Pourquoi ne pas aller gagner là-bas, puis contre Strasbourg ? Il ne faut pas non plus être trop sûr de nous. Garder les pieds sur terre et continuer à travailler comme on l'a fait. Si on se bat sur le terrain et qu'on a un esprit de guerrier et une bonne défense, tout en faisant bien bouger la balle en attaque, les résultats vont forcément venir. Et aujourd'hui, chacun connaît son rôle. Aviez-vous suivi la première moitié de saison du Paris-Levallois, notamment la série de huit défaites consécutives ? Et pensez-vous qu'une nouvelle participation aux play-offs soit toujours envisageable ? J'ai pas mal suivi le championnat de France avec le retour de mon frère. J'étais d'ailleurs un petit peu surpris des résultats du PL. Parce que je pense qu'il y a de bons joueurs de basket dans l'équipe. On l'a montré contre Roanne. La menace peut venir de Michel comme ça été le cas lors de la dernière journée mais ça peut être aussi Marcellus, Lamont (Hamilton),... On a vraiment différents profils en attaque et ça peut venir de partout. Maintenant il faut qu'on continue dans cette voie. En ce qui concerne les play-offs, on doit prendre les matches les uns après les autres. Car quand on construit une maison, on ne commence pas par le toit. On commence en bas, étape par étape, dans la vie comme dans le basket. Et aujourd'hui, on construit ! Vous évoquiez votre frère, qui évolue à Chalon depuis le début de saison, lui qui a avoué attendre vos retrouvailles sur un parquet, le 12 mars prochain, avec impatience... Il a trouvé son identité en tant que joueur de basket et il fait la meilleure saison de sa carrière. C'était très important pour lui de jouer pour un entraîneur qui a confiance en lui, qui connaît ses points forts et ses points faibles. Et avec Greg Beugnot, ça se passe vraiment très bien. Qu'il continue comme ça, mais il faut savoir que quand je vais jouer contre lui il n'y aura pas de cadeau... On joue tout le temps ensemble l'été, et c'est la guerre (rires) ! Mais une fois que c'est fini, on mange ensemble, on va au cinéma ensemble,... Mais au basket, ça ne rigole pas ! C'est notre père qui nous a appris ça. Il faut gagner pour que les gens te respectent. Un mot pour finir sur l'équipe de France, que vous avez fréquentée au début des années 2000 et notamment lors du championnat d'Europe 2001, aux côtés de Laurent Sciarra, Fred Weis ou encore Laurent Foirest. Qu'est-ce que ça vous fait de les retrouver en Pro A ? Ça me rappelle déjà de très bons moments. A l'époque, j'étais l'un des plus jeunes joueurs avec Tony Parker. J'ai appris beaucoup des anciens comme Crawford Palmer ou Jim Bilba, qui était comme mon père sur le terrain, un très grand joueur que je connaissais depuis mes 16 ans, à l'occasion d'un entraînement avec Cholet. Après, il y avait aussi Laurent Sciarra et son leadership, ce qui était très bien pour Tony à l'époque. Mais j'ai déjà recroisé la plupart des joueurs de cette génération, comme Stéphane Risacher en Europe par exemple, Antoine Rigaudeau, Laurent Foirest, Fred Weis que j'ai affronté plusieurs fois en Espagne, Mous Sonko aussi,... Ça va être spécial même si ce ne sera pas nouveau, parce qu'on se connaît très bien et qu'on joue les uns face aux autres depuis plus d'une dizaine d'années. Sinon je continue à suivre l'équipe de France même si je ne connais pas beaucoup la nouvelle génération. J'avais vu le match contre l'Espagne au dernier Mondial et maintenant j'espère qu'ils vont continuer à grandir et à apprendre. Je leur souhaite le meilleur et j'espère qu'ils réussiront leur championnat d'Europe.