Evra : "il y a un traître parmi nous"

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Propos recueillis par ALEXANDRE SARKISSIAN, à Knysna , modifié à
CM 2010 - Pour le capitaine des Bleus, il existe un détracteur au sein du groupe France.

CM 2010 - Pour le capitaine des Bleus, il existe un détracteur au sein du groupe France.Patrice, que s'est-il passé dans le vestiaire à la mi-temps de France-Mexique ?C'est encore un coup dur qui nous tombe dessus. On a perdu Lass (Diarra) pour d'autres raisons, après le Mexique, on se retrouve dans une situation catastrophique et là pour d'autres raisons encore, on a perdu un coéquipier. On est des hommes, il s'est passé quelque chose dans le vestiaire, je ne vais pas répéter les mots, mais ce n'est pas exactement ceux qu'on a vus dans la presse. Je suis resté avec Nico durant l'entraînement, ça lui fait mal de nous quitter, Nico aime l'équipe de France et si on est là c'est un peu grâce à lui. Il a marqué en Irlande, il ne faut pas l'oublier.Comment vivez-vous tout ça ?Je suis vraiment touché, je me demande comment ce journal a pu publier ces propos. Je pense à un enfant qui voit ces insultes, là le journal doit être heureux car il a tiré le jackpot. Même quelqu'un qui n'aime pas le foot et passe devant le kiosque va l'acheter. Après le match du Mexique, je ne m'attendais pas du tout à ce résultat et là on en rajoute. Chaque fois que je suis en équipe de France, j'ai l'impression qu'on oublie de parler football. Le problème, ce n'est pas Anelka, c'est le traître qui est parmi nous et qu'il faut éliminer. Comment cette info a pu sortir alors que l'on était seuls avec le staff ?Ecoutez Evra en conférence de presse, samedi, au micro de Pascal Normand : Avez-vous une idée de qui cela peut-être ?Oui, bien sûr. Pour moi, ça vient de quelqu'un qui est dans le groupe, dans le staff, et qui veut du mal à l'équipe de France. Le journaliste ne l'a pas inventé.Pourquoi Nicolas Anelka a-t-il "pété les plombs" comme ça ?Les gens ne le connaissent pas, moi je le connais, je connais l'homme et c'est un gars doux. Il est touché, il a vraiment mal, il est dégoûté. Il a ses raisons, peut-être qu'il s'est passé quelque chose et voilà. Mais qui ne fait pas des erreurs ? En club, ça arrive aussi. Je reconnais évidemment que les insultes, c'est inadmissible, mais ça arrive parce qu'on est des hommes.Vous parliez de traître, comment peut-on vivre avec un traître avant de disputer ce match capital contre l'Afrique du Sud ?C'est ça depuis le début mais on ne va pas se cacher, le plus important c'est ce prochain match, c'est de gagner un match de Coupe du monde. Il peut se passer un miracle. J'étais abattu après le Mexique mais chaque jour qui passe, j'ai toujours un espoir. Nico nous parlera avant de partir, il nous dira un mont mais n'oublions pas l'essentiel, il faudra gagner ce match contre l'Afrique du Sud."Si on coule, on coulera ensemble"N'est-ce pas trop lourd à gérer en tant que capitaine ?Je suis vraiment triste. Après le match, même si ça ne reste que du football, tu as l'impression que tu es seul, tu te dis que ce n'est pas possible, tu es un joueur de haut niveau et tu n'es pas capable de te qualifier pour un deuxième tour de Coupe du monde. C'est inadmissible. Je ne me cacherai pas, j'aurais préféré venir et que l'on me dise "Vous avez été nuls contre le Mexique" plutôt que de parler de la polémique de Nico et du coach. Je ne trouverai pas d'excuse, si je ne suis pas bon contre l'Afrique du sud, je ne dirais pas que c'est à cause de cette histoire.Combien de joueurs ont tenu à ce que Nicolas Anelka reste ?Tous les joueurs ont voulu qu'ils restent.En tant que capitaine et footballeur, que pensez-vous d'un joueur qui dit à son entraîneur "Va te faire enculer, sale fils de pute" ?C'est inadmissible mais il y a des propos qui se passent dans le football et dans les vestiaires, ça arrive.Mais dans ces cas-là, comment réagissent les autres joueurs, on fait semblant de ne rien entendre ?C'est moi qui ai mis fin à la discussion entre Nico et le coach, les joueurs peuvent le confirmer. Ce n'est pas allé plus loin, j'ai dit: "A quoi on joue-là ? On a un match à gagner."Est-ce un calvaire, cette Coupe du monde ?Pour ma première Coupe du monde, un événement spécial, la première en Afrique, je n'aurais jamais imaginé tout ça mais je peux parler aussi football. Ce n'est pas normal que l'on se trouve dans cette situation.Qui est responsable ?Tout le monde. D'abord les joueurs parce qu'on est sur le terrain mais après il y a le staff, la fédé, tout le monde. On est tous dans le même bateau et si on coule, on coulera ensemble.