Encore un monde d'écart...

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Thomas SINIECKI , modifié à
L'équipe de France n'a jamais vraiment pu y croire en finale de l'Euro, nettement dominée dimanche par l'Espagne (85-98), qui a constamment accru son avance et n'a pas eu l'occasion de trembler. Juan Carlos Navarro, encore insolent à longue distance, termine meilleur marqueur avec 27 points, tandis que Tony Parker (26 points) était un peu trop seul. Malgré tout, l'aventure restera belle pour les Bleus.

L'équipe de France n'a jamais vraiment pu y croire en finale de l'Euro, nettement dominée dimanche par l'Espagne (85-98), qui a constamment accru son avance et n'a pas eu l'occasion de trembler. Juan Carlos Navarro, encore insolent à longue distance, termine meilleur marqueur avec 27 points, tandis que Tony Parker (26 points) était un peu trop seul. Malgré tout, l'aventure restera belle pour les Bleus. La plus grande part du travail avait déjà été faite. Si défaite en finale il y avait, il paraissait bien difficile d'en vouloir à nos basketteurs, pour la plupart estampillés NBA, qui se sont tous mis minables pendant un été pour réussir un savoureux mélange sur les parquets de Lituanie. Mais une finale reste une finale, belle que si on la gagne, comme le veut l'adage. Les Bleus ne l'ont pas gagnée, battus de 13 points par l'Espagne (85-98) sans trop avoir pu y croire. Les hommes de Vincent Collet seront aux Jeux olympiques, mais ont pu se rendre compte du fossé qu'il leur reste encore à combler pour passer du tutoiement des sommets au nirvana le plus complet. Déjà à un peu plus de 30 points de moyenne sur son quart et sa demi-finale, le diable de Juan Carlos Navarro a très légèrement baissé sa moyenne. Mais vraiment pas de beaucoup, puisque l'arrière du Barça, encore incroyable de légèreté et surtout de précision, a inscrit la bagatelle de 27 unités pour terminer meilleur marqueur de la finale. Plusieurs variables peuvent expliquer cette défaite française, mais la plus évidente reste tout simplement la différence entre un bon collectif, solidaire et plein d'individualités, et un autre rodé comme jamais. Absolument imprenable dès qu'elle a réussi à trouver les postes hauts, l'Espagne a montré les automatismes d'un vrai club, en plus d'un sublime niveau général. Malgré un début de match bien enflammé, avec deux dunks successifs de Noah (1ère, 3e), Navarro donne déjà le ton à trois points (2e), bien secondé par Calderon (11-10, 6e). Après un contre sur Traoré, Marc Gasol conclut sous le panier et permet aux Espagnols de creuser un premier écart avant même la fin du premier quart (17-12, 7e). Tant bien que mal, Parker et Batum parviennent à répondre à Navarro et Marc Gasol au tir primé, mais il semble entendu que les Bleus ne pourront pas s'aligner éternellement sur de telles bases offensives (25-20, 10e). "Ils méritent leur victoire", s'est contenté de réagir sobrement Tony Parker à l'issue de la rencontre, devant les caméras de Canal+ Sport. La sentence est simple, mais juste. Diaw: "Il faudra être plus malins dans les années à venir" Un peu meilleurs partout, les Espagnols ont aussi été d'une domination écrasante sur certains secteurs, comme les contres: 10 à un au total, un rapport de force très déséquilibré qui repose en grande partie sur les épaules du seul Ibaka. Tout frais naturalisé, l'arrière du Thunder, originaire du Congo, termine le match avec six contres, dont cinq en sept minutes en plein coeur du deuxième quart-temps. De quoi écoeurer l'armada française, qui tente de résister au rouleau compresseur grâce à des tirs à trois points victorieux de Gélabale et Parker (12e), Diaw (15e) ou encore Batum (19e). Mais Navarro en est déjà à 13 points avant même le quart d'heure de jeu, et si Parker atteint la barre des 14 unités à peu près dans les mêmes temps, le meneur tricolore n'est pas vraiment suivi. Contrairement à l'Espagnol... Les Bleus réussissent une jolie séquence juste avant la mi-temps, grâce à un 7-0 conclu sur un tir primé puis un dunk de Batum (46-41, 19e), mais les Ibères parviennent invariablement à reprendre tout de suite leurs distances, pour conclure la première période sur un avantage de neuf points (50-41). En sur-régime derrière la ligne, les hommes de Vincent Collet passent de 4/5 à trois points dans le deuxième quart à un 2/10 ensuite... Un nouveau tir longue distance de Gélabale, suivi d'un shoot peu orthodoxe mais gagnant de Noah en tête de raquette, font encore espérer les Français (60-54, 26e). Mais ces derniers ne parviendront plus jamais à passer sous un écart de -6. Tout en contrôle, l'Espagne n'a jamais semblé souffrir, portée très haut par ses mastodontes Gasol, et bien sûr par son génie Navarro, logiquement élu MVP de la compétition. "On a vu les points sur lesquels on pouvait progresser, indiquait Boris Diaw, lucide. Il nous a manqué un peu de connaissance du jeu, il faudra être plus malins dans les années à venir." Plus malins, mais aussi plus adroits, et surtout plus opportunistes sur les très, très rares loupés d'un tel adversaire. Certes l'Espagne, sacrée championne d'Europe pour la deuxième fois de son histoire (et pour la deuxième fois d'affilée) est dans la force de l'âge. Mais l'équipe de France a l'avenir devant elle.