Emane: "C'est magnifique"

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Propos recueilis par MICHAEL BALCAEN , modifié à
Un deuxième titre mondial en poche, Gévrise Emane était radieuse à la descente du podium. La pensionnaire de Levallois a dû beaucoup travailler depuis son changement de catégorie et, après une période d'adaptation, semble avoir trouvé les clés du succès. Championne d'Europe et championne du monde en titre, elle rêve désormais du titre olympique, le seul qui lui manque.

Un deuxième titre mondial en poche, Gévrise Emane était radieuse à la descente du podium. La pensionnaire de Levallois a dû beaucoup travailler depuis son changement de catégorie et, après une période d'adaptation, semble avoir trouvé les clés du succès. Championne d'Europe et championne du monde en titre, elle rêve désormais du titre olympique, le seul qui lui manque. Gévrise, vous voilà double championne du monde. Quel est votre sentiment ? Je suis de nouveau championne du monde, en plus à Paris, c'est énorme. C'est beaucoup de plaisir. Cette médaille a le goût du travail, de l'effort, je ne lâche rien. En 2007, c'était le premier titre, j'étais ravie, là aussi mais beaucoup de choses se sont passées. Il y a eu une grosse remise en question après Pékin, je n'étais pas bien, je ne savais pas si je voulais remettre un kimono. Avec Christian Chaumont, mon entraîneur à Levallois, on a décidé de se lancer un nouveau défi en changeant de catégorie pour aller chercher des titres et surtout par rapport aux Jeux parce que c'est la seule médaille qui me manque. Avez-vous pensé à arrêter après les Jeux de 2008 ? Oui, parce que c'était un gros échec, je ne me reconnaissais plus, je me suis posée beaucoup de questions, je montais sur un tapis, je pleurais avant un combat. A l'INSEP, je longeais les murs, je n''étais pas bien. Je me suis dit: "si tu montes sur un tapis et que tu pleures à quoi ça sert ?" La famille, les amis, le club sont là pour nous soutenir dans tous les moments, même quand ça va mal. Le déclic a-t-il eu lieu à Istanbul lors des championnats d'Europe ? Oui, le fait d'avoir remporté le championnat d'Europe a été un déclic. Je me suis prouvé que je pouvais remporter autre chose que des Grand Chelem parce que j'avais remporté le Tournoi de Paris, le Masters mais en championnat je n'y arrivais pas trop. Là, je me suis dit: "T'es championne d'Europe, alors les 'Monde' c'est possible aussi.""Je savais ce que je devais faire" Qu'avez-vous ressenti quand les juges ont levé les drapeaux ? C'était énorme, magnifique, je n'y croyais pas, j'étais trop contente. Je n'avais plus rien à dire, je n'avais plus que les yeux pour pleurer. En plus, ce combat en finale contre Ueno, double championne du monde il faut le rappeler, était vraiment dur. Je savais que je devais être à l'attaque la première, j'étais concentrée, je savais ce que je devais faire, qu'il ne fallait pas que je lâche, je regardais Martine (Dupond, son entraîneur, ndlr) elle me disait: "Vas-y continue, ça va le faire". Et c'est passé. Est-ce votre plus belle médaille ? Je ne sais pas si je peux dire que c'est la plus belle médaille parce que j'en ai eu d'autres, mon premier titre mondial à Rio c'était magnifique, mon premier championnat d'Europe aussi. C'est un autre goût et je suis très contente. Savez-vous que vous êtes seulement la troisième à devenir championne du monde dans deux catégories ? On n'arrête pas de me le dire, je commence à en prendre conscience, c'est énorme. Maintenant, je vais profiter de ce nouveau titre mondial et après je vais me remettre au boulot ! Vous avez quasiment tout gagné... Il ne me manque plus que le titre olympique, il va falloir aller le chercher. Je vais d'abord devoir me qualifier car on est deux dans cette catégorie avec la petite Clarisse Agbegnenou, ce n'est pas encore fait mais je ne vais rien lâcher. Je vais beaucoup travailler pour y arriver. Quel effet cela fait-il de gagner à Paris ? C'est énorme, gagner ici avec le public qui nous soutient... Quand j'ai vu le golden score, je me suis dit qu'il fallait y aller. Il y a tout le monde qui crie, qui scande le nom, c'est magnifique. Vous avez dû descendre de poids, cela a-t-il été compliqué ? Oui, cela a été un challenge, pas parce que je devais perdre beaucoup de poids mais parce que je n'avais jamais fait de régime (en -70kg) donc il a notamment fallu apprendre à associer les aliments. Perdre du poids, ça voulait dire perdre du muscle, or je voulais arriver en forme le jour de la compétition donc j'ai appris, j'ai vu une nutritionniste et parlé avec Christian Chaumont et Cathy Fleury, ce qui m'a permis de perdre du poids sans faire de yo-yo. Ça s'est bien passé. Pourvu que ça dure.