Dusautoir: "On n'a pas de pression"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE , modifié à
De nouveau en possession de tous ses moyens physiques, Thierry Dusautoir retrouvera vendredi, à Marseille, son brassard de capitaine pour mener le Stade Toulousain au combat face aux Champions de France clermontois. Dans un entretien exclusif accordé à notre site, le troisième ligne balaye la pression, liée à l'évènement, et convoque le plaisir éprouvé à jouer ces matches de phase finale. Un parfum à nul autre pareil.

De nouveau en possession de tous ses moyens physiques, Thierry Dusautoir retrouvera vendredi, à Marseille, son brassard de capitaine pour mener le Stade Toulousain au combat face aux Champions de France clermontois. Dans un entretien exclusif accordé à notre site, le troisième ligne balaye la pression, liée à l'évènement, et convoque le plaisir éprouvé à jouer ces matches de phase finale. Un parfum à nul autre pareil. Thierry, on imagine que depuis bientôt trois semaines, toutes vos pensées sont focalisées sur ce Top 14 et cette demi-finale au Vélodrome ? Oui, c'est tout pour le championnat. On a réussi à sortir premiers de la phase de qualification, c'est déjà un premier pas, à nous désormais d'aller chercher un autre titre que cette distinction qui n'est pour l'heure qu'honorifique. Ça passe par la case Vélodrome. Finir cette saison sans trophée ne serait-il pas une terrible déception au regard de la maîtrise qui a accompagné votre parcours jusqu'à ce stade de la compétition... Chaque saison, on la joue pour aller le plus loin possible. On ne réfléchit pas comme ça, on n'a pas de pression à avoir. On réalise une bonne saison dans un Top 14 relevé face à des équipes de très haut niveau. On a l'opportunité de jouer une demi-finale et de franchir un tour supplémentaire. Ces moments-là ne doivent pas représenter des moments de pression, mais des moments de plaisir. On les voit comme ça, on a la chance d'en vivre quasiment tous les ans, mais on paye le prix fort chaque année pour les vivre. Là maintenant, c'est un instant où on profite, la pression, elle est derrière. Il y a du stress évidemment parce qu'on est compétiteur et qu'on veut réussir. C'est un petit cadeau qu'on s'est offert en travaillant toute la saison. Ça s'apparente à l'excitation que vous pouvez avoir lorsque vous déballez un cadeau et que vous voulez savoir ce qu'il y a à l'intérieur... "Du début à la fin, c'est un travail d'équipe" Tout de même, on avait rarement vu le Stade dominer son sujet de cette façon de bout en bout... On le dit maintenant parce qu'on a fini premier, mais on a été très critiqué en début de saison pour le jeu qu'on pratiquait. Je me souviens qu'à l'époque, je disais que l'essentiel, malgré la tempête, était de maintenir le cap et de garder la main sur la barre. Ça signifiait pour nous prendre des points de bonus par ci par là et à la sortie, on se rend compte que c'est ce qui nous a permis de faire la différence et de creuser l'écart avec nos concurrents. C'est la leçon à tirer de cette première place, savoir prendre des points quand ça va mal, même défensifs, pour attendre des moments plus faciles. Le doublé n'est plus d'actualité, mais votre défaite à Dublin face au Leinster, futur Champion d'Europe, n'était-elle pas de nature à vous conforter dans vos options ? C'était un match de niveau international, malheureusement, on a commis ce jour-là trop d'erreurs, qui à ce niveau-là ne pardonnent pas. Dire qu'on est sorti grandis de cette défaite, je ne sais pas, mais on sait depuis ce match qu'on est capable cette saison d'aller dans des intensités pareilles. Il faut qu'on soit capables de les reproduire pour gagner nos deux prochains matches, je l'espère. C'est intéressant pour la suite, mais ça ne donne aucune garantie. On est rentrés dans ces intensités parce qu'on était prêts pour le faire et parce que le Leinster nous y amenés. C'est bien surtout de savoir qu'on a réussi à jouer à ce rythme et à faire une belle partie, mais il faut savoir y retourner et gagner les matches. Ces phases finales réclament-elles de se hisser à un tel niveau d'intensité ? On ne le sait jamais... Ce sont des matches par définition particuliers, à élimination directe, qui induisent une intensité différente. Tous les clubs présents à ce niveau de compétition ont mérité de figurer à ce stade de la compétition, ont travaillé pour cela et ne vont pas lâcher à cet instant de la saison. Ceci étant dit, l'intensité d'un match, même si on peut la devinait, il faut vraiment le jouer pour l'éprouver et la mesurer. Vous évoquiez le rythme. Ces trois semaines sans match ne risquent-elles pas de vous avoir fait perdre ce rythme ? On a cravaché pour ça parce qu'on est une équipe qui joue sur les deux tableaux. On avait l'ambition de jouer une finale de Coupe d'Europe et dans ces conditions-là, ça aurait été parfait. Maintenant, on ne va pas se plaindre. On en a profité pour travailler physiquement et préparer au mieux ces demi-finales. On a entière confiance dans ce que nous propose notre staff, qui a l'expérience de ce genre d'évènements. D'une certaine manière, c'était à eux de bosser pour nous amener dans les meilleures conditions jusqu'à cette demi-finale et vendredi, ils nous passeront le relais pour terminer. Du début à la fin, c'est un travail d'équipe. "Les Toulousains ont un faible pour le Brennus" La motivation, si elle est toute trouvée, s'exprime à plusieurs titres avec notamment la volonté de bien finir un cycle avant qu'une page se tourne au Stade la saison prochaine... Oui, c'est quelque chose d'assez rare au Stade Toulousain de voir autant de départs. Quelque part, il y a de la tristesse, mais ils ne partent pas non plus à l'auspice, ils partent s'éclater dans d'autres équipes. Nous, on aura d'autres partenaires avec lesquels on construira quelque chose de différent, mais pour atteindre le même objectif. Ça arrive cette année, on veut valider tout ce qui a été construit durant plusieurs saisons ensemble avec cet effectif et se quitter sur une belle performance. Ça peut être l'un des moteurs pour nous. Pour conclure, accepteriez-vous un excédent de bagages et un Brennus dans vos valises sur le chemin qui doit vous mener en Nouvelle-Zélande l'automne prochain ? Un titre est toujours le bienvenu, surtout que les Brennus sont particulièrement appréciés à Toulouse. Les Toulousains ont un faible pour le Bouclier, même s'ils s'accommodent très bien d'une Coupe d'Europe. Je pense qu'on a vraiment mérité notre place dans ce dernier carré, il reste deux marches à gravir avant d'être Champion de France. Il ne faut pas les rater.