Dumoulin: "Remonter en Pro Tour"

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Propos recueillis par François QUIVORON , modifié à
La saison 2011 débute en France ce dimanche avec le Grand Prix d'ouverture La Marseillaise. Samuel Dumoulin, troisième l'an passé, commencerait bien par une victoire, mais le coureur de la Cofidis insiste sur les objectifs de l'équipe: se montrer, marquer des points en World Tour pour regagner une licence et briller sur le Tour de France.

La saison 2011 débute en France ce dimanche avec le Grand Prix d'ouverture La Marseillaise. Samuel Dumoulin, troisième l'an passé, commencerait bien par une victoire, mais le coureur de la Cofidis insiste sur les objectifs de l'équipe: se montrer, marquer des points en World Tour pour regagner une licence et briller sur le Tour de France. Samuel, comment s'est passée la préparation hivernale ? Notre stage près de Saint-Raphaël nous a permis de nous préparer pour les premières courses de la saison, pour être dans le rythme. Pas forcément avec de gros volumes d'entraînement parce que les courses de début de saison ne sont pas très longues. En plus, on a commencé à travailler avec les nouveaux directeurs sportifs (Stéphane Augé et Didier Rous, ndlr), pour prendre nos marques avec eux, faire connaissance. Ils ont vraiment joué le jeu. Et j'ai trouvé un groupe concentré et motivé. Je suis un peu cadre de cette équipe, j'ai essayé de donner l'exemple et tout le monde semble sur la bonne voie pour remplir les objectifs du début de saison. Quels sont-ils justement ? Pour l'équipe, pas forcément les premières courses, même s'il faudra réussir un bon Grand Prix d'ouverture qui compte pour la Coupe de France. Le sponsor veut qu'on remporte le classement par équipes. A partir du Tour du Haut-Var, il faudra monter en puissance, puis faire un gros Paris-Nice, première grosse course française dans le calendrier World Tour. Poursuivre avec le Tour de Catalogne, et à côté, il y aura un front sur les classiques avec Gand-Wevelgem, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Avez-vous déjà une idée de votre programme ? Oui, pour moi ce sera le même que l'an dernier: Grand Prix La Marseillaise, Etoile de Bessèges, Tour du Haut-Var, deux courses en Suisse, Paris-Nice et le Tour de Catalogne. On est invité sur Milan-San Remo, mais je pense que c'est Leonardo Duque qui ira là-bas en tant que leader. Moi, je serai sprinteur en Catalogne. Il vaut mieux que l'on répartisse nos chances plutôt que tout mettre en même endroit. Comment avez-vous vécu l'arrivée du nouvel encadrement sportif ? Il y avait un problème de dialogue avec l'entraîneur sportif (Francis Van Londersele, ndlr) la saison passée, des tensions avec le manager. Et cela se répercutait sur les coureurs, notamment au niveau des programmes de course. Maintenant, même si on ne connait pas très bien les nouveaux directeurs sportifs, ce sont des personnes plus jeunes, donc le dialogue est plus facile. Ils ont été recrutés en sachant qu'ils devaient s'adapter aux méthodes de l'équipe et pas l'inverse. Etre dirigé par quelqu'un comme Stéphane Augé, qui a couru avec moi pendant huit ans, c'est plus facile pour faire remonter des informations. Le dialogue est plus important, plus profond, et je pense que cela peut beaucoup apporter à la cohésion de l'équipe. Tout cela peut nous permettre de prendre les bonnes décisions, de composer l'équipe en fonction de la forme de chacun au moment des courses. "Le gros morceau, c'est le Tour de France" Sur quoi le manager Eric Boyer a insisté dans son discours ? Remonter dans le Pro Tour, voilà l'objectif. Il faut marquer des points dans les épreuves World Tour. Le sponsor veut aussi gagner des courses, c'est mieux de lever les bras que de faire septième de Paris-Nice, ce qui est une super performance. C'est donc un mix de tout cela qu'il faudra gérer au mieux. Il faudra aussi progresser. Cette année, on devra se montrer, notamment sur le Dauphiné Libéré qu'on a raté la saison dernière, aux Championnats de France qui ont lieu dans le Nord, la région de Cofidis. Le gros morceau, c'est le Tour de France. Il nous a manqué une victoire d'étape en 2010, on était présent mais pas gagnant. On est arrivé au départ un peu émoussé après un gros début de saison et il nous a manqué le petit plus pour gagner. C'est peut-être lié à notre programme de course de début d'année. Ce Tour de France moyen aurait-il précipité la fracture entre l'encadrement et les coureurs ? Je pense que cela a été l'élément déclencheur. C'était monté crescendo tout au long de l'année. Au début, on gagnait beaucoup de courses et c'est donc passé sous silence. Mais après, l'équipe a explosé et on a dû terminer comme on pouvait. Heureusement que la Vuelta nous a souri grâce à David (Moncoutié, 14e du général et meilleur grimpeur, ndlr), sinon c'était compliqué. Soulagé d'être assuré de prendre le départ du Tour en juillet prochain ? Eric Boyer était assez rassurant à ce niveau-là, mais c'est vrai que le fait de le savoir, on est complètement serein. On veut être dans une forme optimum au mois de juillet, on va donc pouvoir travailler et construire notre calendrier en fonction du Tour. Comme on vise une place en Pro Tour, on ne peut pas non plus tout axer sur cette course, il y a une saison à faire avec d'autres grands rendez-vous et des objectifs à tenir. On va souffler un peu fin avril-début mai avant de se pencher entièrement sur le Tour. On fera notre maximum, bien entendu, en espérant prendre le départ le plus frais possible. "L'affaire Contador, encore une baffe pour le cyclisme" Savez-vous déjà qui sera le leader sur le Tour ? Pour le moment, c'est un peu compliqué. On n'a pas un coureur capable de jouer un podium. On va avoir quelques enseignements sur Paris-Nice. Rein Taaramäe marche très fort, Damien Monier monte en puissance, Julien El Fares a fait une super performance pour son premier Tour (27e du classement général, ndlr). Mais cela va être difficile, même pour placer un coureur dans le Top 10. On verra lors des premières grandes courses et on désignera peut-être un ou deux coureurs à protéger. En tout cas pour les jeunes, ce n'est pas forcément leur rendre service en leur mettant la pression pour une course comme celle-là. Un mot sur la suspension de Contador ? Oui, j'ai suivi l'affaire. S'il est innocent, c'est beaucoup. S'il est coupable, c'est peu. Le vainqueur du Tour est quand même suspendu, donc cela va donner encore une baffe au milieu du cyclisme. Et cela va nous poursuivre jusqu'à la prochaine édition. Comme Contador est le coureur phare actuellement, cela se répercute sur tout le monde. Il faudrait que le grand public remarque qu'on essaie d'éradiquer le dopage, que les affaires ne sont pas passées sous silence. Il faut privilégier les coureurs sains et ne pas pratiquer l'omerta dans le milieu du cyclisme. Malheureusement, on manque de soutien. Troisième l'an dernier, c'est la première place que vous visez cette année au Grand Prix La Marseillaise ? Oui, cela ferait plaisir, c'est sûr ! Mais dans le peloton, beaucoup de coureurs disent qu'elle porte malheur. Regardez Hivert l'an dernier (Après avoir gagné la course, il a été stoppé par une tendinite aigüe au biceps fémoral, ndlr). Il ne faut pas calculer. C'est dans mes cordes en tout cas, j'ai progressé dans les ascensions. Après, on vise le classement par équipes de la Coupe de France, donc on va peut-être privilégier la quantité. Si on a un coureur devant, on ne va pas lui demander de freiner non plus.