Djokovic ne touche plus terre

  • Copié
LAURENT DUYCK , modifié à
37 victoires pour 7 titres, les chiffres parlent pour Novak Djokovic et donnent le tournis en cette saison 2011. Dimanche à Rome, le Serbe a donné une nouvelle leçon au n°1 mondial Rafael Nadal, le dominant pour la quatrième fois de l'année (6-4, 6-4), une semaine après avoir brisé à Madrid la série triomphale du Majorquin sur terre battue. A la veille de Roland-Garros, la surface ocre tient son nouvel épouvantail.

37 victoires pour 7 titres, les chiffres parlent pour Novak Djokovic et donnent le tournis en cette saison 2011. Dimanche à Rome, le Serbe a donné une nouvelle leçon au n°1 mondial Rafael Nadal, le dominant pour la quatrième fois de l'année (6-4, 6-4), une semaine après avoir brisé à Madrid la série triomphale du Majorquin sur terre battue. A la veille de Roland-Garros, la surface ocre tient son nouvel épouvantail. Si même Rafael Nadal sur terre battue s'y casse les dents, alors qui mettra fin à l'invincibilité de Novak Djokovic cette année ? La question, qui court depuis le début de la saison, n'a pas encore trouvé de réponse dimanche à l'issue du tournoi de Rome. Pour la 37e fois cette saison, le Serbe a levé les bras en vainqueur dans l'arène romaine. Et pour la deuxième fois en l'espace d'une semaine, sa victime avait pour nom Rafael Nadal, lui l'ancien maître absolu de la terre battue, invaincu la saison dernière sur la surface, mais contraint de plier face au phénomène qui s'avance comme le favori de Roland-Garros, le royaume du n°1 mondial qui y a triomphé à cinq reprises (2005, 2006, 2007, 2008, 2010) pour une seule défaite. Le roi est mort, vive le roi ! S'il ne sera pas encore n°1 mondial lundi à la publication du prochain classement ATP, "Nole" s'en rapproche un peu plus à l'issue d'un exploit que même l'actuel locataire du trône planétaire n'a jamais accompli : remporter deux Masters 1000 sur terre battue d'affilée d'une semaine sur l'autre. Attendu sur la surface ocre, autre que celle de son terrain de jeu de Belgrade entendons-nous bien, après sa tournée victorieuse aux Etats-Unis, à Indian Wells puis à Miami, où il avait déjà pris le meilleur sur l'Espagnol à deux reprises en finale, le protégé de Marian Vajda, sur un nuage depuis la victoire de son pays en Coupe Davis, a prouvé qu'il était bien le meilleur joueur du monde à l'heure actuelle, quelle que soit la surface. La fin d'une ère ? Même sa Majesté Nadal est obligé de s'incliner, lui qui avait fait de cette tournée sur terre battue le juge-de-paix de la saison. Dominé le week-end dernier à Madrid, le Taureau de Manacor n'a pas trouvé la solution en une semaine, malgré l'aide de son oncle Toni. Comme dans la capitale espagnole, le spécialiste ès terre battue s'est heurté à un mur dans le premier set, au point même d'abandonner la conduite du jeu à son adversaire. Capable de tenir la diagonale de coup droit de l'Espagnol avec son revers, et même mieux, Djokovic dicte sa loi et, chose incongrue sur la surface ocre, pousse inexorablement Nadal à l'erreur. Trois fautes directes dans le même jeu, dont un dernier revers boisé, offrent le premier break au Serbe à 4-3, lequel rate cependant l'occasion de mettre la main sur la première manche sur son engagement. Qu'importe, le "Djoker" en remet une couche et plie l'affaire sur le service Nadal sur un nouveau revers court croisé (6-4). Au sommet de son art, Djokovic insiste et enchaîne en prenant d'entrée de seconde manche le service de l'Espagnol pour mener 2-0. Nadal est à terre, au propre, déséquilibré au moment de se replacer, comme au figuré ? C'est mal connaître le bonhomme qui s'accroche, débreak dans la foulée et met la pression sur le Serbe, dont la balle claque alors moins, conséquence visible de son incroyable marathon de la veille face à Andy Murray conclu après 23 heures. Mais s'il a perdu en constance, "Djoko" est toujours capable de coups d'éclat et tient le choc pour continuer de faire la course en tête. A 5-4, Nadal craquera une nouvelle fois, cédant sur la cinquième balle de match du Serbe après être revenu de 0-40 à 40-A. Au terme d'un nouveau combat de plus de deux heures, Djokovic sort une nouvelle fois vainqueur de la bataille, comme à chaque fois depuis le début de l'année, ni Nadal, ni Federer, pas plus que Murray, n'ayant encore trouvé la clé pour enrayer cette machine infernale. Ces cinq dernières années resteront comme l'une des périodes les plus excitantes de l'histoire, marquées par le duel formidable que se seront livrés Federer et Nadal. Une passe d'armes dont le Serbe aura longtemps été un spectateur. Plus aujourd'hui. A bientôt 24 ans (il les fêtera dimanche prochain, premier jour de Roland-Garros), "Nole", déjà qualifié pour le Masters et bientôt n°1 mondial à ce rythme, est prêt à écrire sa propre légende. Et, si tant est que Federer n'abdique pas, que Nadal soit encore là pour de nombreuses années, voire qu'un quatrième larron s'invite au festin, c'est tant mieux pour le tennis !