Djokovic: "Un gros challenge"

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A quelques heures de la première finale de Coupe Davis de la Serbie, face à la France à partir de vendredi, Novak Djokovic focalise toutes les attentes d'un pays excité par l'événement. Le n°1 serbe, leader naturel de son équipe sur et en dehors du court, dit respecter les joueurs français mais ne pas les craindre particulièrement. Il répète également que les Bleus seront bien accueillis à Belgrade et invite "tout le monde à venir."

A quelques heures de la première finale de Coupe Davis de la Serbie, face à la France à partir de vendredi, Novak Djokovic focalise toutes les attentes d'un pays excité par l'événement. Le n°1 serbe, leader naturel de son équipe sur et en dehors du court, dit respecter les joueurs français mais ne pas les craindre particulièrement. Il répète également que les Bleus seront bien accueillis à Belgrade et invite "tout le monde à venir." Que représente la Coupe Davis en Serbie ? C'est quelque chose d'énorme. Tout a commencé en 2007 lorsque nous avons rencontré l'Australie en barrage pour intégrer le Groupe Mondial (victoire des Serbes 4-1, ndlr). Nous avions joué à Belgrade, dans la salle « Belgrade Arena » qui a été construite pour le championnat d'Europe de basket en 2005 et qui compte 20 000 places. C'était une formidable expérience. Et même si, à cette époque, le tennis gagnait en popularité, nous ne savions pas à quoi nous attendre. Cette salle était surtout utilisée pour les concerts et le basket. C'était d'ailleurs la première fois qu'une rencontre de tennis avait lieu dans cette enceinte. Or, chaque jour, la salle avait fait le plein. C'était incroyable. Depuis, quand nous avons eu la chance d'évoluer à domicile, nous y avons toujours joué. En cas de victoire, pensez-vous que ce serait le plus grand succès sportif de votre pays ? Ce serait le plus grand cette année et certainement le plus grand du tennis serbe ! Dans l'histoire du sport serbe, nous avons brillé en basket, handball et volley-ball. Remporter la Coupe Davis pourrait signifier que nous sommes l'une des plus grandes nations sportives au monde. En ce qui vous concerne, une victoire en Coupe Davis serait-elle plus importante qu'une victoire en Grand Chelem ? C'est difficile de comparer les deux. Je mets vraiment ces deux titres sur le même plan. Les deux sont gigantesques. Ma priorité de cette fin de saison est vraiment de remporter la Coupe Davis. Je veux jouer mon meilleur tennis durant ces trois jours à Belgrade, parce que je ne sais pas si j'aurai l'occasion de jouer à nouveau une finale de Coupe Davis, surtout à domicile. "L'équipe de France est forte et homogène" Vous semblez pratiquer actuellement l'un des tout meilleurs tennis de votre carrière. Est-ce également votre sentiment ? Oui, je joue de mieux en mieux depuis Wimbledon. L'an passé, j'ai connu des hauts et des bas, mais j'avais réussi une bonne deuxième partie de saison. Cette année, pendant les six premiers mois, j'ai connu des soucis physiques qui ont affecté mon jeu. Je ne pouvais pas me concentrer entièrement sur le tennis. J'avais du mal à maîtriser mes émotions. Mais c'est important de se battre, de se relever et de continuer. J'ai travaillé très dur dans ma vie et tout cela paie. Depuis Wimbledon, j'ai de nouveau connu des mois fantastiques. Je pense que cela peut continuer comme ça... Je me sens en forme. Je ne suis pas blessé et je suis frais mentalement pour de nouveaux challenges. Avec l'enchaînement des tournois (Bâle, BNP Paribas Masters, Londres), ne craignez-vous d'arriver un peu fatigué pour la finale de la Coupe Davis ? Après quelques années passées sur le circuit professionnel, vous devez vous habituer aux calendriers chargés. Il faut trouver de la motivation pour les rendez-vous importants. Avec elle, l'énergie s'accroît toute seule. Que redoutez-vous dans l'équipe de France ? Il n'y a pas de crainte à avoir. Je sais que nous disposons d'une équipe suffisamment forte pour battre n'importe quelle autre équipe. Nous devons être confiants et positifs. C'est la seule solution pour connaître le succès. Nous allons essayer de nous concentrer sur notre équipe. Maintenant, pour ce qui est des Français, leur plus grand avantage est de disposer d'au moins six ou sept joueurs capables de jouer en simple comme en double. Les combinaisons possibles sont nombreuses et leur équipe est forte et homogène. Je les ai vus, quand ils se sont qualifiés pour les quarts et les demies cette année, célébrer leur victoire, se féliciter les uns les autres. Ils s'entendent très bien. Comme nous, ils s'entraident et s'apprécient. Avez-vous décelé des faiblesses chez les Français ? Je n'ai jamais joué contre la France en Coupe Davis et la Serbie n'a jamais joué contre l'équipe de France depuis que la Serbie est un pays indépendant. S'ils sont en finale de la Coupe Davis, c'est qu'ils n'ont pas beaucoup de faiblesses. Ils ont de très bons joueurs. Tsonga a connu beaucoup de succès ces trois dernières années. Monfils joue de mieux en mieux. Llodra est désormais très compétitif en simple et on sait à quel point il est bon en double. Mais, encore une fois, nous allons nous concentrer sur notre équipe et réfléchir pour savoir comment battre cette équipe. "Belgrade est une cité pleine de vie et très sûre" Quelles sont les forces de l'équipe de Serbie ? Nous nous connaissons depuis longtemps et sommes amis sur et en dehors du court. On partage beaucoup de choses, on se comprend, on se soutient tous. C'est important dans une équipe et c'est certainement ce qui fait notre force. Nous savons vivre ensemble. Il n'y a aucune chance de voir l'un d'entre nous jouer sans qu'il ne sente les autres à ses côtés pour lui donner toute l'énergie possible. Tout le monde attend cette finale avec impatience et nous sommes vraiment chanceux de la disputer chez nous. Nous sommes aussi conscients que nous allons la jouer face à l'une des plus fortes équipes au monde. La France compte déjà tellement de succès, dispose d'un tournoi du Grand Chelem et d'une longue tradition en Coupe Davis. C'est un gros challenge pour les deux équipes. Après les récents événements autour de l'équipe de Serbie de football, les Français redoutent une ambiance un peu hostile. D'autant que le Président de la Fédération Serbe, Slobodan Zivojinovic, a promis « l'enfer » à l'équipe de France dans une déclaration... Les Français ont-ils selon vous raison de s'inquiéter ? Absolument pas. C'est malheureux de voir ce qui s'est passé en Italie durant ce match. Personne ne peut cautionner la violence dans le sport. Mais, premièrement, le public du tennis est différent. Deuxièmement, en Coupe Davis à Belgrade, il y a beaucoup de bruit mais on n'a jamais vu personne agresser ou insulter quelqu'un d'autre. En demi-finale, il y avait cinq cents supporteurs tchèques et tout s'est bien passé. Par ailleurs, Belgrade est une ville de 2,5 millions d'habitants. C'est une ville européenne visitée par beaucoup de touristes, qui profitent des attractions, de la vie nocturne extraordinaire. Belgrade est une cité pleine de vie et très sûre. Je conseille à tout le monde de venir. Je suis très triste de voir qu'en raison du comportement de quelques-uns, tout le pays doit en souffrir. Ils donnent une mauvaise image de la Serbie, alors que nous avons fait beaucoup d'efforts depuis dix ans pour l'améliorer. Nos portes sont grandes ouvertes. Si l'on excepte votre récente défaite face à Michaël Llodra au BNP Paribas Masters, les joueurs serbes semblent avoir pris l'ascendant sur les Français ces dernières semaines. Est-ce important d'un point de vue psychologique avant la finale ? C'est super de voir les joueurs serbes bien jouer. Je ne sais pas si cela va faire une grosse différence, mais cela peut nous donner un tout petit avantage mental. Comme je le disais précédemment, un tournoi individuel est très différent d'une finale de Coupe Davis. Quand vous rentrez sur le court et que vous voyez tous vos supporters derrière vous, vous comprenez l'importance du match...