Dick et Beyou, la paire d'as

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Par Axel Capron , modifié à

Et de trois ! En coupant la ligne d'arrivée ce vendredi à Puerto Limon à 9h15'54", Jean-Pierre Dick, associé à Jérémie Beyou sur Virbac-Paprec, a remporté pour la troisième fois la Transat Jacques-Vabre, après 15 jours 18h15'54" de mer. Une victoire qui parachève pour les deux hommes une année parfaite, puisque Jean-Pierre Dick avait gagné en mars la Barcelona World Race, Jérémie Beyou en août la Solitaire du Figaro.

Et de trois ! En coupant la ligne d'arrivée ce vendredi à Puerto Limon à 9h15'54", Jean-Pierre Dick, associé à Jérémie Beyou sur Virbac-Paprec, a remporté pour la troisième fois la Transat Jacques-Vabre, après 15 jours 18h15'54" de mer. Une victoire qui parachève pour les deux hommes une année parfaite, puisque Jean-Pierre Dick avait gagné en mars la Barcelona World Race, Jérémie Beyou en août la Solitaire du Figaro. 100% de réussite en double ! En remportant tôt ce vendredi matin, dans la nuit costaricienne à Puerto Limon, la dixième édition de la Transat Jacques-Vabre, Jean-Pierre Dick a confirmé qu'il n'avait aujourd'hui pas d'égal lorsqu'il s'agit de mener un bateau à deux. Cette victoire, sa troisième en trois participations sur la course (la première en 2003 avec Nicolas Abiven, la seconde en 2005 avec Loïck Peyron), s'ajoute en effet à celles remportées sur les deux seules éditions courues à ce jour de la Barcelona World Race, en 2007-08 avec Damian Foxall, et en 2010-11 encore avec Loïck Peyron. Cette fois, c'est avec Jérémie Beyou que le Niçois triomphe, les deux hommes ayant coupé la ligne d'arrivée à Puerto Limon à 9h15'54", au terme de 4730 milles d'une transat qu'ils auront parfaitement maîtrisée. Après une mise en route difficile dans les coups de vent des deux-trois premiers jours, déjà sur une route plus nord que la concurrence - "Dans le premier passage de front, on a viré très tard, on s'en est un peu voulu parce qu'on a eu de façon surprenante des trous d'air absolument incroyables, tous les bateaux du sud sont passés devant nous", racontait jeudi Jean-Pierre Dick -, les deux hommes ont su faire la différence stratégiquement en insistant dans leur option nord, là où leurs concurrents, "groggy", pour reprendre l'expression de Jérémie Beyou, par un début de course violent, décidaient de plonger au sud pour s'accorder un peu de répit au soleil. "On est restés agressifs dans ce schéma, nous expliquait mercredi Jérémie Beyou, on s'est dit qu'il y en avait encore un ou deux pions à passer, mais que ça valait le coup. J'ai demandé à Jean-Pierre: «Si on y retourne, est-ce que tu crois que le bateau, ça va le faire ?». Il m'a dit oui, on y est allés, on a mis un peu notre confort entre parenthèses, c'est comme ça qu'on a négocié l'option." Beyou, "une vraie valeur ajoutée" Cette option, qui nécessitait de se coltiner encore des conditions violentes, seuls les deux «têtes brulées» Alex Thomson et Guillermo Altadill l'ont également suivie, dessinant pour la fin de course un duel entre Virbac-Paprec, plan Verdier-VPLP de dernière génération (mis à l'eau au printemps 2010), et Hugo Boss, plan Farr datant de 2007, vainqueur un an plus tôt de la Route du Rhum avec Roland Jourdain aux commandes. Si l'écart est resté à l'approche de l'arc antillais inférieur à 50 milles, il n'a cessé de croître en Mer des Caraïbes, peut-être parce que le duo anglo-espagnol a rencontré quelques pépins techniques lors de la fin de course, aussi parce que Jean-Pierre Dick et Jérémie Beyou avaient décidé de tout faire pour se mettre à l'abri d'une mauvaise surprise en vue de l'arrivée, piégeuse, au Costa Rica: "On a mis de l'intensité, fait attention aux petites trajectoires, changé de voiles assez souvent, attaqué un peu sous spi, on est super contents du résultat", commentait mercredi Jérémie Beyou. Et mettre de l'intensité, les deux hommes savent faire, l'un comme l'autre étant réputés pour être des durs au mal doublés de teigneux, pas prêts à lâcher le moindre mille à la concurrence. Jérémie Beyou toujours: "On s'est vraiment bien trouvés dans la motivation, dans l'engagement, dans le côté un peu opiniâtre, les deux caractères se sont bien assemblés." Si l'alchimie a parfaitement fonctionné, c'est parce que le casting avait été soigné, Jean-Pierre Dick n'ayant pas fait appel au Finistérien par hasard, certain de trouver en lui quelqu'un de "bien élevé, poli", mais surtout un redoutable compétiteur. "Je voulais qu'il ait une vraie importance dans le projet, une vraie valeur ajoutée. Il s'est bien inscrit dans ce schéma, on a eu un vrai fonctionnement d'équipe, il est très agréable dans la vie à bord et se donne à fond pour faire avancer le bateau à 100%, comme moi. Ça a été un vrai plaisir de passer ces quinze jours avec lui." Objectif Vendée Globe... Un vrai plaisir qui se double de celui de triompher avec la manière - "la dernière partie, on s'est comportés en patrons", souligne Jean-Pierre Dick - une troisième fois sur une course qui semble coller à la peau du skipper de Virbac-Paprec, sans que l'intéressé n'y trouve d'explication: "Une troisième Jacques-Vabre, j'ai du mal à réaliser, peu de gens l'ont fait (*), c'est assez exceptionnel. J'ai du mal à expliquer pourquoi j'ai réussi à gagner trois Jacques-Vabre en trois participations, il y a quelque chose avec cette course, comme avec la Barcelona." Après avoir tout gagné en double, le désormais triple vainqueur de la Jacques-Vabre, va s'attaquer à la «face Nord de l'Everest», en l'occurrence le Vendée Globe, qu'il disputera pour la troisième fois l'an prochain dans la peau d'un des grands favoris, avant de changer de support, puisqu'il a annoncé cet automne qu'il se lancerait à partir de 2013 sur le nouvellement créé circuit des MOD70 (trimarans monotypes de 70 pieds) en équipage. "Mon vrai challenge aujourd'hui, c'est le solo, j'ai gagné les cinq courses en double auxquelles j'ai participé, maintenant, le côté vraiment stimulant, auquel j'aimerais arriver, c'est gagner une course en solo." Un objectif que partage Jérémie Beyou qui, après avoir touché une première fois du Vendée Globe (abandon en 2008-09 sur Delta Dore), rêve de remettre le couvert l'an prochain, à condition de trouver un partenaire. Le marin de la Baie de Morlaix aura en tout cas tout fait pour prouver sa crédibilité sportive, enchaînant en 2011 écrasant succès sur la Solitaire du Figaro et première Jacques-Vabre. De quoi sérieusement concurrencer Jean-Pierre Dick pour le titre de marin de l'année, qui sera décerné début décembre. "Ce serait sympa d'avoir deux élus", nous confiait ce dernier à quelques milles de l'arrivée. Chiche ? (*) Jean-Pierre Dick est le premier à gagner trois fois en monocoques Imoca et le seul à avoir gagné à chacune de ses participations. Auparavant, Franck Cammas s'est imposé trois fois en multicoques Orma (2001-2003-2007), Franck-Yves Escoffier trois fois en Multi 50 (20035-2007-2009), ce dernier avec une concurrence moindre.