Dick-Peyron, le Horn en tête

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AXEL CAPRON , modifié à
Après 61 jours 22 heures et 20 minutes de course, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron ont franchi jeudi à 11h20 la longitude du Cap Horn. Quatre heures et vingt minutes après les les leaders de la Barcelona World Race, c'était au tour des Espagnols Iker Martinez-Xabi Fernandez de retrouver l'océan Atlantique, promettant une fin de course à suspense... Derrière, Michèle Paret rencontre des problèmes de santé.

Après 61 jours 22 heures et 20 minutes de course, Jean-Pierre Dick et Loïck Peyron ont franchi jeudi à 11h20 la longitude du Cap Horn. Quatre heures et vingt minutes après les les leaders de la Barcelona World Race, c'était au tour des Espagnols Iker Martinez-Xabi Fernandez de retrouver l'océan Atlantique, promettant une fin de course à suspense... Derrière, Michèle Paret rencontre des problèmes de santé. On a beau franchir le Cap Horn pour la troisième fois, on n'en reste pas moins sensible à l'instant féérique que représente pour tout coureur au large ce point de passage d'une course autour du monde, synonyme très souvent de soulagement de sortir indemne d'un Grand Sud toujours redouté. Au moment de commenter le passage de la longitude du "Rocher" (chose faite jeudi à 11h20, heure française), le vieux loup de mer qu'est Loïck Peyron, 51 ans, commentait ainsi: "Nous sommes heureux de passer ce cap pour la troisième fois l'un et l'autre ! Jean-Pierre l'a passé en monocoque toujours en solitaire (en fait une fois en double lors de la précédente Barcelona avec Damian Foxall, ndlr), et moi, une fois en monocoque il y a vingt ans (lors du premier Vendée Globe, ndlr), une fois en équipage il y a dix ans (sur The Race) et là, en double, j'aime bien changer de supports et de manière de faire ! Ce n'est jamais anodin de passer le Cap Horn. C'est un joli point de passage: ce n'est pas un but, c'est juste un rêve. On peut appeler ça la chaîne himalayenne des marins." A ses côtés, Jean-Pierre Dick goûtait l'instant quasi unique dans une vie de marin: "C'est un jour magique, forcément, le Cap Horn se mérite toujours et en plus, nous sommes à la première place, c'est génial, que du bonheur ! En plus, Loïck et moi nous avions abandonné le Vendée Globe (tous les deux dans l'océan Indien, ndlr), donc on avait une revanche à prendre envers ce cap. Et c'est une reconnaissance de marin aussi, car ce n'est pas juste passer un cap, c'est tout le vent que l'on a pris dans le Sud et le chemin parcouru jusque-là. On va prendre un petit verre de coca ou de champagne pour fêter ça: Loïck du coca et moi du champagne !" Dick: "Je n'ai même pas eu le temps d'ouvrir un bouquin" A chacun sa manière d'arroser l'évenement, mais pas question pour autant de se relâcher car derrière, les Espagnols de Mapfre, Iker Martinez et Xabi Fernandez, ne sont pas loin, les médaillés d'or de Pékin et triples champions du monde en 49er (dériveur olympique), ayant de leur côté basculé en Atlantique jeudi à 15h40, seulement 4h20 derrière Virbac-Paprec 3. A bord du bateau français, nouveau plan VPLP-Verdier mis à l'eau il y a un an, Jean-Pierre Dick est du coup déjà dans l'après, à savoir le début de la remontée de l'Atlantique qui constitue très souvent un véritable casse-tête météo: "Forcément, au niveau tactique et stratégique, on va être à bloc. Avec un concurrent à moins de 70 milles, ça met la pression et ça rend la course plus vivante. Je n'ai même pas eu le temps d'ouvrir un bouquin, ça dit l'intensité de la course en deux mois. Juste le temps de dormir, manger, naviguer et prendre son quart !" Les 7000 derniers milles, qui s'achèveront par une remontée de la Méditerranée qui pourrait bien être décisive si l'écart entre les deux bateaux de tête ne dépasse pas 200 milles à Gibraltar, s'annoncent donc haletants à bord des deux monocoques de tête, mais aussi derrière, avec des bagarres à tous les étages, notamment pour la troisième place entre Renault (Rivero-Piris) et Neutrogena (Herrmann-Breymaier), séparés d'une cinquantaine de milles, mais aussi pour les places d'honneur, Mirabaud (Wavre-Paret), actuellement cinquième, devant repousser la menace représentée par Groupe Bel (de Pavant-Audigane) et Estrella Damm (Pella-Ribes). Un objectif rendu délicat par l'état de santé de Michèle Paret qui ne peut plus assurer sa part de travail à bord en raison d'une anémie, que la prise de médicaments au passage de la Nouvelle-Zélande n'a pas permis de soigner pour l'instant. La compagne de Dominique Wavre s'est même évanouie mercredi en tombant dans le cockpit de Mirabaud, conduisant le Suisse à calmer le jeu et surtout à transformer sa Barcelona World Race en tour du monde en solitaire: "Nous sommes désormais contraints de modifier notre manière de naviguer afin d'adopter un mode conservateur en réduisant la voilure. Les performances du bateau en sont affectées, mais il est exclu de devoir faire intervenir Michèle sur le pont actuellement. Pour l'instant, elle est hors quart et je me suis remis dans un rythme «Vendée Globe», avec des tranches de sommeil de 20 minutes." Encore à 1600 milles du Cap Horn jeudi, Dominique Wavre n'a pas prévu de s'arrêter à Ushuaïa, le port le plus près du Rocher, à moins que l'état de santé de sa compagne ne se détériore.