Des records pour rien

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Thomas SINIECKI , modifié à
En dépit des performances historiques de Brian O'Driscoll et Ronan O'Gara, le pays de Galles a terrassé l'Irlande (19-15) au Millenium Stadium, lors de la 4e journée du Tournoi des Six Nations. Une victoire pleine de coeur, acquise grâce à la botte de Hook, la malice de Phillips et une énorme défense. Les Français sont prévenus, à une semaine de la venue des Gallois.

En dépit des performances historiques de Brian O'Driscoll et Ronan O'Gara, le pays de Galles a terrassé l'Irlande (19-15) au Millenium Stadium, lors de la 4e journée du Tournoi des Six Nations. Une victoire pleine de coeur, acquise grâce à la botte de Hook, la malice de Phillips et une énorme défense. Les Français sont prévenus, à une semaine de la venue des Gallois. Les records et les chiffres ne valent pas tout. Certes, Brian O'Driscoll est devenu le meilleur marqueur de l'histoire du Tournoi, en inscrivant son 24e essai. Certes, Ronan O'Gara a dépassé le cap symbolique des 1000 points dans ce même Tournoi, avec un total désormais porté à 1006 unités. Mais le pays de Galles a bel et bien vaincu l'Irlande (19-13), dans un Millenium Stadium chaud bouillant, qui voit enfin ses protégés terrasser les voisins. Si la dernière victoire (à Cardiff) du Poireau sur le Trèfle remontait à 2005, la précédente datait de... 1983. Autrement dit, une belle éternité. Une éternité qui, samedi, était donc pour O'Driscoll et O'Gara. Mais le présent est gallois, et les hommes de Warren Gatland sont maintenant les seuls à pouvoir contester le gain du Tournoi à l'Angleterre (sauf défaite du XV de la Rose dimanche). Cet objectif apparaît ambitieux, mais il n'est mathématiquement pas irréalisable. Encore plus si l'Angleterre venait à s'incliner en Ecosse, auquel cas la France et l'Irlande seraient aussi candidates. Ce scénario est bien sûr peu probable, mais le XV du Poireau gardera quoi qu'il arrive l'espoir au moment de se déplacer au stade de France. Pas flamboyants dans le jeu, mais très courageux et parfaitement organisés en défense, les Gallois méritent ce qui leur arrive. Leur performance n'est pas extraordinaire en soi, mais elle peut insuffler une vraie confiance, alors qu'il ne reste plus qu'un match officiel avant la Coupe du monde. Et puisque ce match officiel l'opposera à un XV de France en pleine déconfiture, il n'est pas interdit de penser que le bilan du Poireau s'allongera d'une nouvelle victoire la semaine prochaine. Guidé par sa charnière Phillips-Hook, avec un solide jeu au pied pour ce dernier, le Pays de Galles peut voyager. Peut-être pas très loin, mais la marge de progression est réelle. Phillips sans prévenir O'Driscoll, quant à lui, n'a pas perdu de temps pour entrer dans l'histoire, en aplatissant derrière l'en-but peu après le coup d'envoi. Après un bon travail des avants, Bowe propose le soutien à Stringer dans les vingt-deux mètres, prend l'intervalle et libère pour son capitaine (0-7, 4e). Une fois cette page d'histoire écrite, les Irlandais ne vont pas forcément maîtriser leur sujet jusqu'à la pause, plutôt dominés par les Gallois dans la grosse ambiance du Millenium. Hook réduit rapidement le score au pied (3-7, 6e) avant de permettre au XV du Poireau de revenir à un point (6-7, 28e), mais le buteur local envoie entre-temps une pénalité sur le poteau (17e). O'Gara, lui, ne se fait pas prier pour passer ses deux tentatives avant la mi-temps (33e, 40e+2), seulement entrecoupées d'un autre coup de pied de Hook (38e). Mais si l'ouvreur gallois n'est pas à 100% de réussite, sa transformation en coin suite à l'essai de Phillips reste le fait d'un joueur de grande classe (16-13, 52e). Quant à ladite réalisation de Phillips, il s'agit plus d'une affaire de vice que de classe. Mais un vice bien placé: le demi de mêlée file à l'en-but à l'issue d'une course de 40 mètres, suite à une touche rapidement jouée à l'insu des Irlandais. Le pays de Galles inscrit son premier essai face au XV du Trèfle depuis 2008, et les travées du Millenium chauffent encore un peu plus. Alors que la pluie fait son apparition - le toit est resté ouvert - Sexton (qui vient de remplacer O'Gara) manque une pénalité facile (55e), ce qui enhardit davantage les Gallois. Suite à une dernière pénalité de Hook (19-13, 69e), leur formidable impact à la mêlée et dans les plaquages - surtout lors d'un asphyxiant money time - a maintenu l'écart. Cette victoire ne restera pas dans l'histoire comme O'Driscoll, mais de l'Irlandais ou de James Hook (par exemple), lequel est le plus heureux samedi soir ?