Derrien: "Pas en insécurité à Bastia"

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Propos recueillis par Romain BEAUVAIS , modifié à
Consultant pour Sports.fr, Bruno Derrien est revenu longuement sur l'échauffourée survenue samedi entre Bastia et Lens à Armand-Cesari. L'ancien garant du jeu rappelle que "ces images n'ont rien à faire sur un terrain de football" surtout à l'occasion des Journées nationales de l'arbitrage (JNA). L'ex-arbitre a également évoqué la 10ème journée de Ligue 1.

Consultant pour Sports.fr, Bruno Derrien est revenu longuement sur l'échauffourée survenue samedi entre Bastia et Lens à Armand-Cesari. L'ancien garant du jeu rappelle que "ces images n'ont rien à faire sur un terrain de football" surtout à l'occasion des Journées nationales de l'arbitrage (JNA). L'ex-arbitre a également évoqué la 10ème journée de Ligue 1. Après la bagarre générale lors de Bastia-Lens (2-2), ce samedi à Armand-Cesari, comment expliquez-vous ces débordements de violence ? Je voulais dire au préalable que ce week-end, c'était les Journées nationales de l'arbitrage (JNA). Les arbitres étaient mis à l'honneur ainsi que les valeurs du football. Quand on voit ces images où le terrain est envahi, c'est consternant. Maintenant, qui est responsable ? Je n'ai pas vu le match mais juste les images de l'échauffourée à la fin de la partie. J'imagine que les délégués et les arbitres rédigeront des rapports sur ce qui s'est passé à la fois sur le terrain et en dehors du terrain avec l'agression d'un joueur lensois envers un dirigeant corse. La Ligue est montée au créneau pour dénoncer cela et a convoqué tout le monde. On devrait s'attendre à des sanctions assez lourdes. Certes, le football est un sport d'engagement mais il y a des limites à l'engagement. L'arbitre de la rencontre, M. Bastien, n'a-t-il pas été dépassé par les événements ? Doit-il faire un rapport complémentaire à la Ligue sur ces événements survenus en Corse ? Quand vous avez 20, 30 ou 40 personnes qui arrivent sur le terrain, vous ne prenez pas le risque de rester au milieu car vous risquez de prendre des coups. Il s'est mis en retrait et a attendu que cela se calme. Ensuite, il s'est concerté avec ses accesseurs et le quatrième arbitre afin de mettre des sanctions administratives. Au vu des images, la Commission de discipline de la Ligue pourra ainsi savoir qui est à l'origine de l'échauffourée. L'arbitre est tenu de faire un rapport à sa hiérarchie pour donner le motif des trois exclusions qu'il a prononcé. S'il est témoin de faits en dehors du terrain, il doit aussi les relater dans son rapport. Mais je ne veux pas accabler Benoit Bastien, qui est un arbitre prometteur. Bastia a fait des travaux pour agrandir le stade avec plus de public et le club corse marche bien sportivement. On le sait, c'est plus compliqué d'officier ce genre de rencontres. On devrait donc mettre des arbitres plus chevronnés avec plus d'expérience sur les matches de Bastia afin de ne pas griller les jeunes. Quelles sanctions encourent le SC Bastia ? Cela relève de la Commission de discipline car ce ne sont pas des erreurs d'arbitrage. Il y a un barème disciplinaire qui existe en fonction de la gravité des faits. Une chose est sûre, le joueur lensois qui a frappé le dirigeant corse doit s'attendre à être suspendu plusieurs matches. D'autant plus qu'il y a une plainte au pénal. Maintenant, il faut voir si le joueur a été provoqué et dans quelles conditions se sont déroulées les faits et si les dirigeants ont tout fait pour calmer les choses. Tous ces éléments vont être disséqués par la Commission de discipline qui nommera un instructeur dans cette affaire. "Des images que l'on a pas envie de voir" Ces incidents répétés à Furiani nuisent à l'image du football français ? Ce sont des images que l'on n'a pas envie de voir sur un terrain de football. Cela ne donne pas une image très sympa car c'était à l'occasion des Journées de l'arbitrage où l'esprit sportif était mis en avant. A votre époque, aviez-vous certaines craintes à officier en Corse ? C'est vrai que c'était chaud, tendu en Corse mais à Bastia, je ne me sentais jamais en insécurité. J'ai arbitré beaucoup de rencontres à Bastia. Pour le dernier match de ma carrière professionnelle, j'ai officié à Ajaccio où il y avait un excellent président, M. Moretti, qui calmait beaucoup les dirigeants. C'est toujours compliqué d'arbitrer sur l'Ile de Beauté ? C'est compliqué partout. A Marseille, à Lyon, il y a aussi une pression des dirigeants. Bastia, c'était toujours difficile dans les années 70-80 avant l'arrivée des caméras de Canal+ qui avaient assaini les choses. On sait que Bastia est une terre de football, mais aussi une terre où il y a de la ferveur. Il faut donc réussir à la canaliser. Avez-vous vu des erreurs d'arbitrage, ce week-end pour le compte de la 10ème journée de Ligue 1 ? Il y a eu le premier but de Nice avec le double contrôle de la main de l'attaquant niçois face à Bordeaux (3-0). Mais la décision sur la faute de Mickaël Landreau, lors de Lille-Auxerre (3-1), a fait couler un peu d'encre. Les gens n'ont pas compris pourquoi le portier lillois n'a pas été exclu après une faute sur l'avant-centre auxerrois hors de ses seize mètres. L'arbitre a laissé l'avantage car le Bourguignon conserve le ballon pour inscrire le but. Selon la loi 12 fautes et incorrections, à partir du moment où le garant du jeu laisse l'avantage sur une faute d'un défenseur, on ne doit pas l'exclure si le but est marqué, mais juste l'avertir d'un carton jaune. Un week-end assez tranquille pour les arbitres du championnat de France ? Heureusement car c'était les journées de l'arbitrage. Cela aurait été dommage que même ce week-end-là, les gens oublient les bonnes intentions affichées avant les rencontres.