Dernière ligne droite pour Groupama 3

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A.C. , modifié à
VOILE - Groupama 3 a franchi l'équateur avec 1 jour 2 et heures de retard sur Orange 2.

VOILE - Groupama 3 a franchi l'équateur avec 1 jour 2 et heures de retard sur Orange 2. Moins de 9 jours ! C'est le temps que doit désormais mettre Groupama 3 lors du dernier partiel de son tour du monde entre l'équateur et Ouessant pour déposséder Orange 2 du Trophée Jules-Verne, que Bruno Peyron détient depuis mars 2005 avec un temps total de 50 jours 16 heures 20 minutes et 4 secondes. Autant dire que pour Franck Cammas et ses hommes, le compte-à-rebours a réellement commencé depuis qu'ils ont franchi ce dimanche 14 mars, peu après 12h (heure de Paris), l'équateur, après 41 jours 21 heures et 9 minutes de mer, et avec 1 jour 2 heures et 4 minutes de retard sur le tableau de marche d'Orange 2. Un retard irrémédiable ? Non, car comme nous l'expliquait récemment Bruno Peyron, "dans le retour sur l'Atlantique Nord, on avait perdu trois jours, ce qui est assez rare". Orange 2 avait mis quasiment 10 jours entre l'équateur et Ouessant, Groupama 3, pour le battre, devra donc en mettre plus d'un de moins et sans doute s'approcher du record sur ce partiel détenu depuis 2004 par Cheyenne de feu Steve Fossett (8 jours 6 heures 42 minutes), l'heure limite d'arrivée étant fixée au 23 mars à 7h14'57". Autant dire que jusqu'au bout, le suspense batta son plein à bord d'un trimaran qui, aux dires de son skipper, aura connu un retour en Atlantique aussi pénible qu'inattendu: "On préfèrerait être à égalité, c'est un peu tendu. J'espère qu'on sera mieux servis, car l'Atlantique Sud a été assez catastrophique en terme météo pour nous. Il faut savoir qu'en 1994, lorsque Peyron (Bruno sur Commodore-Explorer, ndlr) a fait son premier tour, il n'avait pas viré une seule fois pendant son tour du monde qui avait pourtant duré 80 jours !" Cammas: "On essaie de grappiller des dixièmes de noeuds très importants" Certes, il est difficile de comparer les deux périodes, tant les machines et les moyens d'étudier la météo ont évolué depuis 16 ans, mais force est de constater que depuis le passage du Cap Horn, Groupama 3 a suivi une trajectoire loin d'être rectiligne, obligeant l'équipage de dix hommes à sans cesse manoeuvrer. Lors de sa vacation dominicale, Franck Cammas a ainsi décrit le travail à bord ces derniers jours: "Les quarts sont assez actifs, quand il y a des manoeuvres, on est toujours sept personnes sur le pont, quand il y a des réglages, on ne reste que trois, mais on passe notre temps debout à courir entre le piano, le moulin à café et à observer la forme des voiles avec la torche, puisque le vent varie en permanence. On essaie de grappiller des dixièmes de noeuds très importants et en plus avec ce bateau, le moindre réglage est extrêmement sensible. Il y a pas mal de réglages à faire entre le mât pivotant, l'écartement des voiles d'avant, la tension de chute, donc on joue avec ça en étant le plus réactif possible avec les éléments." Une réactivité rendue d'autant plus nécessaire que la météo fait des siennes, avec des conditions beaucoup moins favorables que prévu: "On a eu des longues périodes avec 7-8 noeuds de vent, le plus qu'on ait eu, c'est 10-11 maintenant, ça reste très faible, on est assez surpris par la faiblesse des alizés qui sont plus faibles que les modèles météo", se désole ainsi le skipper de Groupama 3 qui, un rien impuissant, ajoute: "On n'a pas la possibilité de vraiment zigzaguer, parce qu'on manque de vent, on n'est pas très rapides et on ne peut pas vraiment choisir de quel coté du grain on va passer. Malheureusement, on subit un petit peu, on ne fait pas ce qu'on a envie par rapport à notre météo." Bref, la situation n'est pas des plus réjouissantes pour les dix hommes de bord, mais elle n'est pas non plus désespérée, compte tenu du potentiel largement supérieur dans le petit temps de Groupama 3 par rapport au lourd Orange 2. Franck Cammas le sait parfaitement, puisqu'il conclut sur une note optimiste: "J'espère qu'on va se rattraper sur la dernière partie, heureusement Groupama 3 va quand même très vite dans ce temps-là, il est agile dans le petit temps et démarre assez vite, même avec 6-7 noeuds."