Débat: Le BO peut-il tout perdre ?

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Par la rubrique Rugby , modifié à
Au coeur d'une saison plus impitoyable que jamais, notamment en raison de l'absence des internationaux durant la Coupe du monde, plusieurs places fortes du rugby français sont en souffrance. Parmi elles, un Biarritz Olympique qui, lanterne rouge du Top 14, a touché le fond le week-end dernier en Italie. A l'heure du match retour à Aguiléra ce vendredi, même la H Cup ne paraît plus offrir de garantie au BO. Faut-il craindre le pire pour le club du président Blanco ? La rédaction ouvre le débat...

Au coeur d'une saison plus impitoyable que jamais, notamment en raison de l'absence des internationaux durant la Coupe du monde, plusieurs places fortes du rugby français sont en souffrance. Parmi elles, un Biarritz Olympique qui, lanterne rouge du Top 14, a touché le fond le week-end dernier en Italie. A l'heure du match retour à Aguiléra ce vendredi, même la H Cup ne paraît plus offrir de garantie au BO. Faut-il craindre le pire pour le club du président Blanco ? La rédaction ouvre le débat... OUI - Sylvain Labbé, responsable de la rubrique rugby Sports.fr Cette fois, c'est grave. En s'inclinant (30-26) à Trévise lors de la dernière journée de H Cup, le Biarritz Olympique a dépassé la cote d'alerte. Un an après un premier faux-pas de l'autre côté des Alpes sur la pelouse d'Aironi (28-27), les Basques n'ont même plus l'excuse du traquenard à faire valoir. Et c'est tout un club qui, déjà lanterne rouge du Top 14 à une journée de la mi-championnat, frémit, forcément inquiet de voir la H Cup, son habituelle planche de salut, se dérober à son tour. Sans victoire bonifiée ce vendredi, à Aguiléra, face à ces mêmes Trévisans, le BO n'aura plus que le maintien à sauver. Et pour tout dire, on est en droit de s'interroger sur la capacité des Rouge et blanc, programmés pour jouer les premiers rôles, à relever ce challenge à la vie à la mort... Une urgence à laquelle ne semble pas céder le président Blanco qui maintient sa confiance à ses entraîneurs comme à ses joueurs et préfère mettre en avant les nombreuses blessures, qui amputent son effectif de quelques un de ses meilleurs éléments. Une sérénité apparente qui cache mal les limites d'une méthode. Aussi louable soit-elle, la voie dans laquelle s'est engagée Biarritz de faire le choix de la formation et de la promotion de jeunes joueurs encadrés par son éternel trio d'internationaux (Yachvili-Traille-Harinordoquy) dans un Top 14, où la course à l'armement fait rage et où ses concurrents, à l'image de Clermont et Toulouse, triplent les postes, n'est plus à la hauteur des exigences actuelles. A Biarritz, le retour de Coupe du monde des internationaux n'a pas permis de relancer un collectif qui, faute d'avoir su insuffler suffisamment de sang neuf à l'intersaison -Baby et Héguy ont été les seules recrues d'expérience de l'intersaison-, apparaît quantitativement et qualitativement trop limité. Au point d'exposer plus que de raison des jeunes espoirs écrasés par les responsabilités. Si clairvoyant du temps de sa présidence à la Ligue nationale, Serge Blanco a de toute évidence mal anticipé l'évolution d'un rugby à laquelle il a lui-même largement contribué. Son BO, démuni, rentre dans le rang ; une situation qu'une non qualification en H Cup ne ferait qu'aggraver, faute de pouvoir compter sur la manne d'un quart de finale à Anoeta. NON - Laurent Duyck, rédacteur Sports.fr On reconnaît un bon capitaine dans la tempête, quand il tient debout malgré les bourrasques, malgré le vent contraire. En n'ajoutant pas la crise à la crise, en refusant de céder à la panique comme c'est la malheureuse habitude prise par le voisin bayonnais qui a tendance ces dernières années à imiter ses cousins du football, Serge Blanco est dans son rôle. Les sceptiques lui reprocheront de faire l'autruche, ses hommes apprécieront la confiance qu'il ne cesse de leur accorder dans ces heures difficiles. Car le courage, cette valeur refuge du rugby, sans confiance, c'est comme la puissance sans maîtrise, ça ne vaut rien ou du moins ça ne mène pas forcément dans le droit chemin. Les perspectives du BO sont certes aujourd'hui réduites mais pas nulles pour autant. Le club basque peut toujours se qualifier pour les quarts de finale de la H Cup, comme le prouve son parcours chaotique la saison dernière, marqué par cette défaite concédée face à Aironi. Et en Top 14, si une place dans les six premières paraît déjà inaccessible, le maintien est loin d'être utopique. Même douloureuse, au vu des ambitions affichées cet été malgré la perspective d'attaquer la saison sans une belle brochette d'internationaux (Yachvili, Harinordoquy, Traille, Lakafia, Bosch, Barcella, Carizza, Ngwenya), cette situation n'est pas catastrophique pour autant. Pour avoir vécu cette épreuve deux ans plus, Montpellier peut en témoigner : tout ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ! L'exemple héraultais le prouve, Biarritz doit rester fidèle à sa philosophie et ne pas sacrifier sa jeunesse, qui reste une promesse pour l'avenir. Au contraire, le triple champion de France (2002, 2005 et 2006) doit en profiter pour aguerrir ses plus jeunes (Lakafia, Lauret, Lesgourges, Faure...) à l'exigence du haut niveau, entourés par des cadres (Harinordoquy, Traille et Yachvili pour ne citer que ceux-là) qui n'ont pas le luxe de pouvoir se cacher au risque de rater le train bleu désormais entre les mains de Philippe Saint-André. Il sera alors temps au soir de la 26e journée de tirer le bilan de cette saison de transition. Et de promouvoir, comme a su le faire le MHR, un nouveau staff (Patrice Lagisquet ne sera plus là et les entraîneurs libres risquent d'être nombreux) qui saura insuffler une envie nouvelle.