De bon augure en vue des JO

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LAURENT DUYCK , modifié à
C'est sur une dixième médaille, de l'argent pour Camille Lacourt déjà monté sur la plus haute marche du podium sur 100 mètres dos, que l'équipe de France a conclu dimanche des Mondiaux historiques d'un point de vue comptable. La natation tricolore a confirmé son statut de première nation européenne et s'annonce comme le fer de lance de l'équipe de France olympique à Londres.

C'est sur une dixième médaille, de l'argent pour Camille Lacourt déjà monté sur la plus haute marche du podium sur 100 mètres dos, que l'équipe de France a conclu dimanche des Mondiaux historiques d'un point de vue comptable. La natation tricolore a confirmé son statut de première nation européenne et s'annonce comme le fer de lance de l'équipe de France olympique à Londres. Un statut assumé mais... Le formidable été 2010 de Budapest avait offert à la France le statut de nation n°1 en Europe. A un an des Jeux Olympiques de Londres, les Bleus venaient à Shanghai avec l'ambition de se jauger au niveau mondial. Avec dix médailles, dont deux titres, l'équipe de France a battu son record qui datait de Melbourne en 2007 (six médailles dont deux titres). Ce bilan historique, salué par le président de la Fédération française, Francis Luyce, fait la "fierté" de Christian Donzé. "Notre premier challenge était d'assumer notre performance de Budapest où nous avions explosé les compteurs (21 médailles)", a avoué le DTN. C'est fait, la France se classant au cinquième rang des nations derrière les Etats-Unis (29 médailles dont 16 en or), la Chine (14, 5), le Brésil (3 médailles d'or) et l'Australie (13, 2). Deux bémols: les deux médailles d'or n'auraient dû faire qu'une, Camille Lacourt et Jérémy Stravius s'étant partagé la victoire, et le total tricolore descend à huit médailles sans les distances non-olympiques. Malgré tout, cette performance faisait dire à Denis Masseglia, le président du CNOSF, que la natation tricolore, "performante et conquérante", serait "le fer de lance de l'équipe de France olympique" à Londres. Ou dit autrement la discipline qui pourrait offrir le plus de médailles à la France. Si tant est que la DTN ne fasse pas l'économie des enseignements de Shanghai. Lacourt-Stravius en dos majeur L'image a tourné en boucle sur les télévisions : Camille Lacourt et Jérémy Stravius installés tous les deux sur la plus haute marche du podium. Si cette performance rare (l'Italien Filippo Magnini et le Canadien Brent Hayden s'étaient partagés l'or du 100m nage libre en 2007) s'est reproduite trois jours plus tard sur le 100 mètres nage libre dames, c'est la première fois que deux nageurs d'une même nation se partageaient un titre mondial. Le second a accompagné cet or avec l'argent des relais 4x100 et 4x200 mètres nage libre pour s'imposer comme la révélation française de ces Mondiaux. Le premier, déjà triple médaillé d'or européen à Budapest, s'est ensuite contenté de l'argent du 50 mètres dos. Le revers de la médaille d'une médiatisation pas toujours contrôlée. "On se croit toujours en mesure d'assumer ce statut. Il faut savoir s'entourer rapidement", prévient Donzé qui prévient en vue des Jeux : "On ne peut pas se permettre d'être hésitant dans sa préparation." Moins exposé qu'à Marseille, et couvé par Michel Chrétien, Jérémy Stravius semble à l'abri de ces effets pervers de la reconnaissance. Quant au Marseillais, il ne fera pas escale à Paris au retour et annonce : "vous me verrez moins". Preuve qu'il a compris le message. Une jeune garde prometteuse Ils sont les deux plus belles promesses de la natation française et appartiennent au même groupe d'entraînement de Nice. Camille Muffat et Yannick Agnel ont prouvé qu'il faudra compter sur eux à Londres. Si la première s'en est mieux sorti avec deux médailles de bronze, sur 200 et 400 mètres nage libre, le second, qui aura attendu le relais 4x200 pour ne pas repartir bredouille de ces Mondiaux, n'a pas à rougir de ses performances sur les mêmes distances que son aîné, battant son record de France du 200 (1'44"99). L'année prochaine, ils pourraient rajouter une corde à leur arc avec le 100 mètres. Derrière, il faudra suivre les progrès de Mélanie Hénique, médaillée de bronze sur 50m papillon, et de Florent Manaudou, cinquième sur la même distance, deux spécialistes invités à monter sur 100 mètres papillon pour valider leur présence aux Jeux (les 50 mètres ne sont pas olympiques, sauf en nage libre). Et ne pas oublier Charlotte Bonnet, Lara Grangeon ou encore Ophélie-Cyrielle Etienne. Quel avenir pour les anciens ? Frédérick Bousquet et Hugues Duboscq qui quittent la compétition sans la moindre médaille. William Meynard, 24 ans, qui s'invite sur un podium du 100 mètres chassé en vain par Fabien Gilot à ce niveau. Autant de signes qui rappellent que l'ancienne génération est en fin de cycle. Celui-ci est programmé à Londres pour au moins deux d'entre eux, Alain Bernard, 28 ans, et Duboscq, 30 ans. Si tant est que tous se qualifient sur leur distance de prédilection, une formalité pour le Havrais en brasse mais ce qui est loin d'être assuré pour les spécialistes du 100 mètres nage libre que sont Bernard et Gilot. Les deux hommes seront soumis à une forte concurrence au printemps prochain à Dunkerque lors des championnats de France (18-25 mars) entre Meynard, Agnel et Stravius. En accrochant le bronze sur 50 mètres nage libre, pour rester sur les podiums internationaux sans discontinuité depuis 2007, l'Antibois a rappelé qu'il n'était pas mort. Le Nordiste du Cercle des Nageurs de Marseille, qui repart tout de même de ces Mondiaux avec deux médailles d'argent (avec les relais 4x100 et 4x200), souligne lui qu'il a eu une préparation tronquée par une vilaine blessure l'été dernier. Bref, deux hommes qui ne sont pas prêts à abandonner leur place, signe d'une saine émulation et la promesse de belles bagarres à venir. Des trous à combler L'échec en série du 4x100 mètres 4 nages est là pour le rappeler, la France a encore beaucoup de travail pour présenter, comme les Etats-Unis, une équipe complète et homogène. Et pas seulement sur 100 mètres papillon, une distance sur laquelle Florent Manaudou, qui découvrait le haut niveau à Shanghai, espère progresser pour se qualifier pour les JO 2102. "On a encore des trous dans les disciplines de spécialité", reconnaît le DTN. Le retour de Laure Manaudou pourrait combler le trou en dos chez les filles mais une grande brasseuse est encore attendue. Chez les messieurs, deux chantiers prioritaires, la brasse et le papillon. "On sait que sur la brasse, il nous faudra un successeur à Hugues Duboscq", prévient Donzé, lequel pense à Giacomo Perez-Dortona "qui pointe le bout de son nez". En papillon, le DTN veut "remettre en selle" le petit frère Manaudou, et pense à Medhy Metella, Clément Lefert ou encore Jordan Coelho. "Il faut partir de cette vision-là. Jamais rien n'est acquis", professe Donzé qui promet de ne pas s'endormir sur les lauriers de la natation française. Manaudou prend le train en marche Les 21 qualifiés pour Shanghai bénéficient à partir de lundi de trois semaines de vacances avant de tous se retrouver (sauf exception d'ordre professionnelle) à Val d'Isère du 26 août au 3 septembre pour un stage de reprise et d'oxygénation, point de départ de la préparation olympique. Un collectif auquel se greffera Laure Manaudou, invitée au même titre que Mylène Lazare et Giacomo Perez-Dortona. Pas Amaury Leveaux, qui ne remplit pas les critères de sélection selon le DTN mais que rencontrera Francis Luyce début septembre. Pour Manaudou, "ses performances de reprise démontrent sa qualité de travail et de motivation", juge Donzé qui espère que le retour de l'ancienne icône de la natation tricolore, championne olympique en 2004 et triple championne du monde, sera "un vecteur de progression" pour les filles qui souffrent toujours du déséquilibre avec les performances des garçons malgré les trois médailles de bronze récoltées par Muffat (2) et Hénique. Pour le relais 4x200, c'est assurément une bonne nouvelle. Reste à savoir comment le retour de la star sera vécu au sein d'une équipe de France apparue soudée à Shanghai.