De Pavant: "Le classement, on s'en fout"

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Propos recueillis par LAURENT DUYCK (lors d'une vacation spéciale organisée par Groupe Bel) , modifié à
Longtemps en tête en Méditerranée avant de se faire piéger à la sortie, Groupe Bel affiche ce mercredi plus de 150 milles de retard sur Paprec-Virbac 3 du duo Dick-Peyron, installé aux commandes de la Barcelona World Race. S'ils ont accusé le coup, tant moralement que physiquement, Kito de Pavant et Sébastien Audigane ont repris du poil de la bête et s'attachent désormais à combler le trou.

Longtemps en tête en Méditerranée avant de se faire piéger à la sortie, Groupe Bel affiche ce mercredi plus de 150 milles de retard sur Paprec-Virbac 3 du duo Dick-Peyron, installé aux commandes de la Barcelona World Race. S'ils ont accusé le coup, tant moralement que physiquement, Kito de Pavant et Sébastien Audigane ont repris du poil de la bête et s'attachent désormais à combler le trou. Quelle est votre situation sur l'eau ? Sébastien Audigane: On est au près depuis le lever du jour. Cette nuit, on a eu 20-25 noeuds de vent. C'est un peu penché comme ambiance et c'est un peu humide sur le pont. On est à la recherche d'un front que l'on devrait toucher dans l'après-midi ou en fin d'après-midi pour trouver des vents de sud-ouest puis ensuite la porte de sortie vers le soleil. Après une Méditerranée un peu pénible, on est dans un régime un peu plus classique qui ne nous déplait pas, au moins on sait quel vent on va avoir. On avance à 11 noeuds. Ça faisait quelque temps qu'on cherchait un peu de vitesse. Kito de Pavant: Les conditions ne sont pas très confortables. Mais finalement, on est plus habitué à ce train-là. On attend du vent plus fort dans l'après-midi avec le passage du front, et donc de la pluie. Ensuite, on devrait virer pour descendre dans le sud. La mer devrait se calmer et la température se réchauffer. Avez-vous accusé le coup à la sortie de la Méditerranée ? Cette traversée a-t-elle été plus dure physiquement ou moralement ? Sébastien Audigane: Un peu des deux. On a fait énormément de changements de voiles. On s'est vraiment donné pour envoyer les toiles au moment et aux angles qu'il fallait, ce qu'ont fait tous les bateaux... On est entré dans un cycle de fatigue bien avancé dans le détroit. Plus le fait de rester coller des heures, ça énerve un peu. Kito de Pavant: On a clairement pris un coup au moral parce que ça a été difficile à encaisser tout simplement d'être en tête et de voir partir ce qui était juste à côté de nous et de les voir nous mettre autant de terrain en si peu de temps. On a fait tellement d'efforts en Med' et on est sortis tellement fatigués qu'on a un peu oublié de bien réfléchir sur la sortie. Et les premiers milles dans l'Atlantique n'ont pas été très bien calculés au niveau stratégique. On n'a pas bien joué le coup. Mais la route est longue et il faut se remettre dans la course. 200 milles à l'échelle de la planète, ce n'est pas grand-chose. "On est prudent, on n'appuie pas trop sur le bateau" Quelles sont vos options pour réduire l'écart ? Sébastien Audigane: La tactique, c'est de faire avancer le bateau le plus vite possible en prenant au mieux les vents proposés. L'idée est de se rapprocher des premiers mais ils ont une petite avance. Il va falloir être patient. Pour l'instant, il n'y a pas vraiment de coups à faire. Mais la route est longue et semée d'embuches. Kito de Pavant: On est dans un petit groupe de cinq. Ce ne sont que des bateaux rapides, très bien menés et bien préparés donc je pense qu'il ne va pas se passer grand-chose pendant un moment. L'idée, c'est de revenir un peu sur la tête de la course. Le classement, on s'en fout un peu pendant ce premier mois de course. Ce qui est important, c'est d'essayer de réduire l'écart avec les premiers. Donc on va mettre du charbon. Mais avec les autres bateaux (dans le groupe de cinq), ça va être difficile, notamment Président (Le Cam-Garcia) et Mapfre (Martinez-Fernandez). On connaît mal les performances des bateaux quand ils sont lourds mais on sait que le nôtre supporte mal le poids. Et ce n'est pas les conditions que Groupe Bel affectionne particulièrement. Quelle est la suite du programme ? Sébastien Audigane: A priori, on va passer bien à l'ouest des Canaries. C'est un peu l'idée. On devrait passer à l'ouest de Madère demain (vendredi) et faire une route assez au large des Canaries. Après le passage du front, dans deux jours on sera au portant dans du flux de nord. Kito de Pavant: Le vent est un peu plus à gauche (ouest) que prévu. Donc on fait un peu plus de sud-ouest que ce l'on pensait. Ce n'est pas mal parce que ça nous éloigne des vents les plus forts. La grosse difficulté qui nous attend, c'est le passage de Madère parce que c'est pile sur notre route et il va falloir être malin pour ne pas être piégé là-bas parce que le vent nous y amène tout droit. Avez-vous commencé à prendre votre rythme ? Sébastien Audigane: En sortant de Gibraltar, on s'est calé sur des quarts plus réguliers de deux-trois heures. Ça nous a permis de passer quelques bonnes heures dans la bannette pour récupérer. Kito de Pavant: On commence à prendre un rythme un peu plus régulier, on se met dans la peau de tour-du-mondistes. On gère les petites bricoles, on essaie de faire en sorte que ces petits trucs soient réparés le plus vite possible. On est prudent, on n'appuie pas trop sur le bateau et on fait en sorte d'arriver le plus loin possible sur ce tour du monde. C'est un travail un peu différent de ce que l'on a l'habitude de faire. Traditionnellement, on est à fond les ballons. Là, on fait un peu plus attention au bateau.