Collet: "Le plus dur reste à faire"

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Propos recueillis par Thomas PISSELET , modifié à
Satisfait de la performance de ses joueurs contre la Lituanie (73-67), notamment en défense, Vincent Collet refuse de mettre l'équipe de France sur un piédestal. Avant d'affronter l'Espagne dimanche, "un match qui n'a pas beaucoup d'importance" selon lui, le sélectionneur des Bleus est déjà tourné vers les quarts de finale de cet Euro 2011. "Un piège", anticipe-t-il.

Satisfait de la performance de ses joueurs contre la Lituanie (73-67), notamment en défense, Vincent Collet refuse de mettre l'équipe de France sur un piédestal. Avant d'affronter l'Espagne dimanche, "un match qui n'a pas beaucoup d'importance" selon lui, le sélectionneur des Bleus est déjà tourné vers les quarts de finale de cet Euro 2011. "Un piège", anticipe-t-il. Vincent, après un premier tour spectaculaire en attaque, l'équipe de France a retrouvé ses valeurs défensives. Est-ce là son vrai visage ? Depuis deux matches, c'est vrai qu'on a progressé dans ce domaine. On avait eu un flottement contre l'Italie et la Serbie, où on n'avait pas été exempts de tout reproche. Mais on a fait mieux face à la Turquie et hier (vendredi) devant la Lituanie. C'était de toute façon obligatoire parce que cette équipe lituanienne, il fallait d'abord l'empêcher d'être en confiance. Et on l'a très bien fait, hormis en fin de troisième quart. Le reste du temps, on a été très présents défensivement. On les a obligés à jouer différemment, sous pression, à prendre des tirs plus difficiles. Ça explique la faiblesse de leur pourcentage. Place maintenant à l'Espagne. Comment allez-vous gérer ce match ? Vous verrez bien... On ne sait pas dans quel état d'esprit seront les Espagnols donc on ne va pas tirer des plans sur la comète. On va essayer de s'en servir pour bien préparer notre quart de finale. C'est l'objectif numéro un. Il ne faut pas perdre notre dynamique, mais ne pas non plus trop épuiser nos joueurs. Après, terminer premier ou deuxième du groupe, ça n'a pas beaucoup d'importance. D'autant plus qu'on ne connait pas le classement de l'autre poule. Ce match-là, il est là. Ce que j'espère simplement, c'est qu'on aura l'occasion de les rejouer plus tard (les Bleus ne pourront pas recroiser l'Espagne avant une éventuelle finale, ndlr). Vous aviez perdu contre eux assez lourdement en préparation (53-77). Allez-vous vous servir de cette défaite pour préparer cette rencontre ? Ce qu'il s'est passé ce jour-là, c'est autre chose. Ça sera vrai aussi si l'on doit à nouveau rencontrer des adversaires que l'on a déjà joués. Chaque match a sa vérité et c'est encore plus vrai quand c'est en période de préparation. Malgré tout, on avait quand même pris vingt-quatre points... On sait que les Espagnols sont encore les favoris incontestés de cet Euro. Nous, on est contents de ce qu'on a fait. Mais le plus dur reste à faire. Il faut gagner ce quart de finale et voir ensuite où ça va nous mener. L'Espagne n'a pas montré grand-chose dans ce tournoi avant d'écraser la Serbie. Cette équipe vous impressionne-t-elle toujours autant ? Oui. En plus, ils calculent un peu ce qu'il leur est arrivé contre la Turquie (défaite 57-65 au premier tour, ndlr). Ils avaient décidé de mettre Pau Gasol au repos et ils pensaient que les Turcs étaient déjà éliminés. Une demi-heure avant la rencontre, les joueurs croyaient que ça comptait pour du beurre. Et dans ce cas-là, c'est très dur de s'y remettre. Contre les Allemands, ils ont eu un peu plus de mal effectivement. Mais face à la Lituanie, ils avaient fait une démonstration de force: ils avaient trente-six points d'avance. Quand on voit le match qu'on a dû faire hier (vendredi), il faut se rendre compte de ce que ça représente. Pour moi, l'Espagne, c'est le numéro un. "Si nos adversaires sont moins confiants, c'est tant mieux" Vous l'avez dit, cette rencontre aura peu d'importance. Comptez-vous faire tourner votre effectif ? Oui, c'est l'idée. On a envie de préserver nos joueurs majeurs et je pense que l'Espagne fera la même chose. Avez-vous déjà jeté un oeil à votre quatre adversaires potentiels en quarts de finale: Russie, Slovénie, Grèce et Macédoine ? On ne connait pas du tout l'ordre dans lequel lis vont finir. Tout le monde dit que la Russie va finir première mais si les Grecs la battent, ce seront eux les premiers. Je pense tout de même que les Russes ont un petit quelque chose en plus. Ils sont grands et athlétiques mais ils se passent aussi très bien la balle. Ils sont revenus au niveau qu'ils avaient en 2007 (année de leur dernier titre européen, ndlr) et j'aimerais qu'elle finisse devant pour qu'on l'évite. Quant aux trois autres: la Slovénie vaut mieux que ce qu'elle a fait mercredi contre la Grèce (60-69) ; je n'ai pas vu la Macédoine mais ce qu'elle réalise interpelle forcément ; et la Grèce a toujours ce qui fait sa force, de la rigueur, de l'organisation et de l'expérience. On sait très bien que le quart sera un piège parce qu'on jouera contre une équipe qui aura souffert pour en arriver là. Ce match-là sera pour nos adversaires l'occasion d'une rédemption. On aura forcément plus à perdre qu'eux. Les Bleus ont changé de statut depuis le début de cet Euro 2011. Le ressentez-vous ? Ça ne nous gêne pas. Je pense au contraire que ça peut nous aider. Mais on ne s'occupe pas trop de ce que l'on peut dire de nous. Le regard des gens peut changer. Après, ça ne doit pas nous faire changer notre comportement. Notre garantie, c'est notre attitude, être solidaires. Si nos adversaires sont un peu moins confiants, un peu plus timorés, c'est tant mieux. Etes-vous surpris de voir vos joueurs aussi sereins dans des contextes difficiles ? Surpris, non. C'est une satisfaction. On a de bons joueurs, voire de très grands pour certains, et ils assument simplement leur statut. Le plus important, c'est qu'on arrive à le faire en tant qu'équipe et pas qu'untel ou untel le fasse seul. La caractéristique d'une bonne équipe, c'est de ne pas toujours s'appuyer sur les mêmes. Après, il faut avoir un ou deux leaders qui apportent de la stabilité, à l'image de Tony (Parker). Tant qu'on aura le bonheur de trouver le ou les joueurs capables de nous tirer vers le haut, ça sera un avantage conséquent.