Clijsters: "Je savoure"

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Propos recueillis par KRYSTEL ROCHE , modifié à
C'est une Kim Clijsters forcément heureuse qui a commenté ce samedi en conférence de presse sa victoire sur la Chinoise Na Li en finale de l'Open d'Australie (3-6, 6-3, 6-3). La Belge, qui enchaîne ainsi un deuxième titre du Grand chelem consécutif après l'US Open, a désormais les yeux tournés vers ses prochains objectifs, notamment les JO 2012 à Londres.

C'est une Kim Clijsters forcément heureuse qui a commenté ce samedi en conférence de presse sa victoire sur la Chinoise Na Li en finale de l'Open d'Australie (3-6, 6-3, 6-3). La Belge, qui enchaîne ainsi un deuxième titre du Grand chelem consécutif après l'US Open, a désormais les yeux tournés vers ses prochains objectifs, notamment les JO 2012 à Londres. Gagner un titre du Grand Chelem en dehors de New York, qu'est-ce que cela représente pour vous ? C'est bien ! Alors si je pouvais gagner encore un autre US Open, ce serait cool (sourire)... Mais j'apprécie et je savoure vraiment cette victoire, ici en Australie: un pays où j'ai toujours aimé venir, et où les gens m'ont toujours bien accueillie. Je n'étais pas loin du compte, et ce pendant plusieurs années. Mais cette année, j'ai réussi ! Votre discours a fait mouche, et a beaucoup plu au public... L'aviez-vous préparé ? Non, c'est venu comme ça ! Notamment le «Aussie Kim» ? Oui oui ! En revanche, j'ai oublié de remercier mon docteur, et je me sens super mal après ça... Il m'a tellement aidé... J'ai beaucoup de problèmes d'ampoules. Donc je m'en veux. J'avais envie de revenir et de refaire mon discours, en ne l'oubliant pas cette fois ! En tout cas, rien dans mon discours n'était préparé. Vous aviez les larmes aux yeux après la balle de match. A quel point était-il émouvant pour vous de remporter ce titre, votre quatrième Grand Chelem ? Tous ces titres en Grand Chelem ont été très émouvants. Peut-être que je me suis laissée submerger car c'était tellement intense, jusqu'au dernier point, et d'un coup, c'est fini. J'ai réussi à renverser la situation. Ensuite, c'est un gros soulagement, difficile d'y croire. On vous a rarement vue aussi tendue pendant un match. Symbolisait-il beaucoup plus que d'autres ? Non, je ne dirais pas plus, mais c'était un match si intense... Je ne pense pas avoir déjà vécu ça dans l'un des Grands Chelems où je m'étais imposée. Alors bien sûr, j'ai joué d'autres matches intenses. Ma première finale à Rolan-Garros l'était... Mais l'emporter, de cette façon, pour moi, ça représente beaucoup. Tu as été tellement concentrée, tu t'es battue sur tous les points, tu t'es baissée sur tes jambes tellement de fois pour jouer des balles basses, et d'un coup, c'est fini. Ce qui rend ce moment si sympa, je pense, c'est l'énorme soulagement que tu éprouves après la balle de mach, ça te submerges. Comment y êtes-vous parvenue ? Dans le premier set, elle a tout fait mieux que moi. Ses frappes étaient plus fortes, plus profondes. Elle servait mieux, retournait mieux également. Elle jouait extrêmement bien. Je pense d'ailleurs qu'elle n'a jamais aussi bien joué contre moi. J'essayais de prendre chaque chose en son temps, set par set, je me suis dit après la première manche: "Qu'est-ce que je peux changer ? Je peux peut-être casser un peu son rythme, la faire cogiter un peu plus ?" J'ai essayé de faire un peu de tout ça, j'ai slicé de temps en temps, j'ai fait quelques balles plus hautes, pour la pousser à commettre des fautes directes. "J'aimerais me qualifier pour les JO" Y a-t-il un élément précis que vous ayez remarqué dans son jeu à Sydney et qui a pu vous servir ce soir ? Pas que je me souvienne. Bien sûr, j'ai senti qu'elle avait progressé, qu'elle était plus constante côté coup droit. Son revers a toujours été très solide, et elle a toujours été capable d'ouvrir le jeu côté revers. Il y a quelques temps, le coup droit était son coup faible. Elle a progressé là-dessus. Je l'ai ressenti à Sydney, donc je dirais que c'est peut-être la seule chose qui a changé depuis nos précédentes confrontations. Que s'est-il passé avec votre service ? Beaucoup de filles retournent très bien. Tu as la pression, car tu es dans l'obligation de bien servir. Très souvent, je ne termine pas tout à fait mon geste. Je sais que Na Li retourne très bien. Et elle me mettait beaucoup de pression dès sa première frappe de balle. Avant même d'atterrir, je me disais: "OK. Tiens toi prête pour le prochain coup". Ce n'est pas la bonne attitude. Le mouvement doit être totalement achevé avant de penser à l'impact suivant. J'ai essayé de passer plus de premières balles aux deuxième et au troisième sets. De son côté, elle a commis quelques fautes faciles, ce qui m'a donné confiance, jusqu'à la fin du second et jusqu'à la fin du match ! Cette saison 2011 sera-t-elle votre dernière saison pleine ? On dit que vous souhaitiez disputer les JO l'an prochain, peut-être donner naissance à un deuxième enfant en 2013... Pour revenir sur le circuit en 2015... Je n'ai jamais dit ça (sourire) ! Effectivement, je pense qu'il s'agit certainement de ma dernière saison pleine. J'aimerais aussi essayer de me qualifier pour les JO, auxquels je n'ai jamais participé. Après ça, nous verrons. Lorsque j'ai débuté sur le circuit, j'avais déjà les Jeux en tête. Je savais que je voulais m'accrocher jusqu'à ce que j'y aille. Quand je suis revenue, je ne m'attendais pas à ce que les choses se passent aussi bien, aussi vite. Je pensais que cela prendrait plus de temps, de retrouver ma routine sur les déplacements alors que je voyage désormais avec ma famille. Mais en fait... non ! Les deux premières choses que vous avez pu lire sont certainement vraies, et le fait que je veuille un deuxième bébé, aussi. Mais revenir après ? Ça, ce n'est pas vrai (sourire)... Comment avez-vous expliqué à votre fille Jada ces titres du Grand Chelem ? Comprend-t-elle ce qui arrive ce soir ? Non, ce qui est plutôt une bonne chose. A vrai dire, elle s'en fiche un peu. Elle est toujours toute excitée. Quand elle a vu le trophée, elle était là: "Pour qui est ce trophée ?" Ensuite, elle m'a demandé: "C'est toi qui l'a gagné ?". Elle sait que je joue au tennis, mais ça s'arrête là. Les victoires, les défaites, tout ça, elle ne comprend pas. Bien sûr, quand elle me voit déçue après une défaite, elle me demande pourquoi. Je lui explique que j'ai perdu. Mais sinon, ce n'est pas trop un souci pour elle... "Je serai à l'Open GDF à Paris" Na Li a déclaré avoir eu l'impression de jouer en Belgique... Vraiment ? Elle faisait référence aux supporters. Il y avait beaucoup de soutien de la part du public, mais je pense que c'était assez équitable. Je crois qu'il y a avait beaucoup de Chinois, d'Asiatiques venus ici pour vivre ce moment avec elle. Et j'ai bien senti leur présence. Mais c'était bien. Depuis des années, l'Amérique et l'Europe «règnent» en quelque sorte sur le tennis... C'est bien de voir que l'Asie, la Chine particulièrement, commence elle aussi à être reconnue dans ce sport. Avant votre come-back, vous n'arriviez pas forcément sur les Grands Chelems avec le statut de favorite. Cela a été le cas sur les deux derniers Majeurs, et vous les avez remportés... Les dernières années où j'ai joué, lorsque j'étais n°1 ou top 3, je faisais toujours partie des vainqueurs potentielles. Lorsque j'étais plus jeune, tout ça m'a un peu dépassée. Je me mettais moi-même beaucoup de pression sur les épaules. Maintenant que je suis un peu plus vieille, j'arrive à faire abstraction de la pression dès que je franchis le pas de la porte. Après, je sais à quel point il est difficile de rester «fit» deux semaines durant, de rester concentrée et d'essayer de ne pas avoir un mauvais jour, comme cela m'étais arrivé l'an passé. J'ai bien réussi à me concentrer en me disant: "Sois la meilleure Kim et ne te soucie pas de ton étiquette de favorite. Cela ne va pas te faire mieux jouer ou quoi. Concentre-toi simplement sur ton tennis". Lors de votre discours, vous avez remercié un dentiste de Melbourne qui vous a reçue en urgence après un problème à l'aéroport. Racontez-nous... Voilà ce qui s'est passé: j'étais en train de manger un crackers, rien de particulièrement dur. Juste un gentil petit cracker. Je pense qu'il y avait une sorte de grain de riz pas assez cuit, qui m'a abimé la dent. J'ai senti qu'un bout de ma dent était parti, donc je suis allée chez le dentiste très rapidement. Jouez-vous d'abord pour les titres majeurs ou pour l'amour de la compétition ? J'ai été très concentrée ces deux derniers mois, pour essayer d'être prête pour l'Australie. Maintenant, j'ai juste besoin d'un break. Roland-Garros est un Grand Chelem où j'aimerais bien figurer. Comme dans tous les Grands Chelems, bien sûr. Mais je suis juste excitée d'avoir gagné ce Grand Chelem là aujourd'hui, je ne pense pas encore au reste. J'y penserai sûrement après la Fed Cup, quand je serai chez moi pendant quelques semaines. Je vais disputer l'Open GDF Suez à Paris, après ça, j'aurai certainement un peu de temps pour me poser avec mon équipe et déterminer la suite du programme.